Une des personnalités les plus appréciées des Français est décédée, Abbé Pierre.

Réactions

23 janvier 2007

Patrick Doutreligne, directeur général de la Fondation Abbé Pierre à Paris

« La Fondation va continuer le combat »

Au-delà de ses convictions religieuses, l’Abbé Pierre s’est engagé dans un combat laïque, mais aussi politique, pour la défense des plus démunis. Pour Patrick Doutreligne qui malgré l’émotion a bien voulu nous accorder quelques mots hier matin au téléphone, « c’était un combat politique mais dans le sens noble du terme, pour la vie de la cité mais pas partisan. Après-guerre, il a adhéré à un parti pour prétendre au poste de député, avec l’accord et sur les recommandations de l’église. Après le Conseil national de la Résistance, une nouvelle société se mettait en place et l’église voulait y prendre part. Mais l’Abbé Pierre a très vite montré que cette candidature était plus pour défendre ses idées que pour occuper un poste de député dont il n’avait pas l’assiduité. » Signe du destin, l’Abbé Pierre s’éteint quelques jours après que le gouvernement s’engage à apporter des solutions aux sans abris. Mais comment a-t-il réagi à la mobilisation des “Enfants de Don Quichotte” pour le logement des défavorisés ? « Plutôt de façon sympathique », explique le responsable de la Fondation si ce n’est qu’« il était embêté de constater que 50 ans après son appel, les mêmes problèmes ressurgissent. Il a fallu lui assurer que ça n’avait pas été inutile. Bien sûr, son combat a porté et même si les problèmes de logement ressurgissent ce ne sont pas les mêmes que ceux de 1954. La France était pauvre, ses caisses étaient vides. Aujourd’hui nous sommes dans une société riche qui a du mal à se pousser un petit peu pour laisser sa place aux plus modestes. Depuis plusieurs années, la Fondation a pris le relais et il était très fier qu’elle soit reconnue, validée et que la Cour des Comptes dresse dernièrement un rapport élogieux. » L’Abbé Pierre nous quitte, mais Patrick Doutreligne assure que son combat va continuer. « De la personne qui vient de partir, le symbole et l’icône vont rester. La Fondation va continuer le combat. Passé le choc de l’émotion, une fois que l’on aura accepté le départ de notre fondateur, on aura à redoubler de force vis à vis des Français, des fondateurs... Son image, ses écrits, ses encouragements, ses grandes phrases resteront avec nous. L’Abbé Pierre ne voulait pas de fleurs, pas d’hommage, mais que l’on apporte sur sa tombe les clés des maisons que l’on aura donné aux plus défavorisés. »

Christian Ballet, délégué général adjoint de la Fondation Abbé Pierre pour le logement des défavorisés de La Réunion

« Il nous a ouvert le chemin, tracé la voie »

