Le témoignage de Roland Robert sur Joseph Quasimodo

’C’est un frère, un grand Réunionnais qui s’en va’

7 janvier 2005

Pour le maire de La Possession, Joseph Quasimodo était plus qu’un militant syndical et politique. Son attachement à ’Quasi’, Roland Robert l’exprime dans un texte que nous publions ici, et qui fait suite au reportage publié hier sur les funérailles de mercredi à la Commune Primat.

(Page 6)

"Quasi n’est plus. C’est avec stupéfaction que j’ai appris la nouvelle lundi soir.
Jeune lycéen, j’ai eu l’occasion dans les années 50 de connaître le responsable de l’Union de la jeunesse créole... Comme j’ai eu l’occasion de le côtoyer plus tard aux fêtes de “Témoignages”, manifestations annuelles qui rassemblaient les amis du journal communiste, les militants et sympathisants du Parti et les nombreux démocrates, qui manifestaient par leur présence leur solidarité avec le combat mené pour l’extension à La Réunion des lois sociales, contre les séquelles du colonialisme, contre la fraude électorale.

"Comme on allait à la fontaine"

Quasi, je l’ai revu aux réunions préparant la mise sur pied du P.C.R.. Militant Cégétiste, combattant des Droits de l’Homme, Joseph Quasimodo, à cette période de notre Histoire, s’est retrouvé normalement au Parti communiste. Il y est allé, comme le disait Pablo Picasso, comme on allait à la fontaine.
Ce parcours ne pouvait que le placer dans les années 60 dans le collimateur du préfet Jean Perreau-Pradier. Aussi, lorsque la répression s’abattit sur lui en 1961 d’abord, lorsqu’il n’arrivait plus à joindre La Réunion à l’issue du congé administratif passé en France, et en 1962 en application de l’ordonnance du 15 octobre 1960, je n’ai pas été surpris. Le pouvoir avait visé juste. Il faisait bien partie des Réunionnais qui gênaient et qu’il fallait combattre.

"Fidèle à ses engagements"

J’ai eu l’occasion, entre “victimes de l’ordonnance”, de le rencontrer souvent par la suite, évidemment... de lui rendre visite à Tours où j’étais toujours accueilli par Suzanne et par lui-même comme l’enfant de la maison. Jeune élu, rentré à La Réunion depuis deux ans, c’est avec émotion que j’ai suivi la grève de la faim à laquelle il a dû avoir recours durant 15 jours en janvier 1972. Finalement il a dû attendre l’abrogation de l’ordonnance par l’Assemblée nationale le 10 octobre 1972 pour pouvoir regagner son pays.
Rentré à La Réunion, Quasi resta fidèle à ses engagements, à son Parti et à son pays.
C’est un frère, un grand Réunionnais qui s’en va. Un exemple pour notre jeunesse."


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