Quelques enseignements du combat de Nelson Mandela

Aller au-delà des clivages politiques pour La Réunion

10 décembre 2013, par Céline Tabou

Lors d’une conférence de presse, le sénateur Paul Vergès a mis en avant les responsabilités des « hommes et femmes politiques face à une aggravation de la situation économique et sociale. « Le moment de rupture approche aujourd’hui », aux responsables politiques d’agir et de s’unir pour changer le cours de la situation.

Nelson Mandela a soutenu la lutte armée contre l’apartheid, car c’était la méthode la plus efficace. Au moment où la victoire était acquise, il a appelé à faire taire les armes pour prôner la réconciliation et éviter la guerre civile.

Au moment où le monde rend hommage à Nelson Mandela, Paul Vergès a pointé du doigt les «  grandes déclarations  » de certaines personnalités sur «  l’exemple qu’ils vont suivre, sur la rigueur de Nelson Mandela, car il a tenu à ses convictions et ses principes et n’a jamais cédé  ». «  Ils le célèbrent alors qu’ils ne font pas 18 heures dans les mêmes convictions  », a ironisé Paul Vergès.

Tirer les leçons et avancer

Il fait «  tirer les leçons du passé alors que des échéances arrivent  », a expliqué Paul Vergès, en faisant le lien entre l’Histoire de l’ANC et Nelson Mandela, face à Frederik de Klerk, dernier président blanc de l’Afrique du Sud de 1989 à1994. Ces derniers sont parvenus à trouver une solution politique contre l’apartheid. Dans la réflexion, «  il y a eu un appel à s’entendre même s’ils étaient les pires adversaires  ». A La Réunion, «  il n’y a pas de gens aussi opposés que Mandela et De Klerk  », raison pour laquelle, le sénateur a affirmé qu’il «  faut à tout prix unir les efforts et arriver à un compromis, car c’est une mission indispensable pour conjurer le sort et arriver à quelque chose de miraculeux pour La Réunion  ».

Pour Paul Vergès, « le mérite de Nelson Mandela est d’avoir vu la complexité de la situation et maintenu rigoureusement ses principes et objectifs » . Une position qui se traduit dans l’un de ses discours lorsque ce dernier dit « Prenez vos fusils, vos couteaux, vos pangas (épées) et jetez-les à la mer » . Il s’agit là d’un acte « courageux et extraordinaire » , car les Sud-Africains noirs ont été victimes et la voie qu’a proposé Nelson Mandela, « ce n’est pas la vengeance » a expliqué le cofondateur du PCR.

Ce dernier a mis en exergue «  la préparation idéologique et politique de Nelson Mandela  », qui lui a permis «  d’assumer le passé de tout un peuple  » et «  de créer les conditions pour l’avenir  ». Un postulat qui manque aujourd’hui dans la classe politique actuelle, car « c’est la grande foire aux déclarations, en jouant avec ceux qui ne connaissent pas l’Histoire » . En effet, un consulat d’Afrique du Sud a été créé à La Réunion, « où le consulat n’a eu aucune difficulté à être logé, reçu, mais aussi célébré » , par ceux qui aujourd’hui « font de grandes déclarations de principes » a expliqué Paul Vergès.

Dire la vérité aux Réunionnais

Faisant le parallèle avec la réconciliation faite entre Nelson Mandela et les autorités blanches, Paul Vergès a expliqué qu’aujourd’hui à La Réunion, l’aggravation de la situation économique et sociale appelle à une union pour mettre en place un projet pour l’île. «  On sent dans les attitudes de la population », avec l’augmentation des violences, l’extrême pauvreté, le chômage et la dégradation du tissu économique, qu’ « il y a une réelle instabilité dans la société  ». Les récentes informations sur le budget 2014, l’avenir menacé de la canne à sucre, la diminution des dotations aux collectivités mettent en avant «  une aggravation de la situation économique et sociale, pire que toute celle qu’on a connue jusqu’à aujourd’hui  ».

Face à ce contexte, «  il faut se dire à quel moment il y aura une rupture  », ce qui signifie que «  le système en place sera bloqué et cela se traduira par une explosion sociale ou une implosion sociale ». « On assistera en 2014 à un spectacle amusant, voir triste », car « je vois venir avec évidence le moment crucial de la crise à La Réunion  », a prévenu le sénateur.

Mais pour l’heure, les débats tournent surtout autour des élections, où le discours des politiques est : «  il faut voter pour nous pour pouvoir vous défendre ». « On aurait pu penser qu’ils allaient apporter tous les moyens afin de régler les grands problèmes de La Réunion, mais pas du tout », a expliqué Paul Vergès.

Il y a une «  inconscience  » et «  irresponsabilité  » dans les débats parlementaires, a déploré le sénateur, qui a évoqué « les alliances, les divorces, les retours  » des hommes et femmes politiques de La Réunion.

Ces derniers «  donnent l’impression de suivre une ligne politique », pourtant la confusion règne sur la scène politique réunionnaise, où des unions se forment et se déforment. D’ailleurs «  on inflige aux représentants nationaux de venir arbitrer leurs conflits  ». Se pose alors la question : «  comment le peuple peut se reconnaitre dans des représentants politiques dans trois mois à travers toutes ces opérations ? ». Paul Vergès a réaffirmé la nécessité de « prendre conscience de la situation, de faire face à ses responsabilités et de dire la vérité aux Réunionnais quelque soit le caractère désagréable de cette vérité ».

Céline Tabou

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