L’Agence régionale de la Fondation Abbé Pierre fut en 1991 la première créée au plan national. Depuis plus de 10 ans, elle a mis en place un certain nombre d’actions pour le droit au logement pour tous (Boutique Solidarité, Relais social de Bellepierre, programme d’amélioration de l’habitat à La Montagne...), pour que le logement « ne soit plus une question d’actualité comme aujourd’hui avec trop de personnes à la rue, mal logées. » Depuis 4 mois, Christian Ballet occupe le poste de délégué général adjoint de la Fondation de La Réunion. Avant son départ, il a rencontré l’Abbé Pierre qu’il savait, comme ses collaborateurs, proche du départ vers d’autres cieux. Hospitalisé depuis une semaine, le décès de l’Abbé Pierre était annoncé. Néanmoins, « c’est triste d’avoir perdu notre fondateur, de savoir que l’on ne pourra plus le voir. On savait qu’il était très faible et appelait lui-même de ses voeux à partir. Maintenant, il faut rester positif, il nous a ouvert le chemin, tracé la voie. Notre travail va se poursuivre et s’intensifier. Les problèmes sont là, nous les connaissons. » Selon Christian Ballet, les différentes visites de l’Abbé Pierre dans notre île furent un signe d’encouragement. « J’étais avec lui à Madagascar où il avait été très touché par l’extrême pauvreté. À La Réunion aussi, la souffrance et la misère de trop de personne l’ont beaucoup ému. En même temps, il était très admiratif de la société réunionnaise dans sa pluralité de relations. »
Comme beaucoup de ceux qui avaient le privilège de côtoyer l’Abbé Pierre, Christian Ballet reste à jamais marqué par l’exception de cet homme. « Chacun retient quelque chose de particulier de l’Abbé Pierre. Pour ma part, c’est sa manière très à lui d’écouter le plus souffrant. Il a toujours été dans une situation de grande écoute, sans condescendance mais avec beaucoup d’amour, de patience. En même temps, il avait les mots, seul à pouvoir les prononcer, pour traduire à sa manière cette souffrance des gens, des mal logés. Il savait toucher le coeur sans faire de grands discours technocratiques, faire comprendre à ceux qui n’étaient pas dans le besoin qu’il faut savoir être attentif, regarder autour de soi et savoir s’engager. Je retiens une de ses phrases ou il disait qu’il fallait toujours une vitre cassée dans une maison pour toujours avoir la rumeur de la ville. Il avait aussi une foi profonde. Contrairement à ce que certains pensent, s’il a parfois pris des positions osées, marginales au sein de l’Église, c’était un homme de foi qui se réfugiait souvent dans la prière qui l’a aidé à continuer. »

Canda Swami Pillay, Président de la Ligue des Droits de l’Homme

« Nous sommes tous un peu orphelins »

C’est une triste nouvelle quand on connaît la vie de ce grand homme, une vie riche, bien remplie, à la cause de l’humanité. C’est lui qui a soulevé le débat sur les problèmes du logement, il y a une cinquantaine d’années. C’était quelqu’un d’ouvert à toutes les cultures et emprunt dans sa vie aux souffrances des plus démunis dont il a fait une affaire personnelle. Pour tout cela, nous sommes tous un peu orphelins aujourd’hui car l’Abbé Pierre était un peu un proche pour chacun de nous, un membre de nos familles. Pour toutes les associations, dont Emmaüs et la Fondation Abbé Pierre et pour l’ensemble de la communauté française, il nous laisse un grand vide. Mais il dirait, et c’est là sa modestie et son humilité, que toutes ses actions doivent continuer au-delà de sa personne.

Propos recueillis par Stéphanie Longeras


Monseigneur Gilbert Aubry

Un dynamisme prophétique

L’Abbé Pierre est retourné “à la maison du Père”. C’était d’ailleurs là où il avait établi sa véritable demeure. Je veux dire que cet homme, malgré ses faiblesses, était un véritable mystique, c’était un contemplatif actif. Il était habité par le mystère de l’Eternel Amour qui a créé tous les mondes et maintient la planète Terre et toute l’humanité dans son existence. Fasciné par la beauté de la création, il n’était jamais autant heureux que lorsqu’il contemplait les étoiles au cœur de la voie lactée. Sa prière montait à l’infini vers le Dieu créateur de toute vie.

Mais en même temps, il était habité par la souffrance de ses semblables qui le faisaient souffrir au plus profond de lui-même. Il avait pris au sérieux les paroles du Christ : « Ce que vous aurez fait au plus petit... c’est à moi que vous l’aurez fait ». D’où cette morsure d’un air de tristesse qui s’imprimait sur son visage. Le bonheur n’est possible que s’il est possible pour tous.

Le secret de son action persévérante, de son dynamisme, se trouve - me semble-t-il - dans la lutte contre le Mal, dans son attachement au Christ et dans le service de son prochain. Le Mal ? Dieu est un mystère, mais c’est sa nature d’être mystérieux : les êtres finis que nous sommes n’auront jamais fini de faire le tour de l’infini de Dieu. Mais comment donc un être de lumière comme Lucifer a-t-il pu se détourner de Dieu et pervertir la création en devenant le tentateur qui détourne du bien et pousse à faire le mal ? Là réside finalement le seul mystère... pour l’Abbé Pierre et pour moi. Nous en avions longuement discuté, ici même à La Réunion.

