Hommage à Fabien Lanave

Homme de conviction et de devoir

30 juillet 2013

Fabien Lanave s’est éteint vendredi dernier, c’est une grande perte pour le monde syndical réunionnais.

Fabien Lanave s’est éteint vendredi dernier, vaincu par le poids de l’âge, d’un cœur à bout de souffle, d’un corps qui ne voulait plus répondre à une tête si résistante.

C’est une délivrance pour lui qui ne supportait plus de se voir amoindri.

J’ai beaucoup appris avec lui, notamment à travers ses récits et témoignages sur l’histoire de la ville du Port, sur le mouvement syndical et politique de La Réunion.

Les instants passés à l’écouter, rares, mais riches en enseignements, m’ont confortée un peu plus dans ma fierté d’être Portoise et Réunionnaise.

Un jour, il m’a fait part de cette réflexion : « Il y a toujours un choix à faire dans la vie : Soit se tenir à l’écart de toute association ou ne rechercher que des avantages. Dans ce cas, ce sera une existence tranquille et égoïste,

Soit participer activement au sein d’organisations d’intérêt général. Alors, ce sera une vie satisfaisante du fait d’avoir contribué à des évolutions bénéfiques pour le plus grand nombre ».

Son choix, nous le connaissons. Il s’est traduit par un engagement sans faille dans l’action syndicale, politique et associative au Port et, plus largement, à La Réunion.

Il aura été de toutes les luttes, contre les injustices, les discriminations, et toutes les atteintes à la liberté. Il a mené de nombreux combats pour les droits des travailleurs, des retraités et bien d’autres… Il serait difficile de décliner ici toute la contribution qu’il a apportée pour le progrès social et le développement de notre île.

Malgré son grand âge et son immobilisation, jusqu’à ses derniers jours, Monsieur Lanave se tenait informé de l’actualité, en particulier des nouvelles de sa ville et de son île.

J’ai su que peu de temps avant de mourir, il s’est réveillé en pleine nuit, il voulait que son fils l’emmène voir la ville, cette ville du Port où il a grandi et qui l’a vu grandir, cette ville qui a vu naître ses enfants et qui a occupé une grande place dans sa vie d’homme et de militant. Le Port, une ville qui a fortement inspiré son combat et qui l’a fait Citoyen d’honneur en 2006.

Homme de conviction et de devoir, Fabien Lanave avait un caractère « bien trempé » comme on se plaît à le décrire. Certes, mais il en fallait sans doute à quelqu’un qui s’est battu sur tous les fronts, qui a dirigé une grande organisation telle que la CGTR, qui a consacré une grande partie de sa vie à la cause des travailleurs et de tant d’autres.

Obstiné, il l’était parfois, et il savait dire non lorsque les choses allaient à l’encontre des principes qu’il a toujours défendus. Mais sa personnalité ne se réduisait pas à un seul trait de caractère. Il était aussi droit, généreux, intègre, loyal. Jusqu’à son dernier souffle, il est resté fidèle à ses convictions et à son engagement bien qu’il s’était éloigné de la vie publique depuis quelques années.

Citoyenne portoise, je suis pleinement consciente de ce qu’à été son investissement pour le bien-être de la population et je lui en suis profondément reconnaissante. C’est un grand monsieur qui nous a quittés. Il nous laisse un héritage précieux, non pas des espèces sonnantes et trébuchantes, mais un bien commun à tous et des valeurs qu’il convient de préserver.

J’ose rêver que quelque part, sa mère qui a beaucoup compté pour lui, son fils Alain trop tôt disparu qu’il n’a jamais cessé de pleurer, et puis, ses anciens camarades de luttes, Léon de Lépervanche, Albin Tertre, Raymond Hoarau, Jean-Baptiste Rocheland, Louis Payet, Ariste Bolon, Roland Hoareau, Roger et Odette Mofy… étaient là pour l’accueillir.

A ses enfants, Gilette, Jacky et Yves, et surtout à son épouse Rachel, qui savent le prix à payer pour une vie aussi accomplie, je tiens à exprimer mon affection et mon soutien indéfectibles.

Claire Hoareau – Le Port


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?

Messages

  • Fondateur de plusieurs associations, élu, syndicaliste ou simple citoyen, Fabien Lanave a été de toutes les luttes et a marqué l’Histoire de La Réunion.
    Il savait analyser les choses avec un esprit critique mais non moins responsable, juste et humaniste.
    Je garderai l’image de ce Grand Monsieur se déplaçant toujours à pied pour accomplir une tâche au service des uns et des autres.
    A madame Lanave, à sa famille et à ses proches, j’adresse mes condoléances attristées.
    Marie-Paule Fanchin


Témoignages - 80e année


+ Lus