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4 juillet, parMézami, mon bann dalon, si in zour in listorien i désside rakonte anou bien konm k’i fo listoir La Rényon, mwin lé sirésèrtin li va parl anou (…)
Nos peines : disparition d’un grand patriote réunionnais
16 juin 2006
Après avoir lutté courageusement pendant de longs mois contre un mal dont nous savions tous qu’il finirait par le terrasser, Arzule Guichard s’est éteint hier matin à l’hôpital de Saint-Pierre, entouré de sa proche famille.
’À l’heure de l’ultime adieu, au nom de tous ceux qui ont combattu à ses côtés au cours de plus d’un demi-siècle, je veux rendre hommage au dévoué militant qu’a été Arzule Guichard’, écrit notre ami Eugène Rousse en rappelant la vie et l’œuvre de ce ’militant de l’École publique gratuite et laïque, militant syndical, militant politique dont la constante fidélité à ses engagements constitue un puissant stimulant pour ceux à qui il a passé le relais’. “Témoignages”, qui doit beaucoup à Arzule Guichard, s’associe à cet hommage et adresse ses condoléances à toute la famille du défunt et à toutes les personnes touchées par ce décès.
Fils d’un petit fonctionnaire de la colonie, Arzule Guichard est né à Saint-Paul le 20 juin 1921. Après l’obtention du Brevet élémentaire au cours complémentaire du Bois de Nèfles, il entre au lycée Leconte de Lisle, fréquenté alors notamment par Raymond Barre, Paul et Jacques Vergès, Bruny Payet... Il consacre ses loisirs à la radioélectricité, à laquelle l’initie le prince Vinh-San, empereur d’Annam en exil dans l’île.
À l’arrivée à La Réunion des Forces françaises libres (FFL) le 28 novembre 1942 - arrivée qui entraîne le ralliement de notre île à la France libre -, il s’engage dans la Marine nationale et quitte l’île le 11 décembre 1942 sur le contre-torpilleur le “Léopard”, où il occupe un poste de radionavigant. Il est sur ce bateau lorsque faisant route vers le port égyptien d’Alexandrie, celui-ci sombre sur les côtes libyennes, à la hauteur de Benghazi, le 27 mai 1943.
Sérieusement blessé lors de cet accident, le résistant réunionnais rejoint le Liban à bord de l’aviso-escorteur “Commandant Marc Dominé”. Après des soins reçus à Beyrouth, il participe à des opérations militaires en Méditerranée ; opérations qui s’achèvent avec le débarquement en Provence le 15 août 1944.
De Madagascar et Sainte-Marie...
Un an plus tard, Arzule Guichard est de retour à La Réunion, où il se marie avant de rejoindre Diégo-Suarez en compagnie de son épouse. Dans ce port situé à l’extrémité Nord de la Grande Ile, il est affecté à l’aéronautique civile. Il y rencontre Francis Sautron, un Réunionnais en poste à la direction du Commissariat à la Marine. (1) Les deux hommes se lient d’amitié et, en dépit des menaces de répression, ils dénoncent inlassablement la grande misère des travailleurs malgaches, dont ils se chargent de la formation syndicale.
Après trois années passées à Diégo-Suarez, Arzule est muté à l’aéroport d’Arivanimamo, à une cinquantaine de kilomètres d’Antananarivo.
L’année 1953 marque le début de la carrière d’Arzule Guichard dans l’enseignement à La Réunion. Nommé à Sainte-Marie, il s’intéresse vivement aux débats pédagogiques animés notamment par Marcel Le Guen, un des premiers instituteurs métropolitains à venir servir à La Réunion après le vote de la loi du 19 mars 1946, érigeant les quatre “vieilles colonies” en départements. Ces débats le conduisent à penser que l’apprentissage du français passe obligatoirement par une valorisation de l’expression créole. Il est également persuadé que le recours aux techniques mises au point à cette époque par les instituteurs varois Élise et Célestin Freinet est indispensable pour un "apprentissage simultané de la langue créole et de la langue française".
...à La Plaine des Cafres...
Aussi Arzule Guichard accepte-t-il, non sans enthousiasme, de quitter Sainte-Marie pour La Plaine des Cafres, où Marcel Le Guen projette d’utiliser la “pédagogie Freinet” dans les cinq classes de l’école qu’il dirige à la rentrée de septembre 1958. Mais l’ouverture de “l’École nouvelle” de La Plaine des Cafres - où le texte libre occupe une large place, où l’élève est autorisé à s’exprimer dans sa langue de tous les jours et étudie à son rythme - est considérée par le maire conservateur du Tampon comme une provocation. Cela d’autant plus que deux des instituteurs qui y enseignent sont des progressistes notoires.
Afin de se débarrass er de ces derniers qui, selon lui, ne peuvent que travailler au largage de La Réunion par la France, le maire décide de monter une opération d’intimidation. Accompagné de gros bras qu’il a l’habitude de recruter en période électorale, il vient tenir le 21 septembre 1958 une réunion dans l’enceinte de l’école dirigée par Le Guen. Cette réunion illégale est suivie une semaine plus tard d’une opération commando au cours de laquelle les deux enseignants suspectés de “séparatisme” sont lâchement agressés.
Devant la détermination du maire et en raison du climat d’insécurité délibérément créé, Marcel Le Guen et Arzule Guichard demandent et obtiennent leur départ de La Plaine des Cafres. Ils sont affectés respectivement aux Avirons et à Saint-Denis.