La réponse pour l’Abbé Pierre consistait à recevoir la “rançon du Christ”. Il s’agit d’accueillir en nous-mêmes le Christ Jésus comme celui qui rachète notre propre vie à nos propres yeux et aux yeux des autres en nous donnant la capacité d’aimer par Lui, avec Lui et en Lui. Dès lors, la question fondamentale n’est plus de théoriser à l’infini sur le mystère de Dieu et du Mal, mais de nous “brancher” sur le Christ pour pouvoir agir avec la puissance de l’Esprit qui fait toute chose nouvelle. L’amour n’est pas que du sentiment. Il s’agit de construire un projet ensemble. Et pour que les autres puissent disposer des conditions du bonheur, cela vaut la peine de donner sa vie pour que l’amour prenne un visage social et politique. C’était ce qui le brûlait et lui donnait ce souffle prophétique qui pouvait déranger mais pouvait mettre à l’action, aussi bien dans l’Eglise que dans la société.

Je ne suis pas près d’oublier ses trois voyages à La Réunion où il avait logé deux fois à l’évêché. Avec André Chaudières des Orphelins Apprentis d’Auteuil et Hubert Fournier, nous avions pensé que la Fondation Abbé Pierre avait sa place à La Réunion. C’est comme cela que cette institution a démarré localement avec Paul Hoarau qui a passé la main, ensuite quand il s’est engagé plus directement en politique. Et puis, il y a eu localement les Papillons d’Emmaüs et la boutique solidarité. Au moment où la figure emblématique de l’Abbé Pierre est plus forte que jamais alors qu’il quitte notre horizon terrestre, je souhaite que la Fondation qui porte son nom puisse continuer une action forte pour résoudre la question dramatique du logement. Que les Papillons d’Emmaüs puissent aussi se développer puisqu’il s’agit de plus en plus de recycler pour vivre “durablement”. Que tous nous puissions nous imprégner de la spiritualité de l’action de l’Abbé Pierre où il s’agit d’aimer son prochain comme soi-même. Ici à La Réunion et partout dans le monde.


Idriss Issop-Banian, Porte-parole du Groupe de dialogue interreligieux
L’Abbé Pierre fut l’ami des exclus, le défenseur des sans défense et l’éveilleur des consciences face à la banalisation de la misère humaine. Grâce à lui, bien des pauvres ont recouvré leur dignité et des raisons d’espérer. Je m’incline respectueusement devant la mémoire du croyant qui a mis toute sa foi et toute sa vie au service de son prochain. Que Dieu l’accueille dans sa Lumière !

Marc Kichenapanaïdou, Président du G.R.A.H.TER
L’hiver 1954 : le monde découvrait, à travers la mort d’une femme, l’Abbé Pierre. Son combat, pour les exclus, les sans-abris, les pauvres, a été un combat permanent. Il a été “la voix des sans voix”. La Fondation Abbé Pierre est orpheline aujourd’hui, mais la puissance de l’héritage de l’Abbé Pierre continuera.
L’Abbé Pierre ne craignait pas la mort. Il disait : « La mort, c’est la plénitude de la lumière ». Il nous appartient, à chacun d’entre nous, au niveau de notre responsabilité et surtout en ce début de compagne électorale pour la présidentielle, de trouver les moyens pour enrayer la misère dans notre société.

Teddy Soret , Président du PACT Réunion
C’est avec une profonde tristesse que nous avons appris le décès de l’Abbé Pierre. Durant toute sa vie, cet homme hors du commun a incarné les valeurs fondamentales de la dignité humaine, de la solidarité et de la fraternité entre les peuples, entre les individus pour défendre la cause des citoyens les plus démunis. Par sa présence, par ses réactions, par son regard, il nous a sans cesse montré le chemin d’une société meilleure et solidaire. Ce défenseur des victimes de la misère et de l’exclusion, laisse un grand vide à La Réunion qui sera douloureusement ressenti. En mon nom personnel, au nom de mon Conseil d’administration et du personnel de l’association PACT Réunion, nous présentons nos condoléances les plus sincères à ses proches.

