Hommage à Jean Cardonnel

« La fidélité dans la peau et la rébellion dans le sang »

7 juillet 2009

Il y a exactement quarante ans, en juillet 1969, après le carême qu’il avait prêché le 22 mars 1968 à la Mutualité à Paris à la demande de Georges Montaron, l’ancien directeur de "Témoignage Chrétien", Jean Cardonnel, était venu pour la première fois à La Réunion.
Depuis, une vraie passion le liait à notre île « devenue » pour lui son « île d’utopie fraternelle qu’il importe de réaliser d’urgence… en vertu d’une merveilleuse charge symbolique de son nom recréé d’éloquente Réunion prophétique des peuples d’humanité ».
Jean Cardonnel en effet n’a jamais séparé Dieu de l’humanité et il restera pour toujours le théologien du « Fils de l’homme », « le seul nom que se donne Dieu quand il se fait homme ». Sa pensée, nourrie du Livre, il la développait et l’approfondissait sans cesse, lui donnant à chaque fois un air de nouveauté qui créait la surprise, autant dans ses prises de paroles que dans ses livres, depuis “Du bon Dieu au Dieu vivant” en 1960 jusqu’à “Judas l’innocent” en 2001.
Car il était à la fois un tribun, comme Jésus le Verbe et un écrivain dont François Mauriac admirait « la plume ». Nul mieux que son ami Albert Jacquard n’a su le dire avec autant d’exactitude : « Lire les mots de Jean Cardonnel, c’est entendre sa parole. Entendre sa parole, c’est se trouver emporté par un torrent ; un torrent de phrases et d’idées, d’images et d’histoires, nous acculant à des révisions fondamentales, douloureuses, libérantes, d’évidences trop facilement acceptées. Avec lui tout est chair et tout est verbe (…). Comment avais-je pu les entendre et les prononcer, ces mots, sans voir, ni sentir les trésors qu’ils nous livrent ? Que de fois j’ai, sans surprise, sans émotion, lu que Jésus était le « Fils de l’Homme » : c’était devenu une ritournelle insipide. Jean Cardonnel en montre la signification évidente et va jusqu’au bout de sa lucidité : Dieu, mon fils, n’est pas Dieu, il est le dernier-né. Il est à venir ».
Pour le biologiste, c’est toute la vision de l’évolution qui prend un sens nouveau. Depuis son origine inaccessible, notre univers sécrète des objets de plus en plus riches, plus complexes, plus dotés de pouvoirs. Localement, il vient de produire son chef-d’œuvre, l’homme, capable de savoir qu’il est, que demain sera, et que cet avenir dépend de lui. Il n’est pas attiré par un éventuel « point Oméga » ; il a à construire le chemin vers un inaccessible aboutissement. A lui de choisir la nature des rapports qui relie les hommes : la domination ou le respect.
Ces liens entre hommes sont la source la plus probable de leur conscience. Leur patrimoine génétique ne leur apprend pas à dire “je”. Ce “je” vient des “tu” entendus. « Je suis les liens que je tisse ». Cette phrase que j’écris en bon scientifique, matérialiste par respect de la règle du jeu, je l’entends tout autrement après avoir lu Jean Cardonnel. C’est de mon sort qu’il est question, de mon moi essentiel, qui n’a donc de réalité que dans l’échange. N’est-ce pas tout le sens de la célèbre affirmation : « Lorsque vous serez plusieurs réunis, je serai parmi vous » ?

Georges Benne


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