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Au revoir l’artiste
8 juillet 2008
La triste nouvelle est tombée le jeudi 19 juin 2008. Aux environs de 18h00 (heure des Comores). Ibrahim Saindou Bacar Nomane nous a quitté à l’âge de 55 ans. Il est mort à l’hôpital de Hombo - Mutsamudu. Son hôpital. C’est un coup dur pour toute la communauté ouanienne et tous ceux qui l’ont connu même s’il fallait s’y attendre compte tenu de son état de santé ; c’est surtout une grosse perte pour Ouani, ses ville et région natales... Anjouan... et les Comores, sa patrie. Ibrahim, en dépit de sa modestie, a en effet, beaucoup contribué au développement de notre pays et à l’épanouissement de sa ville natale dans différents domaines à sa façon.
Féru et mordu de musique
Né en 1953, tout jeune il devient « féru et mordu de musique » selon un de ses amis, Abdallah Elhad. En 1969, il fait partie des membres fondateurs du groupe musical "les boutons noirs" et en devient le soliste. Dès 1970, les "boutons noirs" intègrent le groupe joujou d’Ouani. Depuis, Ibrahim, n’a plus quitté sa guitare et son orchestre, excepté pendant ses années d’études supérieures en Algérie. D’aucuns affirment même qu’avec Raslane Abdou Zoubert, il a été le meilleur soliste du groupe musical.
Mais, c’est de 1975 à 1977 qu’Ibrahim joue un rôle considérable dans la promotion et l’émancipation de la musique et de la chanson comorienne. En effet, à cette période (sous le règne du Mongozi Ali Soilihi), il devient aussi un des grands auteurs compositeurs du groupe joujou d’Ouani et participe à son apogée et à sa transformation en joujou des Comores. Il a composé certaines chansons célèbres interprétées par notre diva nationale, Madame Foudhoiyila (...). C’est dans un style afro-malgache, et indo-arabe qu’il avait choisi de rythmer ses mélodies. Il a aussi facilité l’intégration et l’encadrement des jeunes dans le groupe en leur apprenant à jouer à divers instruments musicaux (guitare, synthétiseur, solfège...)
Un poète de la révolution comorienne
Mais l’analyse des créations ou compositions d’Ibrahim fait apparaître qu’il est, de surcroît, ce que Daniel Ahmed dit Café, un des spécialistes de la littérature orale aux Comores appelle « un poète de la révolution comorienne ». En effet dans les années 1975-1978 s’est développée aux Comores une poésie révolutionnaire contre le système féodal et aristocratique. Les thèmes abordés dans cette poésie généralement écrite en comorien sont les principes fondamentaux de la révolution Soilihiste. Parmi ses auteurs l’on peut citer entre autres Abou Chihabi, Ali Ben Ali, Dhoiffir Abdérémane, Raslane Abdou Zoubert et Ibrahim Saïndou. En effet comme l’a bien démontré Daniel Ahmed, l’on retrouve dans les œuvres d’Ibrahim Saïndou les thèmes du soilihisme : la révolution, l’unité et la nation des Comores, le travail manuel....
Il concilie à la fois rigueur de forme et sensibilité et fait recours à un langage fluide dans sa poésie.
Le premier comorien chirurgien dentiste à Anjouan
En 1977, Ibrahim quitte les Comores à destination de l’Algérie pour se former en chirurgie dentaire. De retour dans son pays natal dans les années 80, il retrouve sa guitare et son joujou des Comores. Mais, il devient aussi le premier comorien dentiste à Anjouan. Il a passé toute sa vie professionnelle à l’hôpital de hombo - Mutsamudu auquel il était tant attaché. Son souci primordial était d’améliorer la situation sanitaire de cet établissement et d’aider ses patients. Ceux qui l’ont vu lors de son évacuation sanitaire à l’île de la Réunion en 2003 se rappellent que, allongé sur son lit d’hôpital, au lieu de se préoccuper de son état de santé critique, il attendait impatiemment le passage de ses médecins traitant pour solliciter de l’aide matérielle en faveur de l’hôpital de Hombo. D’ailleurs, il avait pu obtenir quelques équipements qu’il avait mis à la disposition de celui-ci.
Ibrahim a toujours montré à ses patients les qualités d’un homme chaleureux, de grande générosité, de sagesse et d’humanisme. D’autant plus que pendant plusieurs années, il est resté l’unique chirurgien dentiste sur l’île d’Anjouan.
Un passionné des médias et l’ami des jeunes
En ce qui me concerne, j’ai surtout connu et côtoyé, comme beaucoup de jeunes, un autre Ibrahim Saïndou. Il s’agit du passionné des médias et de l’information qui avait saisi l’occasion de l’avènement de la démocratie en 1990 aux Comores pour créer la première radio locale de sa région natale. Cette "radio nova" que toute personne ayant vécu à Ouani dans les années 90 s’en souvient encore.
"Radio nova" a, en fait jouer, un rôle très important dans l’information, l’éducation et la sensibilisation des jeunes sur divers sujets vitaux ainsi qu’à la vulgarisation de la culture comorienne.
