Hommage de la Région à Daniel Pavageau

’Nous honorons un grand Réunionnais’

19 septembre 2005

Une forte émotion a étreint l’assemblée réunie samedi à la Région, à l’invitation de son président, pour un dernier hommage à Daniel Pavageau, disparu tragiquement lundi dernier. ’Pavageau apparaîtra comme un des plus grands aménageurs de La Réunion’, a dit Paul Vergès de celui qui fut l’un de ses plus proches et meilleurs collaborateurs depuis plus de 20 ans.

"En 1983, c’est un Vendéen qui est venu à La Réunion. En 2005, c’est un Réunionnais qui disparaît". Ce furent quelques-uns des derniers mots par lesquels le président de la Région, Paul Vergès, évoquant l’engagement de Daniel Pavageau au service de l’aménagement de La Réunion, a explicité le sens de l’hommage préparé avec les plus proches collaborateurs du disparu - l’ARMOS, la SEDRE, le T.C.O - en présence de sa famille et de quelques amis.
L’hommage avait commencé par un bref propos de Pierre Vergès soulignant "le sens du partage" qui éclairait l’action du disparu. Puis il invita à une minute de silence, suivie de la suite n°3 de Jean-Sébastien Bach jouée par 9 élèves de l’orchestre à cordes du CNR, debouts sur la mezzanine.
Peu avant midi, ces quelques mots de Paul Vergès, en adieu - "Pavageau est l’exemple même du Réunionnais, il en a mérité le titre, et rien ne peut être comparé à ce qu’il a apporté à La Réunion" - suivis d’un gospel (Amazing grace) chanté par une très belle voix du chœur Solandra, ont fait chavirer la famille et les très proches du disparu.
Depuis le portrait géant tendu de la mezzanine sur toute l’aile orientale, dans le hall, Daniel Pavageau posait sur tous son regard direct et lucide, empreint de vérité fragile et de pudeur. C’était tout l’homme que La Réunion vient de perdre.
Le président de la Région, qui fut le premier à lui faire confiance, dès 1983, a voulu faire passer quelques messages forts sur la valeur de l’engagement humain, sur l’empreinte qu’il peut laisser dans le pays quelle que soit l’origine de celui qui sert.

"Générosité et liberté de pensée"

Michel Oberlé, pour l’ARMOS, a retracé "l’aventure exceptionnellement dense" qu’a représenté, sous la conduite de Daniel Pavageau, l’engagement collectif d’"une bande de furieux au caractère entier" qui, à force d’innovations dans tous les domaines - la recherche du matériau, la conception des ouvrages, la participation des habitants... - a fait de la SEMADER, jusqu’en 2001, "la première SEM de France", citée dans les domaines de l’équipement public, des RHI, du logement social et très social - locatif ou en accession à la propriété (plus de 6.000 en 15 ans) - des zones d’activité ou encore des zones touristiques et de loisir.
Pour le TCO, dont Daniel Pavageau présidait le Conseil de Développement depuis 2003, Jean-Claude Tatar a fait ressortir comment, sous l’impulsion du plus modeste des présidents, la population de l’Ouest a été associée au début d’une réflexion sur la conception de l’aménagement et comment, par "sa capacité d’écoute, d’analyse et de synthèse", et aussi par "sa générosité et sa liberté de pensée", il avait su "jeter des ponts entre les différents cercles" (de partenaires-NDLR). "Nous allons continuer", a-t-il dit en cédant le micro au président de la SEDRE, Jean-Marc Bénard qui, associant la présidente du Département, Nassimah Dindar, à son bref hommage, a fait part du choc reçu par tous - Conseil d’administration et personnel - lorsqu’a été connu l’accident qui, lundi dernier, a foudroyé ce "Réunionnais d’exception". Le chantier que Daniel Pavageau avait commencé à mettre en œuvre sera poursuivi "avec la même abnégation et le sens du service public", a conclu le président de la SEDRE.

" Un exemple"

Enfin, Paul Vergès a résumé en quelques idées fortes la collaboration exceptionnelle qu’il a eue avec Daniel Pavageau, que ce soit pour projeter dans l’avenir l’aménagement urbain du Port - dont Paul Vergès a été le maire de 1971 à 1989 - ou plus récemment, pour aborder le projet "qui devait dépasser tout ce qu’il a fait jusqu’à maintenant : la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise". "Il n’est pas un domaine où il n’ait pas mis sa trace sur la terre réunionnaise", a dit le président de la Région, en soulignant la "parfaite entente" qui les unissait dans la définition de la stratégie à suivre. "Nous avons eu peu de réunions, Pavageau et moi. On partageait les mêmes visions et au fil des années, j’ai vu qu’il suffisait d’avoir avec lui une réunion approfondie pour qu’il fasse ensuite, pendant des mois et des années, ce que nous avions rêvé ensemble. (...) à qui revient le plus grand mérite : au politique qui impulse la vision ou à celui qui sait la faire entrer dans la réalité ?".
Paul Vergès a vite reconnu chez son collaborateur quelqu’un qui savait "gagner la confiance de gens très différents" et un aménageur hors pair, qui n’a pas hésité à s’attaquer à "une des plus graves erreurs d’aménagement" faites à La Réunion, la liaison littorale Nord-Ouest.
Pour tout ce qu’il a fait, et sa façon de le faire, Daniel Pavageau est "un exemple" que les Réunionnais n’oublieront pas. "On ne meurt que quand on est oublié. Nous disons “adieu” au Vendéen qui va retourner dans la terre de ses ancêtres, mais pas au Réunionnais, qui reste ici à travers son œuvre", a dit Paul Vergès pour illustrer sa "vision historique de chaque destin individuel", en proposant de donner le nom de Daniel Pavageau à la salle où se réunit la Commission permanente.
Si tous ceux à qui il a rendu service donnent son nom à un équipement, la mémoire de cet homme d’exception marquera notre île "pour des siècles", à la mesure de l’amour qu’il a mis dans son œuvre.

P. David


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