Raymonde de Langlard s’en est allée comme elle a vécu : sur la pointe des pieds...

22 décembre 2008

Elle nous avait offert ses 100 ans le jeudi 13 mars dernier. Nous étions alors venus la saluer, l’embrasser, lui souffler quelques mots, quelques souvenirs. Nous nous étions précipités pour lui rappeler combien nous avions apprécié ces temps où elle savait nous dire d’un seul regard et derrière un seul sourire combien elle adhérait à nos faits et à nos gestes de mômes du quartier où nous grandissions pour un jour assurer nous aussi la tâche qui nous incomberait.

Odile-Hélène de Hainault qui, depuis plus de 20 ans, veille sur sa vie et l’aide dans son désir d’être lucide à tout ce qui continue d’avancer dans notre monde, Odile-Hélène de Hainault donc nous avait remis quelques-uns des poèmes que notre centenaire avait écrits quelques années auparavant encore. Nous les avions offerts à notre admiration et à votre curiosité tout en ne négligeant pas que, sans doute, les gardiens de l’Académie des belles lettres de notre île s’en sentiraient demain les dépositaires naturels. Ecoutez encore une fois Raymonde de Langlard :

« Le jardin est triste et les arbres pleurent,
Les feuilles froissées sont de toute part.
Dina est passé et notre demeure
Dans sa pauvreté se montre sans fard.
Un oiseau quand même, au fil électrique,
Vient de se poser avec un refrain,
Un petit oiseau et son chant magique.
A la chaleur d’une poignée de main.
On se sent aimé, c’est comme une fête
Qui dans notre cour ne veut pas mourir.
Et vous avez, sans la vouloir peut-être,
Au fond de nous fait la gaieté fleurir »

Tout naturellement, avec la même discrétion qu’elle avait eu tout au long de sa longue vie, Raymonde de Langlard s’est éteinte jeudi dernier pour que ses obsèques puissent avoir lieu au moment où ses compatriotes s’apprêtent à célébrer la fête d’une liberté toujours à consolider parce que fragilisée par une modernité incontrôlée.

Tout simplement, nous saluons la mémoire de cette petite dame qui restera longtemps dans notre souvenir comme une grande Portoise, une dame qui a su nous parler de son « vieux Port (qui) doucement accorde ses galets/Où viennent se briser les vagues océanes./A l’horizon, là-bas, le vent s’en est allé/En rêvant aux chalands qui sur l’eau se pavanent... ».

Raymond Lauret


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