Lettre à la famille Courteaud

Le fonnkèr portois en deuil

2 septembre 2008

Pas d’hommage religieux, c’est un souhait de feu Jean-Marcel Courteaud. Par contre, le maloya a retenti comme dernier adieu. Jean-Marcel Courteaud était un fervent défenseur de sa culture réunionnaise.
(photo BBJ)

Ce dimanche 31 août, au soir, Jean-Marcel Courteaud était entouré de sa famille, de ses proches, de ses amis, de ses compagnons de lutte, pour une dernière "veillée portuaire" au cœur de la cité qui l’a vu naître.
Bercé par un maloya, il repose au fond de la salle, un kapilèr d’où émerge un songe à ses pieds, tandis que le murmure des souvenirs enfle et traverse l’assemblée. D’une conversation à l’autre, les mêmes mots tissent peu à peu une sorte d’épitaphe collective : discrétion, militantisme, abnégation, modestie, fidélité. Les paroles s’entremêlent : frère, pilier du journal Témoignages, camarade, membre du Parti communiste réunionnais, dalon, résistant culturel.

Le Port vient de perdre un de ses fils

Un Portois enfant des docks. Un marmay la kour, kasèr lablag, amateur de bons mots, adepte des carris fedboi partagés avec le cercle à géométrie variable de la camaraderie militante. Un zanfan nourri par le feu des batailles syndicales et des luttes politiques. Une silhouette familière du rond des kabar, dopi fénoir karodkane ziska far Kabardock.
Ni figure de proue, ni simple figurant, mais une présence. Jean-Marcel, c’était une présence habitée par la grande générosité de l’idéal réunionnais qu’il a servi toute sa vie. Ni porte-drapeau, ni spectateur, mais une conscience. Jean-Marcel, c’était une conscience aiguisée chaque jour par la confrontation des idées, par l’urgence des combats à mener pour cette île qu’il aimait plus que lui-même. Lucide et rêveur à la fois, Jean-Marcel s’employait à faire germer la petite graine dans la terre aride, il s’évertuait à rallumer la flamme dans le cœur dévasté. Il avait l’oreille attentive et le regard plissé au coin de l’amitié. Autour de lui, le cercle des solidarités s’élargissait.
A l’heure de lui rendre hommage, les mots s’entrechoquent comme les galets charriés par la rivière. Il était avant tout un Réunionnais. Réunionnais et fier de l’être. Réunionnais dans sa langue, dans sa culture, dans son ouverture au monde, dans son engagement, dans sa manière de vivre, d’écrire, de partager, de revendiquer, de cultiver. Il avait la main verte de ceux qui connaissent le tourné-viré pour faire lever un jardin, pour faire lever une identité, un fonnkèr. Il aimait la terre, la terre réunionnaise, la terre portoise.
Aujourd’hui, Le Port dit adieu à l’un des siens, parmi les plus fidèles. Le fonnkèr portois est en deuil.
La municipalité du Port partage la peine de sa famille : sa mère Léone Marie-Ange, ses soeurs et frères : Eliette, Maurice, Monique, Gilberte, Mimose, Mireille, Axel et Jean-Michel, ainsi que de toutes celles et tous ceux qui l’ont connu et aimé. Nous souhaitons que l’œuvre de sa vie, simple et authentique, inspire les nouvelles générations.

Jean-Yves Langenier, maire du Port et la municipalité portoise

Jean-Marcel Courteaud

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