Daniel Honoré : domin lo bouton va pèt an flèr !

22 octobre 2018, par Paul Dennemont

Daniel Honoré s’en est allé. Beaucoup de choses ont été dites et écrites à son sujet. Je ne voulais pas en rajouter. Cependant, il m’est difficile de ne pas me rappeler et d’évoquer ces années 70, où Daniel Honoré animait avec Gilbert Ramin, frère de notre camarade Julien récemment disparu, et d’autres militants, la Section PCR de Saint-Benoit.

Résidant au Cité Labourdonnais, à cette époque, je me souviens parfaitement de ces années où Gilbert Ramin, facteur de la localité, glissait chaque jour Témoignages, dans ma boite aux lettres. A quelques pas de la Cité, se situait la Cour Volyat.

Louis Volyat, employé de l’Equipeement était une figure emblématique du PCR, à Saint-Benoit. Sa maison située au 3, Rue Saint-Philippe, aujourd’hui Rue L. Duchemann, servait à la fois de siège de la CGTR, dirigé par Gilbert Ramin et de permanence du PCR. C’est dans cette cour que se déroulaient la plupart des meetings du PCR, au son du maloya de la troupe Lélé, et les célébrations du 20 décembre que je ne ratais pas. Daniel était, à cette époque de violence et de répression, le leader incontesté du PCR de la cité bénédictine.

Dés 1971, Daniel Honoré s’était investi en participant activement aux côtés de Bruny Payet qui conduisait la liste communiste aux municipales. Tout comme en 73, lors des législatives où le PCR avait soutenu Wilfried Bertile, avec pour suppléant Bruny Payet. En 1974, également, lors de la venue à la Réunion de Christophe Mittérand. Les anciens se souviennent encore de cette réunion à Bras-Canot, chez la famille Vitry.

Candidat du PCR à Saint-Benoit, aux cantonales de mars 1976, puis aux municipales de mars 1977, Daniel Honoré va s’éloigner de la vie politique-pour se consacrer à la littérature - après avoir participé activement à la campagne des législatives de 1978 où le PCR avait pour candidat Bruny Payet. Mais il restera fidèle jusqu’à la fin, à ses principes et à ses camarades de lutte, comme l’a rappelé Jean-François Sam-Long, à l’occasion de la cérémonie qui s’est déroulée à Primat, ce samedi.

On ne l’a pas dit, Daniel Honoré était un excellent orateur, et avait l’art de faire vibrer les foules lors des meetings électoraux, avec ses mots, ses expressions. Il y a de cela 40 ans, et je me souviens comme si c’était hier, de cette réunion chez Ah-Fane, à proximité de la piscine, la veille de l’élection municipale de mars 1977. Daniel s’adressait à la foule quand une fine pluie est venue arroser l’assistance, et l’orateur de lancer à son public « Marmay, zot i wa, a swar, la pli i tomb, roz lé an bouton, ébin domin, lo bouton va pèt an flèr ». Pas besoin de faire un dessin, pour comprendre ce qu’avait voulu insinuer Daniel, à travers ces propos.

Je m’arrête là, et suis persuadé que parmi toutes les graines que Daniel a semées au long de sa vie militante, « bonpé lé zordi an bouton, é domin lo bouton va pét an flèr ». Adyé Danyél.

Paul Dennemont

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