Pour qu’on n’oublie pas

Hommage à Marie Gamel, un exemple pour nous tous

6 septembre 2021, par Paul Dennemont

Ce 25 août 2021, Il y a 31 ans, disparaissait à Saint-André, Marie Gamel. A l’exception de nos anciens, peu d’entre nous connaissent véritablement le parcours et les combats de cette femme d’exception et d’engagements, figure militante de Saint-André qui nous a laissés le 25 août 1990 et étonnamment oubliée. Est-il besoin de préciser qu’aucune des municipalités qui se sont succédé n’ont rien fait, jusqu’à ce jour, pour qu’il en soit autrement.

Un groupe de la fédération réunionnaise de l’Union des Femmes Françaises réunies à la fin des années 40 avec au centre, en tenue noire, Marie Gamel et à sa gauche Isnelle Amelin et Joséphine Hoarau (une photo publiée dans le livre ’’Combat des Réunionnais par la liberté’’, d’Eugène Rousse, 1er tome, décembre 93)

A l’occasion du 17e anniversaire de sa disparition, le 25 août 2017, dans une long courrier à la presse intitulé « Marie Gamel, femme d’engagements » , Eugène Rousse rendait hommage à cette militante syndicale, associative et politique. Une époque politique marquée par la fraude électorale et la violence. Voici quelques extraits de sa tribune résumant le parcours de Marie Gamel, agricultrice de profession, écrivaine publique bénévole « qui acquiert rapidement l’estime de la population Saint-Andréenne. Ce qui constitue pour elle un précieux tremplin pour se lancer en politique ».

« … Cofondatrice du CRADS – Comité Républicain d’Action Démocratique et Sociale – le 11 mars 1945 à Saint-Denis… Elle est candidate à Saint-André le 27 mai 1945 sur la liste du CRADS conduite par le notaire Hervé Grondin et devient son adjointe. Poste qu’elle conservera jusqu’en 1957, date de la dissolution arbitraire du conseil municipal de Saint-André par le préfet Jean Perreau Pradier… » .

« … Les compétences et la disponibilité de Marie Gamel la conduiront à faire fonction de maire peu avant le décès du Dr Vergès survenu le 2 juillet 1957. Conseillère municipale de Saint-André pendant 12 ans, Marie Gamel a été aussi conseillère générale du 2e canton de cette commune du 13 novembre 1949 au 3 juin 1961. Marie Gamel a marqué l’Histoire de la Réunion, notamment en s’opposant fermement à le fermeture du chemin de fer… »

« Par ailleurs, avec notamment Isnelle Amelin, Alicia Mazaka, et Alice Pévérelly, elle est la cofondatrice le 8 novembre 1946 de la Section Réunionnaise de l’Union des Femmes Françaises (UFF). Marie Gamel préside l’UFF jusqu’au 14 septembre 1958, date à laquelle l’UFF devient l’Union des Femmes de la Réunion (UFR) dont elle restera une des dirigeantes ».

« Un exemple pour tous »

Marie Gamel est connue aussi pour avoir milité aux cotés de Paul Vergès à la grande bataille de 1955 visant à empêcher la fermeture de l’usine de Quartier Français. Elle a été présente dans tous les combats pour l’application à La Réunion de l’égalité des droits sociaux avec la Métropole… Des luttes qui ont duré et n’ont abouti qu’après son décès…

Marie Gamel s’en est allée le 25 août 1990 à l’âge de 94 ans, à son domicile de Cambuston. C’est Yvon Virapin, élu communiste de Saint-André , coresponsable de la Section PCR, et par ailleurs syndicaliste (FSU) qui prononce l’éloge funèbre qui s’achève par ces mots : « Que l’engouement de celle qui symbolisait la vieille génération des lutteurs fidèles jusqu’à la dernière minute soit un exemple pour nous tous ».

De la propriété de Marie Gamel, Rue de Cambuston, il ne reste plus aujourd’hui que cet important mur style ancien qui attire l’attention et ravive peut-être des souvenirs. La bâtisse créole ayant laissé place à un immeuble de la SHLMR.
Un clin d’œil à l’occasion à Eugène Rousse disparu le 3 décembre 2019 et qui a consacré son temps et sa plume au service d’un devoir de mémoire et de transmission et à une série de biographies, comme celle de Marie Gamel.

Paul Dennemont

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