Ouvrant la cérémonie, Patric Boitard, secrétaire de la section PCR du Port, a évoqué les œuvres menées par Paul Vergès au cours des années, tout en rappelant la mémoire de tous les militants, anonymes, partis, après avoir été des militants actifs du PCR.

"Si les idées de Paul Vergès ont eu autant d’ampleur, c’est parce qu’il a eu autour de lui des gens de tous les niveaux, qu’il a su mobiliser". Des décennies plus tard, de nombreux adhérents et militants du PCR sont partis, notamment "au Port et à La Possession, où cette année, nous avons eu à vivre des moments difficiles avec la disparition notamment de personnes ayant par le passé étaient engagés auprès du PCR", a indiqué Patric Boitard.

Ce dernier a ajouté que "nous profitons de cette occasion pour rendre hommage à Paul Vergès, et pour rendre hommage à tous les militants qui ont disparu, comme Herman Tréport, Mme Filain, Edouard Boitard, ce sont des exemples que nous citons là, mais il y a de nombreux autres militants, anonymes, qui ont œuvré dans le fé noir et ont adhéré pleinement aux convictions du Parti et de Paul Vergès".

Pour conclure son propos, le secrétaire de la section PCR du Port a proposé de recueillir la parole des militants zarboutans, qui ont lutté durant des années auprès de Paul Vergès et au sein du Parti Communiste Réunionnais.

Construire un projet réunionnais

A la suite de cette intervention, Elie Hoarau, président du Parti Communiste Réunionnais, a rappelé "les batailles qu’il a mené pour la liberté, l’égalité, le développement économique et social, pour la protection de notre environnement".

"On a rencontré des victoires" a indiqué Elie Hoarau, cependant "il faut toujours mené la bataille pour l’émancipation de l’être humain, car le combat continue. Un combat continue que chacun et chacune peut mener".

Face aux contexte économique et social actuel, Elie Hoarau a d’ailleurs expliqué qu’"il est nécessaire d’avoir un projet réunionnais, le plus consensuel possible, fait par les réunionnais et les réunionnaises pour que Paris ne décide plus pour nous. C’est nous qui décidons de notre sort, c’est nous qui connaissons notre situation, c’est donc à nous de faire ce projet".

Il s’agit d’ailleurs du "combat que l’on mène actuellement à travers une plateforme, pour aller vers un grand projet réunionnais, que l’on va proposer à Paris. C’est là notre combat collectif".

"Qu’est ce qu’on veut faire ? Comment on veut faire ?"

Élie Hoarau a aussi assuré que "nous allons continuer le combat. Et si on est fidèle à l’esprit de Paul Vergès, on doit continuer la lutte, alors aujourd’hui on lui adresse un message qui dit ’Camarade Paul, le combat continue, compte sur nous pour mener ces batailles’".

De son côté, Françoise Vergès a assuré que "cette terre est à nous, qu’est ce qu’on veut faire avec cette terre ? C’est à nous de décider". La chercheuse a expliqué que La Réunion "est dans une situation vraiment problématique, tout comme la région océan Indien, où il y a la militarisation, la situation en France et en Europe n’est pas mieux, il faut que notre voix, notre voix réunionnaise" s’élève.

"Qu’est ce qu’on veut faire ? Comment on veut faire ?" a posé Françoise Vergès, car "La Réunion ce n’est pas la France. La Réunion, c’est une île dans l’océan Indien, on a fait venir des gens de Madagascar, du Mozambique, d’Inde, de Chine, de partout et on les a mit ici, et on a créé le peuple réunionnais. C’est ce peuple là qui doit parler aujourd’hui".

2025 : centenaire de la naissance de Paul Vergès

Cette dernière a souligné que l’année 2025 sera le centenaire de la naissance de Paul Vergès, un évènement évoqué par le maire de Sainte-Suzanne, Maurice Gironcel, qui a souligné que la Marche pour le climat, qui a lieu tous les ans, depuis 2018, est un hommage à Paul Vergès. Cet évènement se déroule d’ailleurs au alentour du 5 mars, jour de naissance de Paul Vergès. Un moyen de commémorer celui a créé l’ONERC et a durant toute sa vie alerté du danger des changements climatiques.

L’an prochain, le 2 mars 2025, "nous allons lui rendre un hommage beaucoup plus important". En effet, "lors de la première édition, le 8 mars, nous étions 300 pas plus. Cette année, nous étions 7000. L’année prochaine l’objectif c’est 10 000", a expliqué le président de la Cinor et Maire de Sainte-Suzanne, Maurice Gironcel.

"On va continuer le combat de Paul Vergès sur les effets du réchauffement climatique", a assuré ce dernier, évoquant le projet éco-culturel qui sera mené dans l’ancienne usine de Quartier français. A Quartier Français, car "Paul Vergès, quand il est revenu à La Réunion, a mené un de ces premiers combat, avec Bruny Payet. Où ils ont rassemblé les usiniers, les planteurs, les travailleurs de l’usine, les travailleurs des champs, rassembler tout le monde pour arracher" des droits face aux banques et aux grandes sociétés.

Une réflexion réunionnaise

A l’occasion de cette cérémonie d’hommage, Jean-Yves Langenier, conseiller départemental communiste a évoqué le travail mené par l’ancien maire dans la ville du Port. "Si on est là, c’est pour rendre hommage à un géant de l’histoire de La Réunion et du Port. Car Paul Vergès c’est quelqu’un qui avait une vision, une réflexion qui a permit de développer des idées qui a alimenté La Réunion et la commune, dans la deuxième partie du XXème siècle", a introduit son allocution Jean-Yves Langenier.

Paul Vergès "a joué un rôle majeur dans l’histoire de La Réunion, il n’y a probablement pas l’équivalent de ce que Paul Vergès a accompli" aujourd’hui à La Réunion, a assuré l’ancien maire du Port. Paul Vergès, ce grand homme a d’ailleurs marqué la ville du Port, et notamment le cimetière paysager, qui a été "rêvé par Paul Vergès". En effet, un cimetière "conçu et voulu par Paul Vergès" car "il voulait que ceux qui dorment ici soient à l’ombre", a expliqué Raymond Lauret.

De son côté, Ary Yee Chong Tchi Kan a évoqué l’organisation de la première édition de la Conférence mondiale sur les civilisations classiques, qui a accueilli des participants venus des quatre coins du monde pour engager des discussions approfondies sur des sujets liés aux civilisations classiques.

"Il est clair qui si on avait mené à bout le travail de la Maison des Civilisation et de l’Unité Réunionnaise (MCUR), si ils n’avaient pas casé ce projet, alors on aurait témoigné à la Première conférence mondiale sur les civilisations de la voix réunionnaise". Un témoignages qui aurait donné "une perspective d’avenir à l’échelle du monde, où on a notre place", a assuré Ary Yee Chong Tchi Kan.

La cérémonie s’est clôturée par le dépôt d’une gerbe du Parti Communiste Réunionnais sur la tombe de Laurence et Paul Vergès.