Fèt la vil

Le Port fête Léon de Lépervanche

22 novembre 2007, par Manuel Marchal

Du 23 au 27 novembre, la 21ème édition de Fèt la vil rendra cette année un hommage particulier à Léon de Lépervanche, cheminot, vendeur de manioc, syndicaliste, Maire du Port et député de La Réunion. « Un grand homme comme on peut quelquefois en rencontrer dans l’Histoire », a rappelé Eugène Rousse.

Léon de Lépervanche est à l’honneur de la fête de la Ville du Port.

Le lien avec Léon de Lépervanche sera encore plus fort cette année pour Fèt la vil. Nathalie Legros, responsable de la communication de la Mairie du Port, note que la date de cette manifestation est liée à un événement historique. Il s’agit de l’arrivée du contre-torpilleur des Forces françaises libres, le "Léopard" en vue des côtes de La Réunion. Le 28 novembre 1942, le "Léopard" est face au Port. Le gouverneur donne l’ordre aux militaires fidèles au gouvernement de Vichy de s’opposer à la venue du libérateur. Au cours de cette journée, Léon de Lépervanche va mener, au péril de sa vie, plusieurs actions pour que la libération du Port, puis de La Réunion, ne tourne pas au bain de sang. Car les canons du "Léopard" tirent plusieurs obus sur la ville. Léon de Lépervanche s’interposera, comme il s’interposera également pour que la Libération signifie également la Réconciliation entre les Réunionnais divisés entre partisans du gouvernement de Vichy et soutiens de celui de la France Libre.
La date choisie pour Fèt la vil est un hommage à ce moment décisif de l’Histoire de La Réunion.

« La paix, le pain et la liberté ! »

Le centenaire de la naissance de l’ancien militant syndical et politique réunionnais va donner une dimension particulière à la fête de cette année. En plus des activités culturelles, sportives et commerciales, un hommage sera rendu à l’ancien Maire du Port.
Le 27 novembre aura lieu un dépôt de gerbe au cimetière marin du Port, sur les tombes de Léon de Lépervanche et sur celles des Portois tombés sous les obus du "Léopard". Des textes seront lus, et les enfants entonneront le chant des partisans.
A 10 heures, un stèle dressée devant l’ancien domicile de Léon de Lépervanche sera inaugurée. « La paix, le pain et la liberté ! » : ce mot d’ordre de la Ligue des Droits de l’Homme dans laquelle l’ancien Président du Conseil Général a milité sera mis en valeur sur ce monument qui retracera en quelques lignes une riche histoire.
Quatre classes des écoles de la ville participeront à ces cérémonies car « associer les jeunes aux commémorations permet de mettre en avant le dévoir de mémoire », indique Mémouna Patel, adjointe au maire déléguée aux ecoles.
La présentation de Fèt la vil a permis à Eugène Rousse de revenir sur les grandes dates de la vie de Léon de Lépervanche (voir son article paru dans "Témoignages" du 21 novembre 2007). Une vie relativement courte mais intense, au cours de laquelle le militant réussit à fédérer les organisations syndicales au sein de la Fédération réunionnaise du Travail. Eugène Rousse a rappelé que le travail de Léon de Lépervanche a contribué à un taux de syndicalisation record à La Réunion (entre 20 et 25%). Le Port, ville des dockers et gare principale du chemin de fer, était le centre des luttes.

Un militant exemplaire

Au cours des années 30, des grèves massives ont permis aux Réunionnais d’arracher des conquêtes considérables : journée de huit heures, deux semaines de congés payés, caisse de retraite, allocations familiales, suppression de l’engagisme...).
Eugène Rousse a également évoqué la vie quotidienne d’un des pères de la loi du 19 mars 1946 qui abolit le statut colonial à La Réunion. « Il vivait très modestement dans une petite case. Il payait son loyer, il n’avait pas de téléphone, pas d’auto, juste une bicyclette ». Sa modestie se traduisait aussi dans ses actes. C’est ainsi qu’il refusa la médaille de la Résistance.
« Vivre, c’est accepter de prendre des risques lorsque les circonstances l’exigent », disait Léon de Lépervanche. Une phrase qui résume tout l’engagement pour la libération de son pays d’un militant de La Réunion qui, aux côtés du docteur Raymond Vergès, a déposé et défendu le projet de loi qui a aboli le statut colonial à La Réunion.
61 ans après ce vote historique, l’exemple de Léon de Lépervanche est une force dans laquelle les Réunionnais peuvent puiser la force de relever les défis d’aujourd’hui.

Manuel Marchal


Léon de Lépervanche : le journaliste

Lors de la conférence de presse d’hier, Eugène Rousse a montré un exemplaire du "Communiste". Ce journal a été fondé par Léon de Lépervanche le 5 août 1944. Imprimé au Port, il a existé pendant plus de cinq ans.
L’édition du "Communiste" présentée hier date de 1948. C’est un journal de quatre pages, en petit format, dans lequel figure un long article sur la filière canne-sucre de l’époque. Usiniers et grands propriétaires manœuvraient pour récupérer un maximum de richesses sur le dos du planteur.
Dans cette édition également, un article sur les décisions du Conseil Général.


Sak nou wa GSM

Laurent Zitte, photographe, est le responsable de l’organisation de "Sak nou wa". Vieille de dix ans, cette manifestation culturelle consiste à demander à la population de photographier sa vie quotidienne.
Cette année, les participants étaient invités à utiliser l’appareil photo de leur téléphone mobile, et d’envoyer les clichés à un numéro de téléphone.
« Plus de 800 personnes ont participé, elles ont fait parvenir plus de 1.200 photos », note Laurent Zitte. Ce sont « des images de la ville, du port, des chroniques du quotidien ».
Les photos de "Sak nou wa" seront exposées sur les grilles de la mairie à partir de demain. Et « 99% des photos prises seront exposées ».


Le sport à l’honneur

Le sport sera à l’honneur de Fèt la vil. Jacques Dobaria, conseiller municipal, a présenté les manifestations.
Tout d’abord, c’est le cross des écoles vendredi. Ce vendredi, c’est également la nuit des sports au complexe sportif municipal.
Samedi, la base nautique ouvre ses portes tandis que le challenge de foot a lieu sur le nouveau terrain synthétique du stade Lambrakis.
Samedi, c’est également la tenue de deux championnats du monde de boxe française. Un junior portois tentera de décrocher la couronne dans sa catégorie. L’autre combat est un championnat du monde féminin.
Dimanche, c’est le tournoi de pétanque et les jeux nautiques au Port Ouest avec la base nautique.


An plis ke sa

Expositions
A la médiathèque, les artistes créoles jusqu’au 17 décembre. Au magasin D2 du port-ouest, "Sobremasa", regards sur Cuba par Jack Beng-Thi.

Concerts

- Ti’Tan Maloyeu, Lansiv et Dominique Barret vendredi à 19 heures au Littoral Nord.

- Concert NRJ Urban kabar samedi à 19 heures au Littoral Nord.

Léon de Lépervanche

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus