Conférence du père François Noiret en la chapelle de la résidence Saint-Ignace

« Lucien Botovasoa, Martyr, une figure pour notre temps »

28 juin 2018, par Marlène Sitouze

Le père François Noiret, vice-postulateur de la cause de Lucien Botovasoa, Malgache, laïc, père de famille, proclamé martyr et béatifié, le 15 avril dernier, à Madagascar a animé mardi soir, une conférence en la chapelle de la Résidence Saint-Ignace (Saint-Denis). Un événement intervenant le jour de la célébration de la Fête de l’Indépendance malgache qui a fourni une occasion supplémentaire et privilégiée à une assistance d’exprimer un vif intérêt, non seulement à ce pan de l’Histoire du peuple de l’île rouge, mais également à son avenir, et celui du pays, eu égard au contexte de crise tant conjoncturelle que structurelle qui persiste et s’accentue.

Le Père François Noiret a œuvré depuis 2006 avec Mgr Benjamin à la reprise de l’enquête en vue de la béatification de Lucien Botovasoa. Le religieux est un expert de la question malgache pour y avoir vécu de nombreuses années, outre le Malgache, il maîtrise parfaitement plusieurs langues parlées à Madagascar. Son sens aigu de la proximité, de l’écoute, son ouverture à l’autre en font en somme, à l’instar de son ami Lucien « une personnalité connue et reconnue » dans la grande île.

Reprise en 2006 par Mgr Benjamin et le Père François Noiret, l’enquête « très difficile » pour la béatification de Lucien Botovasoa porte enfin ses fruits en ce 15 avril 2018.

En effet, en ce jour historique, plus de 50.000 personnes s’unissent à Vohipeno, où le martyr est érigé au rang de « Bienheureux ». Un événement auquel toutes les personnalités civiles, politiques, religieuses de Madagascar ont tenu à assister avec au premier rang, notamment, le Président de la République, les chefs de clans, l’évêque… Un événement auquel participe, naturellement, Mgr Gilbert Aubry.
Moment solennel appelé de tous leurs vœux par la famille de Lucien, ses amis, ses proches, les Malgaches d’une manière générale et concrétisé par le travail de longue haleine mené par les deux religieux. Une cérémonie placée sous le signe d’une émotion intense, de la dignité propre aux personnes qui ont fait et réussi le pari du pardon et de la réconciliation. Car, Lucien est mort en martyr. Arrêté, jugé, il sera exécuté. « Il avait fait le choix de renoncer à sa propre vie plutôt que de renier sa foi ». Un choix qui, pour lui, s’impose dans le contexte insurrectionnel qui, alors, avait commencé à ébranler Madagascar en mars 1947. Principale force politique opposée à la colonisation, le MDRM voulait que Lucien y milite activement. Option refusée par l’apôtre de la charité et de la paix qui ne voulait pas s’allier avec eux et cela, même s’il n’était pas contre l’indépendance de Madagascar…
1948 marque le début de la longue marche vers sa béatification avec l’édification d’un Mémorial sur le lieu de l’exécution.

Parmi les personnalités religieuses venues assister à cette conférence, on a pu, notamment, reconnaître le Père Dattin.

« Ce fut une très belle cérémonie haute en couleurs, en musique et en chants » a indiqué le Père François Noiret , lors de la projection d’images de cette cérémonie, organisée en préambule de la conférence. Une projection en guise d’album-photos que le religieux effeuille avec émotion et partage avec le public. D’abord, un retour à la source : son lieu familial, ses parents, sa naissance, son enfance, adolescence, plus tard, sa vie professionnelle, familiale, sociale, son enracinement de plus en plus fort dans la foi chrétienne.

« Lucien apprend le malgache en caractère arabe dans des livres recouverts de peaux de bœufs dans la maison familiale. (…) Major de sa promotion, il devient ensuite instituteur tout en multipliant les initiatives tendant à faire de lui un « modèle de la vie chrétienne » : Avec sa maman spirituelle, Lucien va christianiser et évangéliser le pays. « Lucien, c’était un pédagogue, un animateur de son Église, un précurseur du Vatican 2, un homme de progrès authentique, ayant réussi à réconcilier les gens du Village d’en Haut avec ceux des Bas, enraciné dans sa culture arabo-malgache, un homme qui voulait faire avancer son pays, qui avait l’oreille des rois, engagé dans la vie sociale, marié et animateur de son église. Il était avant tout animé par la foi. C’était un Homme connu et reconnu à Madagascar », a poursuivi le père François Noiret à propos de l’existence du Bienheureux Lucien résolument placée sous le signe de l’engagement et du don de soi.

Et le Vice-postulateur de la cause de cet « homme juste » de conclure en rappelant le message que Lucien avait fait sien et, par ailleurs, retranscrit sur la stèle de la chapelle qui lui est dédiée : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ».
Un message pour notre Temps !?

M.S.

En ouverture de l’office religieux qui avait précédé la conférence, le père Samy avait appelé à une prière pour que « Dieu bénisse le peuple le peuple malgache et l’aide à sortir de tous ses problèmes ».
Le père Joachin Ramboaniaima (au premier plan) faisait lui, aussi, partie de la délégation réunionnaise présente lors de la cérémonie de béatification.
Une cérémonie encore bien intacte dans l’esprit et le cœur du Père Rakotondraibe Sosthène, ancien curé de Vohipeno et venu du Port participer à la conférence.

SI I DI A ZOT

Prière pour les victimes de la torture (et leurs bourreaux)
Le lundi 26 juin, à l’occasion de « la journée internationale des Nations Unies pour le soutien aux victimes de la torture », l’association ACAT avait organisé en la Chapelle de la Résidence Saint-Ignace une journée de prière pour « les victimes de la torture », une journée avec également au programme une exposition et un atelier de rédaction de messages de soutien.

« Aujourd’hui et maintenant ! »
La conférence gratuite donnée par le Père François Noiret est intervenue « un peu de manière providentielle » le jour de la célébration des 58 ans de l’indépendance de Madagascar. « Il se trouve que c’est aujourd’hui et maintenant que nous nous unissons à Madagascar » avait déclaré le religieux en ouverture de son intervention.
Même si l’insurrection ayant secoué la Grande île en mars 1947 n’était pas l’objet de sa conférence, ce pan de l’Histoire de la Grande île na pu cependant être occulté et a fait l’objet de questionnements dans le public.
Des questionnements auxquels le Père François a apporté un éclairage propice à une meilleure connaissance et analyse.

Guy Zitte , membre de l’Association Saint-Ignace exprime sa fierté et gratitude au Père François dont « la foi a soulevé bien des montagnes pour faire aboutir ce processus de béatification ».
Le Père Edouard O’Neil en tant qu’animateur donne la parole aux intervenants.
Le Père François NOIRET a consacré deux livres ( l’un en français et l’autre en malgache à la vie de Lucien BOTOVASOA. L’ouvrage est au prix modique de 5 euros. Se rapprocher de la Résidence SAINT-IGNACE (Rue Sainte-Anne pour de plus amples renseignements)
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