Message d’Aimé Techer

9 novembre 2012

« Laurence s’en est allée. C’était son heure... mais elle est juste derrière la porte.

"À Mort, la Mort".

Un cri qui me vient de là où je souffre : la disparition de Laurence. Mais de cette mort naissent en moi deux mots bien vivants : BEAUTÉ et LUMIÈRE.

Beauté : elle est restée Femme. Elle est devenue et restée Maman. Elle est militante et est restée militante, et à quel prix ! Femme, elle a toujours été la compagne de Paul, et ce, dans des moments atroces. Elle était présente et est restée épouse jusqu’à ce qu’elle s’est évanouie, il y a quelques jours. Maman, elle est restée et a su montrer son courage de Mère-Courage à ses enfants « obligée, obligés de changer chaque jour ou presque de lieu et de vivre l’insécurité, et les insultes qui venaient de ces bien-pensantes, de ces bien-pensants ». Elle savait les réconforter. Elle savait que leur Papa avait raison et lui témoignait sa fidélité et son amour de femme. Beauté elle est parce qu’elle n’a jamais cessé d’être au service des plus démunies, des plus démunis. Zorèy, elle est des nôtres. Elle est femme Kréol-Réunionnaise. Sa beauté : femme, épouse, maman et militante. Sa beauté, l’abnégation. Jamais elle ne s’est mise en avant. Jamais. Je peux en témoigner... nous nous connaissions.

Lumière : une guide. Lumière : un espoir. Lumière : quand tout va mal, quand fé noir lé là... humblement et confiantes, confiants, nous nous dirigeons vers cette petite lumière. Lumière : sa volonté de nous donner ce goût de la connaissance. Elle voulait que nous nous approchions de ce Monde de la connaissance. Elle a tout fait. Elle m’a donné ce sens de la culture : s’ouvrir vers les autres. Elle me disait avec son accent : « Le regard n’a pas de frontières, ni la connaissance... » et elle me disait : « la plus belle chose est d’accepter de commencer à apprendre ! » . Que serai-je devenu sans cette belle règle : accepter de commencer à apprendre. La porte vers la lumière... vers ce siècle des lumières qui honore tant notre France. Elle est de ce siècle d’aujourd’hui.

Lumière-étoile, je sais que chaque matin, alors que mon kèr i plèr zordi, je sais que chaque matin, à cette aube chère à Verlaine, je regarderai dans ce firmament tropical cette étoile que j’ai nommée "étoile-femme-maman-militante", et comme zétwal katrèr, elle saura me guider. »

Laurence Vergès

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