...puis à Saint-Denis
À Saint-Denis, à l’école des Camélias dirigée par l’ancien député communiste Raymond Mondon, Arzule Guichard peut compter sur les précieux conseils de son directeur et l’exceptionnelle cohésion de l’équipe pédagogique. Ce qui lui permet de continuer, dans de bonnes conditions, le travail entrepris à Sainte-Marie.
À Saint-Denis, comme à Sainte-Marie, ses activités péri et extra-scolaires occupent la quasi totalité de ses loisirs. Conscient de l’importance de la pratique du sport dans l’épanouissement de ses jeunes compatriotes, Arzule Guichard éprouve le besoin d’encadrer des sociétés sportives tant civiles que scolaires.
C’est tout naturellement qu’il adhère à la Fédération des œuvres laïques (FOL), présidée alors par l’instituteur saint-andréen Ary Payet. Au sein de cette organisation menacée d’asphyxie financière par la Préfecture, surtout pendant toute la décennie 1960, Arzule Guichard abat un travail considérable, en participant notamment au fonctionnement des colonies de vacances, aux réunions du Conseil d’administration de la FOL, à la rédaction du journal “Autour de l’École”...
Après le vote des lois anti-laïques du 31 décembre 1959, Arzule Guichard joue un rôle très actif dans l’organisation de la campagne nationale de signatures de pétitions visant à obtenir l’abrogation de ces lois qui privent l’École de la République de crédits importants. Comme les 11 millions de signataires de la pétition, il demande que "l’argent de tous aille à l’école ouverte à tous".
De l’éducateur et du syndicaliste...
Lorsqu’en 1965 la FOL est chassée du local qu’elle occupait dans l’immeuble abritant le vice-rectorat, ses bureaux fonctionnent dans une annexe de la maison d’Arzule Guichard, après avoir été installés d’abord dans une dépendance du cinéma “Rio”, propriété du militant communiste Mario Hoarau, puis dans un dépôt de la librairie “la Frégate” gérée par le dirigeant communiste Jean-Baptiste Ponama, arbitrairement privé de son poste d’enseignant, en application de l’odieuse ordonnance du 15 octobre 1960.
Arzule Guichard a milité également au Syndicat national des instituteurs (SNI) aux côtés de Raymond Mondon, dont il a été sans doute un des plus fidèles collaborateurs. C’est d’ailleurs dans ses bras que le directeur d’école des Camélias a agonisé le 6 août 1972 lors d’une fête scolaire.
Assidu aux réunions du Conseil syndical et aux assemblées générales du SNI, Arzule Guichard ne manque jamais de donner son avis sur les innombrables et délicats problèmes auxquels est confronté son syndicat à cette époque.
Afin d’assurer la diffusion de ses idées et celles du courant de pensée auquel il adhère, Arzule Guichard est cofondateur de la revue “École réunionnaise”, dont le 1er numéro paraît en septembre 1970. C’est chez lui que le comité de rédaction de la revue se réunit une fois par mois. C’est également chez lui que se tient tous les jeudis, de 9 heures à 16 heures, une permanence ouverte à tous les syndiqués.
...au militant politique
Soucieux de combattre toutes les injustices et désireux de changer profondément la société réunionnaise fortement marquée par près de trois cents ans de régime colonial, Arzule Guichard ne peut rester absent de la scène politique et c’est au PCR qu’il choisit de militer.
À une époque où de graves événements marquent la vie de notre île, il est de tous les combats visant à exiger que soient respectées les libertés ainsi que la dignité de ses compatriotes. Il porte les couleurs de son parti à l’occasion de multiples consultations électorales, notamment lors des municipales de mars 1965 et mars 1971 à Saint-Denis et lors des cantonales de mars 1970 (2ème canton de Saint-Denis).
Sa vaste cour de Saint-Denis et celle de La Plaine des Cafres ont servi de lieux de réunions électorales du PCR pendant 40 années.
Si la vie militante d’Arzule Guichard lui a valu l’estime d’une large fraction de la société réunionnaise, elle devait indubitablement le placer dans le collimateur d’un pouvoir qui rêvait d’un retour au “bon vieux temps” de l’époque coloniale, où tout se réglait à l’hôtel de la Compagnie des Indes à Saint-Denis.
Privé arbitrairement en 1975 d’un poste auquel il a droit, Arzule Guichard fait le choix d’une cessation anticipée de ses activités professionnelles. Il se retire alors à La Plaine des Cafres, qu’il est obligé de quitter 25 ans plus tard en raison de son état de santé.
Mon propos serait bien incomplet si je ne disais qu’Arzule Guichard n’aurait pu avoir une vie publique aussi riche sans le précieux soutien de son épouse, sans le réconfort que lui ont constamment apporté ses six enfants. Qu’ils sachent tous qu’ils ont droit à notre gratitude et que l’épreuve qu’ils vivent aujourd’hui est aussi la nôtre.
Comment ne pas ajouter que le temps n’effacera pas le souvenir du combat qu’Arzule Guichard a mené sur tous les fronts ? Le sillon qu’il a creusé avec tant de courage permet d’espérer une belle moisson. Aussi a-t-il droit à la reconnaissance de tous.
Eugène Rousse
o Les obsèques religieuses d’Arzule Guichard seront célébrées aujourd’hui à 13 heures 30 à l’église Saint-Jacques de Saint-Denis et l’inhumation aura lieu au Cimetière de l’Est vers 14 heures 30.
(1) Décédé à Saint-Denis le 22 octobre 2003, Francis Sautron devait devenir le 27 janvier 1957 le premier maire élu de Diégo-Suarez.
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