Hommage d’Eugène Rousse à Marcel Baum

Adieu Marcel, un militant exemplaire

10 mars 2009

Comme ’Témoignages’ l’a annoncé hier, Marcel Baum n’est plus. Ses obsèques ont eu lieu hier en présence de sa famille et de nombreux amis.
Terrassé par une crise cardiaque à son domicile de l’Étang-Salé-les Bains, cet ancien instituteur est décédé samedi dernier à l’âge de 71 ans. « Ayant milité à ses côtés dans diverses organisations, je me dois de lui rendre hommage », nous écrit notre ami Eugène Rousse en nous envoyant le texte ci-après, pour lequel nous le remercions, en nous associant à ses condoléances.

Issu d’un milieu modeste, Marcel Baum est né à Saint-Quentin (dans le Nord de la France) le 9 décembre 1937. Au terme de ses études, il exerce la profession d’instituteur en différents points de son département natal. Au bout de quelques années de vie nomade sous un ciel gris, son rêve de servir outre-mer se réalise : en 1970, il obtient un poste à La Réunion.
Affecté pendant un an au Guillaume, puis pendant une autre année à Bras-Mouton (Saint-Leu), il se voit confier en 1972 la direction de l’école de l’Étang-Salé-les-Bains, où il restera ainsi que son épouse, institutrice, jusqu’en 1986.
Deux postes beaucoup plus importants lui seront ensuite successivement proposés : à Sainte-Clotilde d’abord, où il passera deux années ; puis au Port, où il cessera ses activités professionnelles en 1993. À tous ces postes, il laissera le souvenir d’un enseignant compétent et dévoué.

Le militant syndical

Dès son arrivée à La Réunion, Marcel Baum se fait remarquer par son assiduité à toutes les réunions de la section locale du puissant Syndicat national des instituteurs et professeurs d’enseignement général de collège (SNI-PEGC). Il choisit alors de militer au sein de "l’École Réunionnaise", qui regroupe les deux composantes de la minorité syndicale.
S’il fait un tel choix, c’est parce qu’il a conscience que "l’École Réunionnaise", dont le leader est le directeur d’école Raymond Mondon, entend faire du SNI-PEGC un outil non seulement au service des enseignants mais aussi au service de la classe ouvrière. En effet, quelque 30 ans après le vote de la loi du 19 mars 1946 — abolissant le statut colonial de La Réunion —, les droits politiques, économiques, sociaux et culturels du monde du travail sont si peu respectés qu’on est fondé à considérer que notre île présente encore toutes les caractéristiques d’une colonie.
"Colonie", un mot qui est à l’origine d’un conflit quasi-permanent entre la majorité et la minorité syndicale, tant au sein du SNI-PEGC qu’à la Fédération de l’Éducation Nationale (FEN).
En France hexagonale — et pour d’autres raisons —, la tension est si vive au sein de la FEN que celle-ci explose en 1992, entraînant la disparition du SNI-PEGC et la naissance, le 16 décembre 1992, du SNUipp, auquel les militants de "l’École réunionnaise" seront invités à adhérer.
C’est à cette époque que Marcel Baum — devenu depuis 1984 le leader de "l’École réunionnaise" — doit s’employer à créer à La Réunion une section du SNUipp et à appeler ses collègues à adhérer.
Il est bon de rappeler ceci :
• Au tout début des années 1970, le syndicaliste Marcel Baum participe activement au combat visant à exiger l’abrogation de l’ordonnance du 15 octobre 1960, véritable "lettre de cachet", qui fait du fonctionnaire réunionnais un citoyen mineur. Il apporte également son concours aux responsables de diverses organisations qui réclament le strict respect du suffrage universel à La Réunion.
• Au début des années 1980, Marcel Baum accepte la présidence de la Fédération des œuvres laïques (FOL), à un moment où cette organisation est confrontée à des difficultés telles qu’elle est contrainte en 1983 de rendre la "Maison de nos enfants", un joyau de son patrimoine, situé à La Plaine des Palmistes.

Le militant politique

Sur la scène politique réunionnaise, Marcel Baum a joué un rôle qui est loin d’être négligeable.
Le 1er octobre 1972, il est cofondateur (avec notamment Wilfrid Bertile et Christophe Payet) du Parti Socialiste Réunionnais (PSR). Pendant son long séjour à l’Étang-Salé (1972-1986), c’est à son domicile que se tiennent les réunions de travail de ce nouveau parti. Réunions parfois houleuses, qui se prolongent souvent jusqu’à une heure avancée de la nuit.
Malgré le dévouement de ses dirigeants et le soutien qui lui apportent les responsables nationaux du PS, le PSR ne parvient pas à s’implanter véritablement dans l’île. Ceci explique qu’après des années d’hésitation et de longs mois de négociations, il finit par accepter, en 1979, la fusion avec la Fédération des mouvements socialistes et régionalistes (FMSR), dont un des leaders est Jean-Claude Fruteau.
Partisan résolu de cette fusion, qui permet la naissance (dans la douleur) de la Fédération de La Réunion du PS, Marcel Baum devient le trésorier de la nouvelle formation politique, dont il sera pendant plusieurs années le secrétaire de la section de l’Étang-Salé.
Lorsqu’en juillet 1993 sonne, pour le directeur d’école en poste au Port depuis cinq ans, l’heure d’une retraite bien méritée, celui-ci regagne l’Étang-Salé, sa commune d’adoption, et entend se consacrer à l’association "Enfants du Monde", dont le siège est au Port et dont le but est d’aider les enfants de Madagascar à sortir de leur extrême misère. Au poste de secrétaire de cette association, il a œuvré de toutes ses forces jusqu’à son dernier souffle.
Marcel Baum nous a quittés brutalement et prématurément. Il nous laisse le souvenir d’un militant exemplaire, soucieux de servir une île à laquelle il s’est vite attaché. Que son épouse Hélène, son fils Hervé, ses filles Myriam et Cécile, sa petite fille Ombline sachent que nous sommes nombreux à La Réunion à partager leur immense douleur. Adieu Marcel.

Eugène Rousse 


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Messages

  • Adieu, Marcel, adieu, camarade, adieu, collègue !
    Tu restes pour moi, et certainement pour tous ceux et celles qui t’ont connu, l’exemple de ce que doit être l’homme, le modèle de ce que doit être le citoyen, l’illustration de ce qu’est un authentique humaniste.

  • mon pere me manque, tous les jours de ma vie. Mon idole a tout jamais. Mon chum le connait par moi. Il aurait aimer le connaitre et je suis sure que Marcel l’aurait ador. Bisous toi !!


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