Le Port

Alexis Buchle n’est plus

15 septembre 2004

C’est avec une profonde tristesse que la section communiste du Port a appris hier matin la disparition du camarade Alexis Buchle. gé de 60 ans - son anniversaire ne remontait qu’au 17 juillet dernier -, il s’est éteint en fin de nuit, à son domicile, des suites d’une longue maladie.

Nombreuses seront les personnes qui vont, en apprenant la triste nouvelle de la disparition d’Alexis Buchle, se remémorer des séquences du film de sa vie. Une vie tracée tout au long d’un parcours militant, d’abord dans la France hexagonale des années 60 et 70, ensuite de retour dans son pays natal, auquel il était très profondément attaché. gé de 60 ans - son anniversaire ne remontait qu’au 17 juillet dernier -, il s’est éteint en fin de nuit, à son domicile, des suites d’une longue maladie.
Son expérience métropolitaine fut riche et pleine d’enseignements, dont il resta porteur toute sa vie durant. C’est aux P.T.T. - il y fut employé dans plusieurs communes de la région parisienne -, qu’il vécut ses premières luttes syndicales. Membre actif de la C.G.T. - P.T.T., il s’impliqua rapidement dans les combats de l’émigration réunionnaise. Il fut un des responsables de l’U.G.T.R.F. (Union générale des travailleurs réunionnais en France).
Roland Malet, président de l’époque, a gardé de lui le souvenir d’un camarade toujours disponible pour les actions et les démarches que nécessitait la défense des Réunionnais bien souvent victimes de situations d’injustice, mais aussi très motivé pour rechercher et développer les arguments dans la lutte des idées.
Marcel Soubou, qui fut également un dirigeant de l’UGTRF, se rappelle que "comme de nombreux jeunes Réunionnais à la recherche d’un emploi, Alexis tentera l’aventure de l’émigration. Il fera partie de ces contingents qui, dès le début des années 60, gagneront la Métropole pour aller y travailler. En 1963, reçu à un concours de recrutement des PTT, il embarque sur le Galliéni pour rejoindre à Paris son frère, Guy, installé depuis un an. Il est affecté au bureau de Paris 18ème. Très rapidement, Alexis milite au sein de la CGT, du PCF et aux côtés de ses frères et sœurs de La Réunion au sein de l’UGTRF.
Mais, au bout de 5 années, mal acclimaté, refusant les conditions de la vie métropolitaine, Alexis décide d’abandonner Paris et de revenir à La Réunion. Sans emploi, il sera embauché par “Témoignages” puis il passe un concours de commis de commune. Il est embauché par la Mairie du Port, où il embrassera une carrière au sein de la fonction publique territoriale".

Une mission capitale : les listes électorales

En effet, après la victoire électorale de 1971, qui voit Paul Vergès prendre les rênes de la commune du Port, Alexis Buchle revient à La Réunion, et se voit investi d’une mission par la municipalité démocratique. Une mission d’une importance capitale.
Responsable du Bureau électoral du Port, il va nettoyer et remettre aux normes les listes électorales. Il va contrecarrer par sa compétence et sa rigueur les mœurs frauduleuses qui prévalaient. Au fil des années consacrées à cette tâche immense - longtemps à la commune du Port, puis au SIVOMR -, il fera autorité dans ce domaine, donnant d’innombrables conseils, toujours judicieux, à tous ceux qui ne se privaient pas d’avoir recours à son savoir.
Alexis Buchle eut également un engagement d’élu du peuple. Conseiller municipal depuis 1989, il l’était encore au moment de sa disparition. Son rôle au sein de l’équipe municipale portoise a été toujours bien apprécié.
La section communiste du Port retiendra d’Alexis Buchle le souvenir d’un camarade présent, sur toute cette période des années 70 à aujourd’hui, dans les équipes de sa direction. Un camarade qui ne laissait personne indifférent, avec sa fougue, sa volonté de convaincre, son expérience faite des blessures de l’émigration, sa connaissance de l’histoire, de son pays et du monde.
"Alexis est parti en nous laissant une grande leçon de courage et de dignité, dont chacun peut tirer profit. Que sa femme, notre camarade Christiane et sa fille Delphine - si courageuses elles aussi dans le malheur - trouvent ici l’expression de notre affection et de notre soutien. Nous assurons également Philippe son fils, ses deux frères Jean et Guy, ainsi que tous ses proches de notre profonde sympathie", déclare la section communiste du Port.
“Témoignages” s’associe à cet hommage et adresse ses sincères condoléances à la famille d’Alexis Buchle et à toutes les personnes touchées par sa disparition.
L’inhumation aura lieu ce jour à 15 heures au cimetière paysager du Port.


Silence sur la toile....

Il y aura un grand vide sur la toile, maintenant qu’Alexis s’en est allé. On pouvait compter sur lui pour nous transmettre les multiples informations qu’il allait chercher à d’autres sources que celles qui alimentent la pensée unique. On pouvait faire appel à lui si on avait un problème informatique insoluble à nos yeux. Il accourait et ne mesurait pas son temps. Même chose si l’on avait besoin d’une précision juridique, en particulier concernant le code électoral, une de ses passions.
Oh ! parfois, il pouvait passer pour un râleur, un mécontent, un coléreux. C’est qu’il était un révolté qui n’acceptait pas le monde comme il ne va pas. Et le doute le prenait : parviendrons-nous à le changer ce monde dirigé par des forces tellement puissantes ? Cette question le taraudait.
Alexis s’en est allé après avoir combattu la maladie pied à pied. Il en a eu du courage et de la détermination !
Il avait décidé de la vaincre cette sale maladie, il avait cru que la volonté et l’acceptation de traitements longs et douloureux suffiraient. Il voulait gagner, pour sa famille, en particulier pour que sa petite fille ne revive pas ce qu’il avait vécu lui-même, la perte d’un parent dans sa jeunesse. Aussi toutes nos pensées vont-elles à sa famille durement éprouvée et dont nous partageons le chagrin.
Alexis s’en est allé, il nous laisse le souvenir de cette résistance et ce grand vide, pas seulement sur la toile.

Brigitte Croisier

Parti communiste réunionnais PCR

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