Hommage à Raymond Vergès

Le regard d’un fils sur le parcours de son père

29 septembre 2007, par Edith Poulbassia

“Le nom du père”, documentaire dans lequel Paul Vergès retrace le parcours de son père Raymond Vergès, « médecin des pauvres », maire, député, homme engagé pour la départementalisation, sera diffusé le 8 octobre sur Télé Réunion. L’avant-première a eu lieu jeudi au Conservatoire à Rayonnement Régional (ex-CNR).

A l’occasion du 50ème anniversaire de la disparition de Raymond Vergès, l’association Mémoires Vives a diffusé en avant-première, jeudi soir, au CRR (Conservatoire à Rayonnement Régional), un documentaire intitulé “Le nom du père” dans lequel Paul Vergès retrace le parcours de son père. Il s’agit de la première partie d’un triptyque consacré à Paul Vergès. Avec 8 heures d’entretien, il y avait matière à réaliser un film d’une demi-heure sur la vie de Raymond Vergès. Les deux autres films, “L’engagement” et “La pensée”, reviendront sur la biographie du président de la Région. “L’engagement” inclut également la lutte de Raymond Vergès pour la départementalisation. En attendant de pouvoir visionner ces deux films, “Le nom du père” est programmé sur RFO le 8 octobre à 20h05.

« Un produit du 19ème siècle »

Cette première partie s’arrête en 1943. De l’avis de Christian Béguinet, Président de Mémoires Vives, « on y découvre un Paul Vergès méconnu, différent de celui habitué aux joutes verbales, une mémoire précise, délicate et vive ». Début du documentaire, Paul Vergès se prête au jeu de questions-réponses, et à cette dernière question posée par le réalisateur, « qui aimeriez-vous être ? », après un moment de réflexion, Paul Vergès déclare : « mon père ». Commence alors le parcours de Raymond Vergès, raconté par son fils, de l’arrivée des premiers Vergès originaires de Pyrénées Orientales dans l’Océan Indien jusqu’au départ des deux fils pour la guerre en 1943. Raymond Vergès était « un produit du 19ème siècle », explique Paul Vergès. Il croyait à la science, au bonheur de l’humanité grâce à la science, il était laïque, anticlérical, républicain... Il va passer 27 ans à l’extérieur de l’île pour ses études, la guerre, à Shangaï, en Indonésie, au Laos avant de revenir s’installer à La Réunion.

A Salazie, il est devenu le « médecin des pauvres », apportant ainsi son soutien à une population misérable. « Je me souviens, dit Paul Vergès, que la cour était remplie de dindonneaux, de canards, de poules », des rétributions en nature en signe de remerciements, car les gens n’avaient pas les moyens de payer les consultations. Raymond Vergès, c’est aussi le syndicalisme (Eugène Rousse, présent dans la salle, regrette d’ailleurs que le film ne s’y soit pas attardé), la ligue des droits de l’Homme, la franc-maçonnerie, qui rassemblaient « les gens qui étaient contre le régime colonial ». Dans ce film, Paul Vergès évoque aussi le souci d’autonomie de l’information partagé par son père. « Il était abonné aux journaux extérieurs, et il lui arrivait de les lire même deux mois après (...). Il s’était aussi procuré le meilleur poste de radio pour capter les fréquences extérieures », raconte Paul Vergès.
Le documentaire s’achève sur le souvenir du départ pour la guerre des deux fils, Paul et Jacques, sous les yeux de leur père. « Nous étions alors enthousiastes, déterminés et inconscients », se rappelle Paul Vergès.

Edith Poulbassia


Réactions

« Il a toujours su anticiper »

La diffusion du film a donné suite à des interventions, toujours en hommage au docteur Raymond Vergès. Eugène Rousse, qui a mené des recherches sur la vie de Raymond Vergès, a pu enrichir le documentaire en évoquant quelques moments méconnus. Raymond Vergès part à Paris en 1937 pour acheter une imprimerie et rechercher un ouvrier typographe qu’il fera venir à La Réunion. C’est le début du journal “Témoignages”. Laurence Vergès, épouse de Paul Vergès, se souvient de celui qui deviendra son beau-père en 1947. « Je travaillais alors à la section du Parti communiste français à Paris. C’était un homme grand, imposant, on se sentait petit à côté. J’ai eu la chance de le connaître ensuite dans l’intimité. C’était un homme très simple, très gentil, instruit », raconte-t-elle. Puis, évoquant l’implication des femmes dans le combat politique, elle a rappelé la naissance de l’UFR, avec Isnelle Amelin, que le docteur Raymond Vergès a influencée. « Il a toujours été entouré de femmes dans les manifestations, il a toujours poussé les femmes en politique, à être candidates aux élections, à faire partie des Conseils municipaux ». Quant à Paul Vergès, il considère que son père lui a appris un principe essentiel : « anticiper, toujours voir plus loin ». « Dans des conditions bien plus difficiles d’information, il a toujours su anticiper, car il était persuadé qu’il y avait toujours une solution, à condition qu’il y ait une volonté politique. Ce qui explique son acharnement ».

EP

Raymond Vergès

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