Jean-Marc Gamarus, Secrétaire général URSO-C.G.T.R
L’Union Régionale Ouest CGTR salue la mémoire de l’Abbé Pierre qui vient de nous quitter ce lundi 22 janvier 2007.
Sa vie exemplaire et son combat permanent contre la misère, l’exclusion, le manque de solidarité dont sont victimes trop d’hommes, trop de femmes et trop d’enfants de notre pays doivent nous aider à réfléchir sur nos dérives afin de bâtir ensemble un monde plus juste et plus humain.
Par sa vie consacrée aux autres, l’Abbé Pierre nous montre le chemin de l’espérance et de la solidarité vraie.
Qu’il repose maintenant en paix.


Patrick Savatier, Porte-parole de l’association Momon Papa léla
Je suis profondément attristé de cette disparition. J’ai rencontré l’Abbé Pierre à 3 reprises. En Métropole, c’était dans les années 1982 et 1984, je voulais créer la Maison des chômeurs, des pauvres et des précaires. L’Abbé Pierre est venu nous soutenir. A l’époque, j’étais un jeune révolté, et c’est un bonhomme à qui je n’avais rien besoin de dire. Il savait cela depuis très longtemps déjà. Je n’ai pas honte de l’appeler mon père. Il fait partie de mes maîtres à penser, au même titre que Camus et Mandela. Il est parti, mais sa lutte continuera. Lui, en 1954, il interpellait les politiques. Là, il est mort, beaucoup vont venir se recueillir sur sa tombe. Lui a agi, et j’ai beaucoup appris de lui. Je ne peux pas dire que je suis l’héritier de l’Abbé Pierre, nous devrions l’être tous. Je suis affecté, mais je pense qu’il était heureux de partir. Il le disait lui-même. On lui doit beaucoup, à cet homme-là. C’était un homme d’église, mais son église était universelle, en chacun de nous. Nous continuerons à mener cette guerre contre la misère, comme il l’appelait, mais ce combat doit aussi interpeller chacun de nous ; le problème, c’est de savoir si chacun se sent investi de cela, s’il est prêt à agir. L’Abbé Pierre a su redonner un sens au mot Amour, et même à la qualité de cet amour. Je retiendrais toujours cette phrase de l’Abbé Pierre : « on ne possède que ce que l’on est capable de donner ». Lui a su le montrer. Que les politiques tendent l’oreille.

Jean-Hugues Ratenon, Président du collectif Agir Pour Nout Tout
C’est un homme de valeur, un passionné d’humanisme qui part aujourd’hui. Son départ est cependant mérité. Il a lutté jusqu’à sa mort. Pas lutté contre la mort, mais contre l’injustice faite aux précaires, aux mal logés, aux sans droits. C’est un homme de paix qui va se reposer d’une société violente, qui ne respecte pas la dignité humaine. Il faut se dire qu’il y a des gens qui ne mangent pas à leur faim, qui n’ont pas de toit. Et l’Abbé Pierre est un homme qui n’a pas cessé de dénoncer tout cela ; depuis 1954, il n’a pas cessé ses appels. D’ailleurs, à travers son départ, on peut noter un message. Il part se reposer, mais chaque citoyen qui se sent humain et qui prône l’égalité doit se sentir héritier de son combat et doit faire vivre cet héritage. Je ne me sens pas plus qu’un autre héritier de sa lutte. En fait, c’est à chacun de se mobiliser pour faire reculer la misère. L’Abbé Pierre n’est pas tombé dans le piège de la corruption et a continué à prôner les valeurs humaines. Son départ doit nous inciter à agir encore plus, puisqu’il n’est plus là. Avec humilité, les personnes doivent se mobiliser, mais il faut aussi la mobilisation des politiques. Après les discours, il faut des actes. Après l’annonce, s’il n’y a pas d’actions, il ne faut pas croire que les choses avanceront.

