L’hommage le plus vrai

23 avril 2008

« ... Comme il y a des hommes-hyènes et des hommes-panthères, je serais un homme-juif, un homme-cafre, un homme-hindou-de-Calcutta, un homme-de-Harlem-qui-ne-vote-pas, l’homme-famine, l’homme-insulte, l’homme-torture.
On pouvait à n’importe quel moment le saisir, le rouer de coups, le tuer - parfaitement le tuer - sans avoir de compte à rendre à personne, sans avoir d’excuses à présenter à personne... ».

On comprend mieux aujourd’hui l’infinie reconnaissance de toutes celles et de tous ceux qui sont venus en foule lui rendre un dernier hommage. Les Noirs, bien sûr, et tout son peuple, et à travers eux, tous les humiliés de la Terre - qu’il a défendus sans relâche tout au long de sa vie, au point de s’identifier à chacun d’eux. Cependant, il ne faudrait pas oublier l’âpreté du combat qu’il a dû mener contre ses détracteurs qui l’ont attaqué avec violence, se moquant de lui, le traitant par dérision de « nègre-costume cravate-latin-grec ».
Aussi l’on ne peut que se réjouir de cette belle unanimité dans la ferveur après sa mort. Mais la meilleure façon de montrer sa sincérité, c’est de reprendre le flambeau là où il l’a laissé, de poursuivre du même cœur et avec la même ténacité la lutte qu’il a commencée très tôt, afin de sauver ces millions et ces millions d’hommes, de femmes, d’enfants qui, en 2008, vivent encore en sous-humanité.

Georges Benne

Aimé Césaire

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