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Hommage aux morts sans sépulture à Sainte-Suzanne
2 novembre 2018, par
Ce mercredi, la commune de Sainte-Suzanne a rendu hommage aux ancêtres morts sans sépulture. Une cérémonie était organisée à la stèle Edmond Albius au Bocage. Elle a salué la mémoire de tous ceux qui sont partis sans avoir été honoré comme des êtres humains.
Les rites funéraires sont une des pratiques culturelles les plus anciennes de l’espèce humaines. Les plus anciennes traces archéologiques remontent à plusieurs dizaines de milliers d’années. La célébration du passage de la vie à la mort existait donc bien avant l’agriculture. La Réunion a commencé à être peuplée voici à peine 350 ans. Malgré ce peuplement récent, la majeure partie de ceux qui vécurent sur ce territoire sont morts sans que l’on sache où ils ont été enterrés, faute de sépulture. Cette anomalie tient au fait que pendant plus de la moitié de sa courte histoire, La Réunion était dominée par le régime de l’esclavage qui considérait qui n’accordait le statut d’être humain qu’à une minorité. Les autres étaient vus comme des meubles, et étaient traités comme des choses durant toute leur existence. Rares étaient alors les esclaves qui avaient droit à un lieu rappelant leur mémoire une fois disparu. C’était la même chose pour ceux qui avaient choisi de s’évader et de constituer une société libre à l’intérieur de La Réunion. Certains ont laissé leur nom à des lieux, mais aucune trace de leur tombe n’existe. Ils vivaient en effet sous la menace perpétuelle de la mort ou de la capture, car ils étaient traqués comme des bêtes sauvages.
C’est pour rappeler cette histoire qu’à l’initiative de la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise, un premier hommage à ces morts sans sépulture avait été rendu par une collectivité le 31 octobre 2009. C’était la Région Réunion alors présidée par Paul Vergès. Une stèle avait été inaugurée ce jour-là au cimetière du Gol, en présence de nombreux représentants d’institutions et d’associations culturelles. Cette initiative a alors connu une extension dans des communes dirigées par le PCR. En effet, elle permet aux Réunionnais de s’approprier une période sur laquelle s’est abattue une chape de plomb, alors qu’elle représente plus de la moitié de l’histoire de La Réunion. Fidèle à cette tradition, la commune de Sainte-Suzanne a rendu cet hommage mercredi dernier, à la stèle Edmond Albius du Bocage.
La cérémonie a commencé par un dépôt de gerbe effectué par Maurice Gironcel au pied de la stèle. A suivi une minute de silence pour saluer la mémoire de tous ceux qui ont été privés de sépulture. Ce fut ensuite une écolière, Shibani, qui lit un texte de Victor Hugo sur le cycle de la vie. Georges Gauvin a ensuite fait une lecture commentée du Oté paru ce mercredi dans « Témoignages » sous le titre « Si in zour mi mor antèr amoin dosou pyé kamélya… ». Il rappela comment les esclavagistes arrivaient à contourner l’obligation qui leur était faite d’enterrer selon le rite catholique les êtres humains qu’ils avaient achetés. Il souligna que la pratique de déposer un bouquet à la « croix jubilé » des cimetières est un moyen de rendre hommage à ces personnes décédées, dont l’âme est considérée comme errante.
Maurice Gironcel est revenu sur la naissance de cette célébration, initiée par la Maison des civilisations et Paul Vergès. Il a ensuite cité l’exemple d’Edmond Albius. Alors qu’il était esclave, il inventa le processus de fécondation de la vanille. Ce fut le poids de départ du développement d’une importante filière, et de l’accumulation de grandes fortunes. Mais Edmond Albius vécut toujours dans la misère, il fut même emprisonné pour vagabondage. Il mourut à l’hospice de Sainte-Suzanne, et personne ne sait aujourd’hui où il a été enterré. Le traitement fait à ce personnage historique révèle l’importance de réparer cette culture de l’oubli visant une grande partie des ancêtres des Réunionnais.
Le maire de Sainte-Suzanne souligna l’importance de redonner vie à ceux qui ont été arrachés de leurs pays pour être réduits en esclavage à La Réunion et qui sont morts sans laisser de trace. C’est aussi un hommage à ceux qui ont choisi la liberté en se réfugiant à l’intérieur de l’île et à qui le même sort fut réservé. « Le peuple réunionnais a une histoire, il est issu de représentants de brillantes civilisations dont beaucoup devinrent esclaves. Dès le début, le flambeau de la liberté fut porté au cœur de l’île ».
C’était à une époque où l’esclavage était codifié par le Code noir rédigé par Colbert. La puissance de ce système était si grande que malgré l’abolition de l’esclavage par la Convention, cette mesure ne fut jamais appliquée à La Réunion. Et cela d’autant plus qu’un autre grand personnage de l’histoire de France, Napoléon Bonaparte, rétablit l’esclavage en 1802.
Maurice Gironcel rappela les indicateurs sociaux alarmants caractérisant La Réunion, notamment les 43 % de taux de pauvreté, les discriminations, le chômage. Aussi, une telle célébration doit « donner un sens à nos combats » car elle permet de « savoir d’où nous venons ». Ceci aidera à « continuer l’œuvre de ces combattants », notamment pour « relever le défi de l’égalité ».
En effet, « l’esclavage les a privés de sépulture, mais ils sont toujours là dans la mémoire collective ». « Tous les ans, nous essayons de rétablir cet oubli de l’histoire », conclut-il avant de proclamer : « oublie pas, continuons le combat ».
M.M.
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