Nos peines

Anathalie Daniel nous a quittés

1er juin 2012

Anathalie Piot, épouse de Roger Daniel, est décédée hier matin à son domicile portois après une longue maladie, à l’âge de 94 ans. Notre ami Eugène Rousse nous raconte la vie et l’œuvre de cette fidèle militante communiste réunionnaise. Hier soir, à l’invitation du maire Jean-Yves Langenier, le Conseil municipal du Port lui a rendu hommage par une minute de silence.

Née à Saint-Louis le 1er juin 1918, Anathalie est la sœur d’Hippolyte Piot, élu maire de Saint-Louis le 27 mai 1945, élu également conseiller à l’Assemblée de l’Union française le 10 novembre 1947. Ces mandats électifs, détenus très régulièrement par un petit-fils d’engagés venus de l’Inde, provoquent au sein de la bourgeoisie blanche de Saint-Louis une irritation et une colère dont auront à souffrir tous les proches de la famille Piot.
Après la dissolution arbitraire et illégale le 12 janvier 1949 de la municipalité de Saint-Louis présidée par Hippolyte Piot, suivie le 20 mars 1949 d’un scrutin qui se déroule dans un climat d’extrême violence, la droite s’installe à la mairie de Saint-Louis et se livre à de scandaleuses représailles contre les parents et amis de Piot. Les premières victimes du nouveau maire sont les employés communaux. Ceux-ci sont licenciés par dizaines sans préavis et sans motif. Ceux qui ne sont pas licenciés se voient interdire l’accès à leur lieu de travail.

Départ pour Ivry sur Seine

C’est le cas de Anathalie Piot. Recrutée par le docteur Augustin Hoarau, maire de Saint-Louis de 1930 à 1944, elle est titulaire de son poste en 1949. Ne pouvant pénétrer dans la mairie occupée en permanence par des hommes de sac et de corde, elle se met en congé, espérant un hypothétique assainissement du climat.
Se rendant compte que son attente est vaine, elle se rend fin 1949 à Ivry sur Seine, au Sud de Paris, où elle peut obtenir un poste à la mairie dirigée par Georges Maranne.
Tout naturellement, elle s’adresse au maire de Saint-Louis pour le transport de son dossier à Ivry. Ses demandes réitérées restant sans réponse, c’est Georges Maranne qui se voit dans l’obligation de demander au préfet Paul Demange, premier préfet arrivé dans l’île en août 1947, d’user de son autorité auprès du maire de Saint-Louis et lui expédie son dossier.

Une nouvelle vie

Anathalie Piot obtiendra enfin satisfaction. C’est une nouvelle vie qui commence alors pour elle. Ce qui ne l’empêche pas d’oublier qu’avant son départ de La Réunion, sur ordre du maire de Saint-Louis, elle avait été privée d’eau et d’électricité. C’est sous les quolibets des gros bras émargeant sans doute à la mairie que se faisait son approvisionnement en eau à la fontaine publique.
À Ivry, où elle travaillera pendant 19 ans, elle connaîtra un relatif bonheur. Elle jouit de l’amitié de ses collègues. Elle rencontre très souvent son frère Hippolyte, contraint lui aussi à l’exil. Elle se marie le 31 décembre 1960 à Roger Daniel. Elle ne se résigne toutefois pas à rester loin de son île natale. En 1978, elle obtient un poste à la mairie du Port. Les époux Daniel s’installent alors dans la cité maritime, où ils s’impliquent fortement dans la vie associative et s’attirent l’estime de leurs concitoyens.
Anathalie nous a quittés la veille de son 94ème anniversaire. Nous n’oublierons pas son souvenir. Ses obsèques auront lieu aujourd’hui au Centre funéraire de la Commune Primat. Nous serons nombreux aux côtés de Roger, très sérieusement éprouvé par la longue maladie de son épouse. Nous lui présentons ainsi qu’à tous ses proches nos condoléances attristées.

Eugène Rousse

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