Nos peines

Joseph Carron vient de partir.
Pierre Sansot aurait fait de lui un de ses « gens de peu »…

20 septembre 2010

Quand désormais le facteur s’arrêtera au 76 route du Moufia pour y déposer chaque jour le courrier et notre journal, il ne croisera plus le regard plein de chaleur du propriétaire des lieux. Il n’aura plus droit à ces quelques mots qui traduisaient mieux que tout ce que la chaleur humaine a de plus authentique. Joseph Carron est décédé samedi, en fin d’après-midi, sur le coup des 16h, à l’instant précis où son épouse, du dos de la main, essuyait la larme qui, en signe d’adieu, coulait alors sur son visage.
Le sociologue Pierre Sansot a consacré tout un ouvrage aux «  gens de peu » . C’était au début des années 1990. «  Les gens de peu » ? « L’expression me plait, y note Pierre Sansot. Elle implique de la noblesse. Gens de peu comme il y a des gens de la mer, de la montagne, des plateaux, des gentilshommes. Ils forment une race. Ils possèdent un don, comme d’autres ont le don du feu, de la poterie, des arts martiaux… “Le petit peuple”, le menu peuple, il se faufile, il est délicat, il est fragile alors que le peuple, en lui même, évoque la puissance, les remuements, les grondements assourdissants de l’océan. Le peu ne présuppose pas la petitesse ou la mesquinerie mais plutôt un certain champ dans lesquels il est possible d’exceller… »
Il était un peu de tout cela, Joseph Carron, né le 29 juillet 1929 sur les hauteurs à l’époque encore bien retirées de Saint-Denis. A l’hôpital de Belle-Pierre où il eut le privilège d’y passer toute sa vie professionnelle, il aura laissé le souvenir d’un homme dont le sens du dévouement ne sera jamais pris à défaut. Et dans le quartier du Moufia où il avait construit la grande maison qui le verra, avec Florence son épouse, faire grandir Isabelle, Sabine, Bernard et Régine leurs quatre enfants, il était le sage de bons conseils et toujours avec à la bouche et sur le cœur le mot qui réconforte. Ce quartier était son champ et il était de la race de ces gens simples qui ont appris à considérer qu’il y a beaucoup à donner dans le peu qu’ils possèdent.
C’est quelqu’un qui excellait à être bien, qui vient de partir. Pour mille raisons, nous ne dirons pas qu’il nous a quittés. Non, il est seulement parti…

Raymond Lauret


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