Message de Claudette et Jean

10 mars 2009

Nous reproduisons ci-après le message de Claudette et Jean Saint-Marc qui a été lu lors des obsèques de Marcel Baum hier au centre funéraire de la Ligne Paradis à Saint-Pierre.

À Hélène, Cécile et Myriam et Ombline.

Sur ses soixante et onze années de vie, Marcel nous a fait le cadeau de son amitié sur près de quarante ans. Une amitié véritable, profonde, exigeante, d’une exceptionnelle générosité et d’un total désintéressement. Amitié qui jamais ne s’est démentie même lorsque les stratégies politiques nous virent opposés.

Pour Marcel, avoir un idéal impliquait qu’il soit mis en œuvre dans tous les domaines de la vie.

Nous nous sommes connus en participant avec d’autres collègues à la création puis à l’animation de l’Institut Réunionnais de l’École Moderne – Pédagogie Freinet, nous avons rejoint ensemble le courant de “l’École Réunionnaise” et sa publication “Les Amis de l’École Réunionnaise” animée notamment par Raymond Mondon, Guy Éthève, Eugène Rousse et bien d’autres encore.

À l’occasion d’élections politiques, l’ADNOE d’abord, puis le mouvement progressiste, savaient pouvoir compter sur Marcel pour lutter contre la fraude. C’est toujours dans les bureaux les plus durs, comme à Tan-Rouge notamment, que Marcel acceptait d’être affecté et de tenir bon dans des conditions difficilement imaginables pour les jeunes générations.

Dans tous ces domaines, pédagogiques, syndicaux, associatifs et politiques, ne pas suivre les chemins officiels, seuls admis à l’époque, exposait à maints désagréments. Désagréments auxquels Marcel — dont l’attachement au Parti Socialiste s’est révélé également constant — ajoutait celui de devoir affronter une direction politique alors soumise aux directives préfectorales. Et jamais il n’a cédé.

À tous ces engagements ainsi qu’à l’amour qu’il portait à sa famille, Marcel y ajouta sans hésiter l’accueil de nos deux enfants non seulement dans l’école dont il était le directeur mais aussi dans sa maison, au sein de sa propre famille. Nos enfants étaient alors exposés à la vindicte d’une administration et aux agissements irresponsables d’hommes de main désireux de mettre fin au militantisme des parents en ciblant leurs enfants.
On le voit, il ne manquait pas de place dans le cœur de Marcel.

Et comme le pouvoir de l’époque ne s’embarrassait guère de principes, il passa aux sanctions économiques. Là encore, ce fut Marcel qui prit l’initiative d’organiser une collecte auprès d’une dizaine de personnes dont les noms nous sont restés inconnus afin que — cerise sur le gâteau de la délicatesse — nous ne nous sentions obligés en rien envers les cotisants. C’est cette collecte qui nous a permis de conserver notre maison.

Toutes ces actions ont exposé Marcel à bien des désagréments auxquels il a toujours fait face avec un calme — apparent — une détermination et une opiniâtreté qui parviennent souvent à décourager les conservateurs les plus acharnés.

Enfin, en créant Enfants du Monde-Réunion, Marcel a permis à nombre d’entre nous de se préoccuper de familles géographiquement si proches puisque vivant à Madagascar et auxquelles pourtant, en dehors des périodes de crises politiques, nous nous intéressons si peu.

Là encore, son engagement n’était pas de pure forme, là encore, les embûches ne firent pas défaut, mais là aussi, Marcel a réussi à susciter un rassemblement de bonnes volontés d’une réelle efficacité.

Lors des cérémonies d’adieux, il est de bon ton de louer les disparus. Mais ceux qui connaissent Marcel savent que ce que nous disons ici n’a rien d’un discours de complaisance. Tout est rigoureusement vrai.

Tout ne serait cependant pas dit si nous n’y ajoutions l’évidence de l’enchevêtrement de cette vie et de ces actions rendues possibles et si riches que parce qu’elles ont été tout du long conjuguées des prénoms de Marcel et d’Hélène.

Claudette et Jean


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