Georges Madarassou, Président de l’association Un toit pour vivre
L’Abbé Pierre, je l’ai rencontré en mars 1994 à la fondation Abbé Pierre. Nous créions l’association Un toit pour vivre, qui est devenu indépendant en 1995. en 1998, il est venu rendre visite à notre association et un appartement rue Maréchal Leclerc. C’est un grand homme, d’une grande valeur intellectuelle et humaine, proche de la misère, des gens en grande souffrance. Il avait un grand cœur et avait la possibilité de faire bouger les choses. C’est une belle âme que nous ne retrouverons pas de si tôt. Il n’est pas irremplaçable, mais sur tous les plans, il avait des idées de progression. Aujourd’hui, le logement est un fonds de commerce pour les candidats aux élections présidentielles. Moi, depuis 1994, je n’ai pas constaté de changements. Il y a beaucoup plus de gens, le foncier manque et on fait plus de routes que de logements. L’Abbé Pierre, lui, avait compris que pour lutter contre la misère, il fallait faire de l’emploi, pour sortir les gens de là. Ça reste un problème entier. Il suffit d’ailleurs de voir comment un érémiste reste coincé par le système.

Propos recueillis par Bbj


Élie Hoarau, Secrétaire général du PCR
Le décès de l’Abbé Pierre survient,
1 - à quelques jours du 53ème anniversaire de l’appel qu’il lança le 1er février 1954 pour dénoncer le drame moyenâgeux ayant vu une femme de 60 ans mourir de froid dans une rue de Paris ;
2 - alors que la situation des sans-logis du Canal Saint-Martin vient de fortement mobiliser l’opinion publique ;
3 - au moment où se tient à Nairobi le 7ème Forum social mondial rassemblant bon nombre d’associations qui se préoccupent des laissés pour compte d’une forme inhumaine de mondialisation :
4 - au matin de la mort d’un sans-logis broyé par un camion-poubelles dans les cartons lui permettant de s’abriter du froid.

Bien mieux qu’un long discours, la permanence de l’action de cet infatigable apôtre des exclus, d’une part, et les événements évoqués, d’autre part, soulignent à quel point aucun des gouvernements des deux dernières Républiques n’a su - tout au long d’un demi-siècle - prendre la mesure du drame de l’exclusion de millions de personnes privées de leur droit au logement. Droit pourtant reconnu par le Préambule de la Constitution de 1946, repris par la Constitution de 1958 et par l’article 25-1 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme.

S’il est indéniable que, durant cette même période, plusieurs dizaines de milliers de logements ont été construits, il est tout aussi évident que les politiques sociales mises en œuvre se sont révélées insuffisantes pour éradiquer ces situations de misère insoutenable.

Au moment où disparaît l’Abbé Pierre, son appel “Au secours !”, lancé en 1954 en faveur des laissés-pour-compte, reste d’une bouleversante actualité tant en France qu’à La Réunion même, ainsi que dans notre zone géographique. Puissent ces appels de détresse nous inciter, ici aussi, à imaginer ensemble les mesures qui feront que le droit à un logement décent devienne réalité.

Paul Vergès, Président du Conseil régional
J’apprends avec tristesse la disparition de l’Abbé Pierre cette nuit à l’âge de 94 ans.
Homme d’église, résistant, député, fondateur de la Communauté des Compagnons d’Emmaüs, toute sa vie, l’Abbé Pierre a combattu les inégalités et l’injustice sociale, notamment depuis cet hiver 1954, lorsqu’il lance son appel à la solidarité alors qu’une femme est découverte dans la rue, morte de froid, gelée, dans une France d’après-guerre dont l’euphorie de la reconstruction et l’avènement d’un nouvel ordre économique faisaient oublier les millions d’hommes et de femmes victimes de l’extrême pauvreté.
Son exemple doit éclairer les plus jeunes de nos compatriotes, leur rappelant constamment qu’« il faut être capable de s’indigner » et qu’il ne faut jamais renoncer lorsqu’on est convaincu de la justesse de ses convictions.

Nassimah Dindar, Président du Conseil général
La Présidente du Conseil général, Nassimah Dindar, se déclare attristée par la disparition de l’Abbé Pierre. Une disparition qui bouleverse tous les Réunionnais, la France entière. Elle salue l’engagement constant du fondateur d’Emmaüs, défenseur des pauvres et des mal logés. Reconnu par tous les Français pour sa générosité et sa ténacité, l’Abbé Pierre aura incontestablement marqué la vie sociale française. La Présidente du Conseil général adresse ses plus sincères condoléances à la famille de l’Abbé Pierre, à tous les membres de la Fondation Abbé Pierre, à tous les membres de sa communauté religieuse, à tous les amis de celui « qui a essayé d’aimer ».

