Décès du sculpteur Gilbert Clain : hommage d’Ericka Bareigts

22 avril 2021

Gilbert Clain est né dans un autre monde, une Réunion qui aujourd’hui n’existe plus, ce fameux « tan lontan » dont on entend si souvent parler… Un éden ? Pas du tout ! Au début des années 1940, lorsque naît Gilbert Clain dans le sud de l’île, le pays est en guerre. C’est un monde rude, dur, un monde qui s’affronte à force de courage et de sueur. C’est ce monde que porte Gilbert Clain, autodidacte assumé, qui a choisi d’habiter (comme les Marrons avant lui), un autre monde encore : celui des îlets. La Rivière Saint-Louis, Saint-Denis, îlet Furcy… Gilbert Clain a traversé le temps et les espaces, faisant sur le tard de son bagage patrimonial un art à part entière : tailleur de pierre, comme ses ancêtres. Mais si avant lui, ici, tailler la pierre avait une fonction pratique, et signifiait construire des cases, Gilbert Clain donne à la pratique de ses aïeux un autre sens.
Poétique.

De sa première pierre ramassée au creux des eaux du Bas de la Rivière à Saint-Denis, à ses pièces de tamarinier ou de basalte, Gilbert Clain a toujours su créer une harmonie entre la dureté de la matière et la légèreté des formes. Il est dit de lui qu’il pratiquait – jusqu’à plus de 70 ans ! – un art brut… Un art naïf aussi…
Gilbert Clain a remonté la vie à contre-courant, habitant les îlets lorsque tous allaient s’installer dans les villes, quittant un métier pour entrer en compagnonnage, lorsque tous cherchaient un métier rentable. Non, ni brute ni naïve, sa pratique était marronne.
Hommage à lui, à son métier, aux savoir-faire qui lui ont été laissés, et aux legs qu’il nous transmet à son tour à travers l’île.
Un courant d’ici, créé ici, avec des matériaux d’ici. Gilbert Clain, qui a essaimé ses œuvres sur toute l’île, est aujourd’hui visible partout.
Hommage à lui, à son métier, aux savoir-faire qui lui ont été laissés, et aux legs qu’il nous laisse à travers l’île.

Ericka Bareigts

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