En mémoire...

... des victimes de l’accident de la route du 28 mars 1967

29 mars 2007

Stèle en mémoire des victimes de l’accident de la route du 28 mars 1967.
(photo Antoine)

Le car par les hauts (RD13) prend des passagers de Trois-Bassins pour la destination Saint-Leu, puis Saint-Pierre. Sur le trajet, à un moment, l’autobus glisse lentement dans la Ravine des poux à Saint-Leu, le 28 mars 1967. Le car est plein comme un œuf. Conséquences : « 29 personnes » ont été tuées dont 8 écoliers. On dénombre 31 blessés.

Le plus grave accident de la route

Cet accident est, « à ce jour, le plus dramatique » de la route dans l’île. Pour la dernière fois, des enfants allaient voir leurs parents et vice-versa. Des enfants ne connaissent pas leurs pères, car ce jour-là, ils étaient encore dans le ventre de leur mère. Ils ont grandi depuis, et hier matin, à Saint-Leu, ils étaient présents pour honorer la mémoire des disparus.

Des rescapés, des morts

« Les victimes de l’accident du 28 mars 1967 » et la Mairie de Saint-Leu sont à l’origine de cet hommage. Le porte-parole de l’association est Simone Yee Chong Tchi Kan, une des rescapés, comme son frère Ary. Sur le lieu de l’accident a eu lieu un recueillement. Puis des fleurs ont été déposées au pied de la stèle en souvenir de ces victimes de la route.

Hier aussi, pour la première fois, se rencontraient les enfants des victimes et les rescapés autour d’une messe avec des témoignages de proches.
Simone Yee Chong Tchi Kan nous explique les circonstances de ce fait ci-après.

Que s’est-il passé ce jours-là ?
- Je me rendais au Collège Piton Saint-Leu situé à 15 kilomètres de notre domicile en car, venant de Trois-Bassins. Il semblerait que le car ait croisé une camionnette, selon les archives. Cette camionnette, personne ne l’a vue. Elle reste un mystère. La route est étroite. Le bus s’arrête et se glisse lentement dans la Ravine des poux. Ma tête heurte quelque chose. Je m’effondre, pour me réveiller un peu plus tard. J’entends des cris. Je ne sais pas comment je me suis retrouvée sur la route. Je tente de partir, mais des personnes m’interceptent. Une ambulance me conduit à l’hôpital de Saint-Pierre. Sous mes yeux, décède une de mes amies. Après cet accident, chacun d’entre nous a mené sa vie. Dans la rue, nous nous disons bonjour. Rien de plus. Ce n’est qu’en 2005 que j’ai entamé des recherches sur ce fait. J’étais insatisfaite. Avec d’autres personnes, nous avons décidé d’enquêter.

Un terrible accident au vu de ce que vous venez de nous raconter. Nous avons des leçons à en tirer ?
- Cette question, je l’ai posée aux victimes. Je remarque, 40 ans après, que cette même route, même si elle a été bitumée, reste dangereuse. D’un côté, une paroi fragile, et de l’autre côté, le ravin. Le croisement entre 2 voitures y est difficile. Cette histoire est peu connue du public. La faire connaître est essentiel pour ne pas répéter les erreurs passées.

Ce drame, vous l’avez porté devant des tribunaux ?
- Je ne sais pas. J’étais très jeune à l’époque. Que s’est-il passé exactement, je ne sais pas ? Une enquête a-t-elle était ouverte, je ne sais pas ? Aujourd’hui, les familles veulent que toute la lumière soit faite sur ce drame.

J.-F. N.


Gilbert Aubry...

... Evêque de La Réunion, absent de la cérémonie, a tenu tout de même à adresser aux familles un message. « Au moment où vous vous réunissez pour commémorer l’accident du 28 mars 1967 au lieu-dit “Ravine des poux” sur le CD 13, je viens vous dire que je suis de tout cœur avec vous par la pensée et par la prière. Tout d’abord, laissez-moi vous féliciter pour votre initiative, qui permet de se souvenir des disparus, de les inscrire aujourd’hui dans notre vie, de rapprocher les familles et d’attirer l’attention de tous les responsables pour que de pareils accidents ne se renouvellent plus ».

Discours de Simone Yee Chong Tchi Kan ...

... du Comité “Les victimes de l’accident du 28 mars 1967” aux victimes de l’accident devant la stèle en leur souvenir. « C’est la mémoire qui nous rassemble. Elle nous rassemble ce matin (hier matin) » pour plusieurs raisons : « Nous nous souvenons de ce tragique accident qui a endeuillé notre île en 1967. Nous nous souvenons de tous ceux et de toutes celles qui ont perdu la vie dans cette tragédie, tout comme les rescapés confrontés aux conséquences souvent douloureuses, des traumatismes, des handicaps physiques et qui restent à jamais marqués dans leur chaire par ce drame atroce. Nous nous souvenons de la souffrance des familles, et des amis des victimes, frappés de plein fouet par les conséquences physiques, psychologiques et économiques des décès. Souvenons-nous. ».

J.-F. N.


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