Huguette Bello, Députée de La Réunion
Depuis plus de 50 ans, il était l’une des plus hautes consciences françaises. Au-delà de l’œuvre immense qu’il a accomplie, l’Abbé Pierre nous donne une leçon d’espérance : aucune vraie générosité n’est vaine. Plutôt que de le pleurer, il faut suivre son exemple. Il faut s’inspirer de sa simplicité hardie qui, passant par-dessus les difficultés et les prétendues impossibilités, va droit à ce que la justice exige. Il faut s’inspirer de sa solidarité qui, sans exclure personne, le tourne d’abord vers les plus pauvres et les plus démunis. Il faut s’inspirer d’un homme en qui la fidélité et la liberté, loin de se combattre, se renforcent réciproquement.
Huguette Bello souhaite que tous les Réunionnais, et tout particulièrement les jeunes, méditent sur le sens de la fraternité et le courage d’un homme qui, dès le très dur hiver 1954, n’a pas accepté que des êtres humains soient laissés à l’abandon, livrés au froid et à la mort par l’égoïsme et l’indifférence. Le message de l’Abbé Pierre, c’est que la générosité est constamment inventive, qu’elle est contagieuse, qu’elle donne de la joie.

René-Paul Victoria, Député-maire de Saint-Denis
C’est avec beaucoup d’émotion et une grande tristesse que j’apprends ce matin le décès de l’Abbé Pierre. Avec sa disparition, la France vient de perdre une grande voix de sa conscience collective. Résistant, fondateur de l’Association Emmaüs, défenseur infatigable des personnes les plus démunies, et en particulier celles privées de logement, l’Abbé Pierre, tout au long de sa vie, a mené un combat juste et courageux contre l’exclusion sociale.
Nous avons eu la chance de l’accueillir plusieurs fois à La Réunion, notamment à l’occasion de la création d’une boutique de Solidarité à Saint-Denis et d’un hôtel social. A chacune de ses visites, j’ai été frappé par son humilité et la force de ses convictions. J’adresse mes condoléances à ses proches ainsi qu’aux responsables de la fondation Abbé Pierre de La Réunion.

Maurice Gironcel, Maire de Sainte-Suzanne
C’est avec une grande tristesse que j’apprends le décès de l’Abbé Pierre. L’humanité perd un grand homme qui a su rester humble et mener jusqu’à son dernier souffle son combat pour le respect de la Dignité Humaine. Dans la constitution française : tout homme a droit à un toit pour vivre, ce qui n’est toujours pas le cas en France en 2007.
J’ai pu militer avec sa fondation à un moment donné de ma vie, dans le cadre syndical (CGT) d’une part et d’autre par, ayant vécu moi-même dans les HLM de la banlieue parisienne. La cause des “sans logements” est une cause juste qui a démarré avec l’abbé Pierre en 1946. Il combattait la misère sous toutes ses formes.
En tant que citoyen, maire de Sainte-Suzanne et militant du PCR, je perpétue dans mes prises de décision en matière de politique du logement, le combat engagé par Henry Groues (Abbé Pierre).
Le plus grand hommage qu’on puisse lui rendre est de poursuivre le combat qu’il a engagé et surtout respecter le quota de construction de 20% de logements sociaux par an dans toutes les villes de France et d’Outre-mer.

Jean-Pierre Espéret, Porte-parole des Verts-Réunion
Les Verts-Réunion saluent la mémoire de l’Abbé Pierre et son action en faveur des plus démunis de la France et du Monde, ils saluent, à travers lui, tous les bénévoles des organisations non gouvernementales qui œuvrent en faveur d’une humanité plus solidaire et souhaitent que ceux qui détiennent un quelconque pouvoir leur accordent, non une bienveillance médiatique, mais une véritable écoute et un vrai soutien.


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