Lorsque Laurence s’installe à La Réunion en 1954, "Témoignages", qui célèbre ses dix ans, a pour directeur le docteur Raymond Vergès. Protégé par l’immunité parlementaire, le député de La Réunion doit s’adjoindre obligatoirement un co-directeur. Ce poste est occupé successivement par Alice Pévérelly et Bruny Payet, tous deux lourdement condamnés pour délit de presse et dépossédés de tous leurs biens en 1955 et 1956.
Le docteur Vergès, qui n’est alors plus protégé par l’immunité, est lui-même condamné le 4 juin 1957, toujours pour délit de presse, un mois avant son décès et son remplacement par Paul Vergès.
Un concours précieux
C’est à cette époque que Laurence, qui est déjà responsable d’une librairie à la rue Jules Auber à Saint-Denis, accepte d’apporter son concours à "Témoignages", un concours ô combien précieux.
La composition des textes se fait alors à l’aide de lettres mobiles, constituées d’un alliage de plomb, d’antimoine et d’étain. Ce n’est qu’en 1958 que le journal se dote de deux linotypes, dont l’utilisation, moins pénible que les lettres mobiles, exige toutefois dextérité et patience.
Tous les employés de "Témoignages" travaillent dans des sortes de hangars, à l’intérieur desquels la température devait assurément dépasser les 40 degrés en été. Il a fallu attendre la fin des années 60 pour qu’une partie de l’équipe, composée notamment de Laurence, dispose à l’étage d’un local en dur, à proximité immédiate des locaux surchauffés toujours en service au fond d’une cour située au n°76 de la rue Maréchal Leclerc à Saint-Denis.
45 saisies arbitraires
C’est dans cette petite cour que des policiers feront irruption 45 fois pour procéder à la saisie de "Témoignages", de 1961 à 1966 ; en présence le plus souvent de Laurence. Des saisies absolument arbitraires, condamnées par le Conseil d’État le 1er décembre 1965.
Toutes ces saisies s’accompagnent d’interminables procès intentés à Paul Vergès, en sa qualité de directeur de "Témoignages". Un de ces procès devait conduire à son arrestation le lundi 16 mars 1964.
28 mois de soucis permanents
Ayant exposé dès le 17 mars au procureur les raisons pour lesquelles il ne se laissera pas arrêter, Paul Vergès est alors placé — ainsi que Laurence — sous la surveillance quasi-permanente de la police. C’est pour se soustraire à cette surveillance qu’il rejoint une clandestinité, qui durera 28 mois.
Ce seront 28 mois de soucis permanents pour Laurence et ses 4 enfants. Pour avoir aidé Laurent à préparer son examen d’entrée en classe de 6ème en 1966, je peux affirmer que l’absence de son père l’a très fortement affecté, tout comme les autres membres de la famille, qui se sont tous retrouvés avec beaucoup de dignité autour de leur père et époux lorsque ce dernier s’est présenté au procureur de la République à Saint-Denis le 28 juillet 1966.
Une des plus dures épreuves
Tout en consacrant beaucoup de son temps à l’éducation de ses enfants, Laurence a conservé son poste à "Témoignages", dont le siège s’est déplacé en divers points de la ville de Saint-Denis, de 1978 à 1998. "Témoignages", qui a été complètement informatisé en octobre 1988, juste au moment où son principal animateur, Laurent Vergès, trouvait la mort à 33 ans sur la route du Littoral.
Cette brutale disparition fut sans nul doute pour Laurence une des plus dures épreuves qu’elle ait eues à subir. Ce qui ne l’a pas empêchée de collaborer activement à "Témoignages", tant à Saint-Denis qu’au Port, où le siège du journal fondé le 5 mai 1944 par le Dr Raymond Vergès s’est fixé en septembre 1999.
Adieu Laurence
Voilà bien incomplètement évoqué ce qu’il convient de retenir du demi-siècle que Laurence a consacré à "Témoignages".
Laurence, qui a su mener de front vie privée, vie professionnelle et vie militante, a fortement marqué l’histoire de notre île. Elle a droit à la gratitude de tous les Réunionnais. Son souvenir vivra longtemps dans le cœur de ses compatriotes.
Adieu Laurence.
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