Commémoration :

L’Abbé Alexandre Monnet, 200 ans

5 janvier 2012

On ne doit pas oublier ce prêtre-évêque abolitionniste. Qui était l’Abbé Alexandre Monnet ?
A peine ordonné prêtre, le 18 juin 1837, il décide, avec l’accord de ses supérieurs, d’aller servir à l’Outre-mer. C’est à La Réunion qu’il met les pieds. Dès son arrivée, il constate que ce qui se pratique dans l’île est contraire à l’enseignement du Christ : un homme n’est pas considéré comme un homme ; l’homme est réduit à l’état d’esclave ; l’esclave est dominé, il se révolte contre l’administration coloniale.
A La Rivière des Pluies, à Saint-Paul, à Saint-Denis, avec le Père Levavasseur, il rassemble les prêtres, les esclaves et leur fait prendre conscience de cet état de fait. Il écrit à ses supérieurs. L’administration l’expulse de l’île.
Il est reçu par Victor Schœlcher. Il plaide la cause des esclaves. Il est reçu par le Pape Pie IX. Il est nommé évêque de Madagascar. Il passe par Mayotte, et une nuit, il meurt de la malaria, à l’âge de 37 ans.
Trois ans après, son corps retourne à La Réunion. Il est enterré dans l’église de La Rivière des Pluies, qu’il a construite avec l’aide des esclaves.
En accord avec l’évêque de Saint-Denis, une statue à son effigie a été érigée à Saint-Paul, puis à La Rivière des Pluies et ensuite à Saint-Denis. Ainsi qu’à Paris, rue Lenon au siège de la Congrégation des Pères de Saint-Esprit, et à Mouchin, sa ville natale. Quel hommage pour un homme hors du commun !
Ce 4 janvier 2012 est le 200ème anniversaire de sa naissance. Après sa mort, les Blancs de la colonie ont reconnu ses bienfaits. Les esclaves ont érigé une stèle à sa mémoire, au cimetière de l’Est. Hommage rendu à un homme qui a défendu la cause des esclaves et a mis tout son être à leur service.
Le peuple réunionnais ne peut qu’être reconnaissant pour le travail considérable de l’Abbé Alexandre Monnet au service des esclaves de La Réunion.
Le regretté Père René Payet avait écrit une prière à son intention :
« Seigneur,
« Merci de nous avoir donné un tel témoin.
« Quand il est entré dans notre histoire,
« L’esclavage imposait sa loi.
« Alexandre Monnet n’avait qu’une loi :
« La tienne ! Celle de l’amour !
« C’est Ta Bonne Nouvelle, Seigneur.
« Il est venu pour l’annoncer !

« Donne-nous de ne jamais subir.
« De voir loin — en toute confiance
« En toi, en nous-mêmes, dans les autres !
« Les choses ne seront jamais comme tu veux,
« Si je ne fais pas comme tu veux et ce que je peux.

« J’ai à continuer un travail commencé.
« Je n’ai pas le droit de le laisser inachevé.
« Tu ne me demandes pas de réussir…
« Ta Croix n’est pas une réussite,
« Mais condition de la réussite !
« Donne-moi d’y prendre ma part…

« Ceux qui viendront, verront ainsi
« Qu’ils étaient attendus, et… aimés !
« AMEN ! »

Il reste au G.R.A.H.TER (Groupe de Recherches sur l’Archéologie et l’Histoire de la TErre Réunionnaise) d’intervenir auprès des autorités de l’État, afin d’obtenir la parution d’un timbre-poste à son effigie. Nombre d’hommes politiques, dont feu Raymond Barre, ont réclamé ce timbre. Sans résultat. A l’occasion du 200ème anniversaire de sa naissance, il serait heureux que ce vœu soit enfin réalisé.

 Marc Kichenapanaïdou, président du G.R.A.H.TER
(Groupe de Recherches sur l’Archéologie et l’Histoire de la TErre Réunionnaise)
 


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Messages

  • Le 27 septembre 1842, l’Abbé Monnet écrit une lettre au Procureur du Roi. Son questionnement sur comment punir un esclave, ayant volé entre autres, un régime de bananes, sans le fouetter puisque le maître, Mr Desbassayns s’y refuse, laisse songeur... ( Archives Départementales 122 W 447, n°28)


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