Ce qui m’avait surtout frappé à cette période, c’était le fait qu’il n’avait pas hésité à transformer le salon de son domicile en espace où tous les jeunes qui le souhaitaient, pouvaient aller animer bénévolement la radio ! C’était vraiment un sacrifice étant donné que dans la société comorienne la mise en valeur du salon est précieuse.
"Radio nova" a aussi été un moyen incontournable pour les candidats aux élections législatives de la 9ème circonscription en 1992. En mettant gratuitement sa radio à la disposition des candidats pour s’adresser aux électeurs, Ibrahim Saïndou a apporté, à notre avis, sa modeste contribution à l’enracinement de la démocratie dans notre pays. Madame Sittou Raghadat Mohamed, à l’époque candidate à la députation, rend hommage à l’animateur des débats politiques qui étaient vraiment à l’écoute et à la disposition des intervenants et invités. Selon elle, il n’hésitait pas à prodiguer quelques suggestions pour améliorer les prestations des uns et des autres peu importe leurs étiquettes politiques.
Après les quelques mois (en 1991 et en 1992) que j’ai passé avec Ibrahim, en tant que présentateur du journal et animateur d’une émission sur l’orientation universitaire des futurs bacheliers, j’ai gardé particulièrement le souvenir d’un homme qui se souciait beaucoup de la réussite des émissions et qui prêtait attention à tous les détails et au sérieux des animateurs ; un homme ouvert et très proche des jeunes.
Voilà l’homme qui a précocement dévissé son billard le 19 juin dernier. Le ciel bleu d’Ouani a perdu ce jour là, une de ses étoiles étincelantes !
Au travers de ces quelques lignes, j’ai tenu juste à rendre à Ibrahim ce qui lui est dû. Car je suis conscient et convaincu que d’autres sont mieux placés pour lui rendre l’hommage qu’il mérite ou parler de lui.
A Ibrahim
A l’instar d’Abdallah Elhad et tout ceux qui t’ont connu, je te dis juste ceci : « au revoir l’artiste, tu continueras à vibrer dans nos cœurs »
Halidi Allaoui (HALIDI-BLOG-COMORES)
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Messages
20 janvier 2011, 17:01, par Simon AMIR
Lyon, ce 20 janvier 2011
J’ai appris depuis peu seulement la nouvelle du décès d’Ibrahim Saïndou, en parcourant récemment quelques blogs comoriens et le vôtre à La Réunion.
Près de trois années auront bientôt passé depuis ce triste évènement ; les esprits chagrins estimeront alors dévolu le temps du deuil de ce grand guitariste et artiste anjouannais, doublé d’un professionnel exemplaire du microcosme de santé comorien.
Je souhaiterais néanmoins y revenir d’un mot, ne serait-ce que pour adresser, comme tout à nouveau, ma consolation et mes pensées émues à l’ensemble de sa famille à Ouani, à ses anciens collègues de l’orchestre Joujou, comme aux nombreux amis qui entretiennent son souvenir de manière affectueuse. Je leur dédie volontiers ces lignes.
Oui, en effet, au sein du groupe Joujou, Ibrahim Saïndou a su impressionner quelques générations de collégiens, lycéen-nes (dont je fus) ayant traîné leurs savates et autres chriromanis entre Ouani et le collège Missiri de Mutsamudu (Anjouan), au cours des années 1970-1975, à moins que ce ne fut à l’internat du lycée Saïd Mohamed Cheikh de Moroni.
Ibrahim Saïndou sut avec brio, style et inventivité prendre le relais de Dhoiffir et Nourredine, ses aînés Ouaniens en matière musicale.
Dans ces années de référence, la grouillante jeunesse anjouannaise qui se pressait sur les bancs du collège et du lycée, se prenait déjà à rêver d’un ailleurs qui lui fut meilleur, porteur d’espérance. Elle sentait sourdement que le caractère propre à son insularité, associé au feu politique couvé sinon alimenté par la quête indépendantiste ambiante, l’abattage socio-médiatique de slogans de nature à frapper les esprits, de style "M’colo na lawé !" (les puristes auront traduit !) - bref, que ce contexte mouvementé ne laissait guère l’espoir d’augurer un avenir heureux, version Aldous Huxley.
Alors parut Joujou !! Dhoiffir déjà : le matin, à l’heure du départ pour le collège, sa ballade suave amère autour de l’enfant qui pleure donnait le frisson, mettait du baume au coeur et de l’entrain à l’ouvrage scolaire.
Nourredine nous a aussi comblés de son talent à la guitare sèche, au point de meubler de ses accords mélodieux nos "week-end" de solitude alors que nous étions internes, au lycée de Moroni.
Ibrahim Saïndou nous a tant fait rêver et danser, par ses reprises de classiques occidentaux et africains, comme par la subtilité des compositions "joujouesques" !
Un artiste s’en est allé ! J’ai eu le privilège de le côtoyer et d’être de ses amis de jeunesse !
A l’heure du souvenir, je me devais de rendre cet hommage à Ibrahim Saïndou et vous livrer ces bribes de chronique sociale d’un passé aigre-doux qui nous aura marqué de son empreinte et nourri notre "vivre aujourd’hui".
Simon AMIR,
Un créole ayant vécu à Anjouan - COMORES
Lyon - FRANCE