Les années d’exil avec La Réunion au cœur...

1er septembre 2008, par Alain Dreneau

Jean-Marcel Courteaud a passé toute sa jeunesse au Port. Il est né au cœur même de la cité maritime, dans l’enceinte portuaire elle-même, à deux pas des Grandes Maisons. La famille de 11 enfants, soudée autour de la mère et du père, employé aux Ponts et Chaussées, a vécu la vie solidaire et combative d’un quartier de travailleurs, travailleurs des docks et du chemin de fer. Vie marquée par les grandes luttes ouvrières et les larges mobilisations, auxquelles répondait la répression, qui faisait naître à son tour un esprit de résistance populaire très fort. Une tranche de vie riche de leçons dont Jean-Marcel a fait le socle de son engagement.

Sixième de la fratrie, il fait ses études primaires à l’école de la rue Sadi Carnot, puis secondaires au lycée Leconte de Lisle, tout en partageant avec ses camarades la ferveur des meetings politiques et syndicaux, qui étaient organisés dans un haut lieu de la vie publique portoise de l’époque, la "place de l’Abattoir". C’est au cours de ces soirées qu’il épouse pour ne plus le quitter "le combat de Paul Vergès” contre les injustices, la fraude électorale, et les inégalités.

Ces années d’adolescence, il les met également à profit pour partir à la découverte de son île, de ses sentiers, de ses reliefs, de ses beautés. Les randonnées de plusieurs jours avec d’autres jeunes épris de liberté ne sont pas rares. Elles annoncent le large éventail des amitiés, tout autour de l’île, avec des gens simples et accueillants, dont Jean-Marcel appréciera tout au long de sa vie le trésor culturel qu’ils représentent.

Jean Marcel Courteaud en 1975 à Toulouse

En 1969, c’est le départ pour la France de la famille Courteaud, qui s’installe à Montpellier. Le père est alors retraité et pense à faciliter les conditions des études de ses enfants. Après quelques années à la Faculté de Droit de Montpellier, Jean-Marcel "monte” à Paris pour y rejoindre des camarades qui militent au sein de l’UGTRF (Union Générale des Travailleurs Réunionnais en France). A partir de 1972, il se consacre au rassemblement et au renforcement d’une émigration ayant à souffrir des méthodes "négrières” du Bumidom, à son information aussi par le canal du journal "Combat Réunionnais”. C’est l’époque des procès intentés contre le Bumidom, qui voient les Réunionnais se retrouver unis contre l’arbitraire. Unis également autour du stand de "Témoignages” à la Fête de l’Humanité, l’occasion de retrouvailles autour d’un bon repas créole. Jean-Marcel est cet exilé avec La Réunion au cœur...

Sur le plan professionnel, il travaille à la Poste −où il côtoie de nombreux Réunionnais− comme chauffeur pendant trois années. Trois années au cours desquelles il n’a qu’un seul horizon : le retour au pays natal. Son congé bonifié dûment obtenu, il rentre à La Réunion pour ne plus la quitter. Nous sommes à un tournant de la vie politique réunionnaise. 1981.

Tout naturellement, c’est au Port où il revient, comme s’il n’avait jamais véritablement quitté cette ville avec laquelle il nourrissait des liens affectifs, politiques, identitaires extrêmement forts. Il retrouve sans aucune discontinuité ses camarades, et il entame avec eux un nouveau chapitre d’une même histoire, celle de la vie d’un Réunionnais s’impliquant sans fanfare mais avec une grande lucidité dans l’avancée politique et sociale de son pays.

A.D.

A la Une de l’actuJean-Marcel Courteaud

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus