Nicaise Posé n’est plus

17 août 2007

“Témoignages” a appris avec peine hier le décès d’un de ses fidèles lecteurs et grand militant du PCR, Nicaise Posé, à l’âge de 91 ans. Nous adressons toutes nos condoléances à sa famille. Eugène Rousse lui rend un vibrant hommage, auquel notre journal s’associe pleinement.

Nicaise Posé est décédé brutalement à Saint-Paul hier matin. Avec lui disparaît un Réunionnais qui, après avoir partagé les souffrances de ses compatriotes pendant le régime colonial, a inlassablement œuvré en vue de l’édification à La Réunion d’une société plus solidaire.
Né à Saint-Joseph le 3 février 1916, Nicaise Posé a été scolarisé d’abord à Saint-Joseph puis à Saint-Denis, où il a acquis une solide formation.
Lorsqu’éclate la Seconde Guerre mondiale, il est mobilisé et, comme beaucoup de Réunionnais, il est dirigé sur Fréjus, dans le Sud de la France. Il a à peine le temps de rejoindre le front, que l’armistice mettant fin à la “drôle de guerre” est signée le 22 juin 1940.
Nicaise Posé regagne alors son île, où il occupe un emploi de cheminot. Et après le ralliement de La Réunion à la France libre le 28 novembre 1942, il participe aux puissantes manifestations visant à obtenir la départementalisation de La Réunion et à empêcher la dissolution du CPR. (Chemin de fer et port de La Réunion). Celle-ci interviendra le 27 décembre 1950, en dépit des vives protestations des députés communistes de La Réunion, Raymond Vergès et Léon de Lépervanche, à la tribune de l’Assemblée nationale.

Gangstérisme électoral

Jusqu’au 31 décembre 1963, date de la fermeture définitive du chemin de fer, Nicaise Posé exerce les fonctions de chef de gare à Saint-Paul, à Saint-Benoît et à La Possession.
À Saint-Paul, son lieu de résidence, il milite activement dans les rangs communistes et devient, en avril 1953, l’adjoint au maire de la commune, Évenor Lucas. Celui-ci lui confie notamment la responsabilité des affaires scolaires. Une écrasante responsabilité à une époque où, en matière d’équipement scolaire, tout est à faire.
Le 8 mars 1959, il est de nouveau candidat à Saint-Paul sur la liste conduite par Évenor Lucas. Comme tous ses colistiers, il est victime du gangstérisme électoral initié par le préfet Jean Perreau-Pradier et encouragé par le Premier ministre Michel Debré.

Répression

Après la suppression du chemin de fer, en raison de l’engagement politique de Nicaise Posé, la Préfecture s’oppose au reclassement - auquel il pouvait prétendre comme tant de ses collègues cheminots - dans le service des Ponts et Chaussées.
Dans une lettre adressée à l’ingénieur en chef des Ponts et Chaussées le 21 avril 1964, le Secrétaire général de la Préfecture, Jean Cluchard, exécuteur zélé des basses œuvres des préfets Jean Perreau-Pradier et Alfred Diefenbacher, applique cette répression arbitraire et écrit : « j’émets un avis formellement défavorable à la demande d’emploi formulée par Monsieur Posé Nicaise ». Emploi que l’intéressé avait toutefois pu occuper du 16 au 28 avril 1954.

Une vie bien remplie

Congédié des Ponts et Chaussées, Nicaise Posé parvient à obtenir un poste de contrôleur dans une compagnie de transport routière. Poste qu’il perd à la mort du directeur de cette entreprise privée.
Pour survivre, l’ancien cheminot se fait jardinier. C’est d’ailleurs dans son jardin, méticuleusement entretenu, que je l’ai rencontré 3 jours avant son décès.
Nicaise Posé est mort au terme d’une vie bien remplie. Nul doute qu’au moment de l’ultime adieu ce vendredi à 15 heures au Guillaume, les responsables du monde associatif, au sein duquel il militait malgré son grand âge, lui exprimeront par leur présence leur immense gratitude.
Que ses enfants, petits et arrière petits-enfants si durement éprouvés par le deuil qui les frappe, veuillent bien trouver ici, l’expression de nos condoléances attristées.

Eugène Rousse


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