
La vérité lé tétu ! i pé pa tourn ali lo do kontinyèlman !
4 juillet, parMézami, mon bann dalon, si in zour in listorien i désside rakonte anou bien konm k’i fo listoir La Rényon, mwin lé sirésèrtin li va parl anou (…)
Le Port
27 décembre 2005
Madame Téwé était une de ces femmes du peuple profondément ancrée dans la réalité réunionnaise, dans sa culture et dans ses luttes. C’est avec une grande tristesse que nous avons appris qu’elle s’était éteinte hier matin à l’aube, dans sa 85ème année.
Madame Téwé - c’est sous ce nom qu’elle était connue de tous -, née Rita Picardo, a vu le jour en 1921 au Tampon. Son père était charpentier. Elle est arrivée encore très jeune enfant dans la ville du Port, où sa famille s’est installée dans le bas du grand bidonville de Cœur Saignant. Elle n’a pas connu les bancs de l’école, mais plutôt les différentes corvées de la vie quotidienne, puisque dès l’âge de 7 ans, elle aidait sa mère qui travaillait comme employée de maison.
À 18 ans, elle a fondé une famille avec un docker du Port. Ils vivront ensemble jusqu’à la mort de celui-ci, en 1967 - près de trente années - sans que l’un et l’autre n’éprouvent la nécessité d’officialiser par un mariage leur union, dont naîtront 8 enfants. Les trois premiers naissent durant les terribles années de la guerre et meurent en bas âge. Cinq autres enfants viennent par la suite constituer une famille dont il faut subvenir aux besoins et qu’il faut envoyer à l’école, une priorité aux yeux des parents. À la mort du père, Mme Téwé se bat, comme tant d’autres femmes du peuple, elle fait des ménages, elle est blanchisseuse, allant chaque jour “dann fond la rivière des Galets”.
L’esprit de lutte...
Connaissant les difficultés de la vie, c’est tout naturellement que Rita Picardo acquiert l’esprit de lutte. "Elle nous a appris dès notre jeune âge à participer aux luttes syndicales, avec notre père docker, aux luttes politiques, aux luttes des femmes aussi", se souvient une de ses filles. Elle a connu l’Union des Femmes de Sylvia Laugier et d’Isnelle Amelin. Elle a partagé les mauvais puis les bons moments des luttes électorales au Port, présente devant le bureau de vote lors du dépouillement, puis le soir devant la mairie.
Le journal “Témoignages” s’était invité chez elle dès 1959 : "C‘est René Dufestin qui avait abonné mon père, sous le nom de maman, et pourtant ni l’un ni l’autre ne savait lire. C’est moi la fille aînée qui lisait “Témoignages” à haute voix, en particulier durant toute la clandestinité de Paul... cela m’a même aidée pour le français !"
...et la fidélité aux ancêtres
Mais il est un autre domaine auquel Madame Téwé a voué beaucoup de son âme et de sa vitalité : les cérémonies et le “service kabaré”. Un monde auquel sa propre famille n’avait pourtant pas eu accès, mais qu’elle adopta dans un esprit de fidélité à la coutume qui prévalait dans la famille du compagnon de toute sa vie. Elle s’est appliquée trente années durant à honorer, chaque mois de novembre, la mémoire des ancêtres qui étaient venus d’Afrique sur la terre réunionnaise. Les ancêtres du quartier de Basse-Terre à Saint-Pierre ont toujours gardé fidèlement ce rite annuel, Mme Téwé le poursuivit en plein centre-ville du Port, à une époque - les années 70 - où le maloya n’avait pas droit de cité et devait "vivre caché".
Beaucoup des très nombreux amis qui sont tristes aujourd’hui se souviennent avec émotion de ces services de novembre, où Mme Téwé rendait d’abord hommage aux ancêtres dans l’intimité de la petite case familiale de Cœur-Saignant - pour avoir "un peu de lumière", santé, courage -, puis invitait tous les proches de la famille, tous les amis du quartier ou de passage, de tout âge et de toute condition, à partager la nuit dans la fraternité, autour d’un bon cari, et au son d’un maloya de feu qui ne s’éteignait qu’aux premières lueurs du jour. C’est dans cette nuit de Cœur-Saignant que nombre de jeunes Portois de l’époque ont découvert le maloya, à l’image des Bakoko, des Mahazi...
L’an dernier encore, Mme Téwé dansait avec recueillement son maloya, elle avait 83 ans... Pilier de ces “services kabaré”, Mme Téwé était également une catholique fervente, réussissant là cette alchimie de la foi si propre à La Réunion. Elle aura fait grandir ses enfants et ses petits-enfants, et d’autres qu’elle avait pris sous son aile, dans les valeurs de respect des luttes des anciens, de partage et de solidarité.
A. D.
o La section communiste du Port, le Conseil Municipal du Port, ainsi que la rédaction de “Témoignages” expriment leurs condoléances les plus fraternelles aux enfants de la défunte, Jean-Claude, Michèle, Daisy, Chantal, Georges, Aline, Kakou son petit-fils, ainsi qu’aux autres membres de sa famille.
Un message de Élie Hoarau
à Michèle et Chantale Picardo
Chères Michèle et Chantale,
c’est avec tristesse que j’apprends la nouvelle de la disparition de votre mère, Madame Marie Ritta Picardo.
Dans le deuil qui vous frappe, mes pensées vont d’abord vers vous deux, chères Michèle et Chantale, et vers tous les vôtres auxquels je présente, au nom du Parti Communiste Réunionnais et en mon nom personnel, mes sincères condoléances.
Élie Hoarau
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