Renforcer notre unité

23 avril 2008

Représentant la Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise à Fort-de-France, Françoise Vergès n’a pu participer au kabar fonnkèr “Laurent nout dalon”. Elle a envoyé ce texte à l’équipe organisatrice.

Laurent disait : « Nou lé pa plis, nou lé pas moin, réspékt anou ». C’est une remarque forte et importante. Elle est toujours d’actualité. Il faut encore aujourd’hui convaincre que la différence n’est pas une menace pour l’unité, que c’est même une condition de l’unité. C’est l’homogénéité d’une société qui est une menace, l’hétérogénéité est une richesse.

La France républicaine a toujours craint que les différences - linguistiques, culturelles, “ethniques” - constituent un danger pour son “indivisibilité”. Cette dernière a signifié l’écrasement des différences régionales dans l’hexagone et le mépris des cultures vernaculaires dans le monde colonial. L’idée de “mission civilisatrice” continue à hanter un discours politique et intellectuel. Le communautarisme “français de souche” est le symptôme d’un repli inspiré par la peur. Certes, les inégalités sociales encouragent cette peur, peur instrumentalisée par des responsables politiques, mais c’est une erreur de croire que la division entre citoyens “légitimes” et “étrangers” va faire avancer les luttes pour plus de justice sociale et moins de discrimination. Nous avons tous un devoir de solidarité envers les plus faibles.

Ce soir, je pense bien sûr à Aimé Césaire, disparu jeudi dernier et qui a donné une voix à notre colère et nos aspirations. La vie de Laurent s’est inscrite dans cette lignée, celles des femmes et des hommes qui n’ont jamais cessé de lutter contre l’arrogance des puissants, contre l’injustice, l’inégalité, et l’écrasement des faibles, et contre un droit qui instaure la sauvagerie, la guerre, l’oppression du plus faible par le plus fort.

Laurent aimait son île, ses paysages, sa musique, sa cuisine, son peuple. Il l’aimait passionnément. Il a voulu la servir. Aujourd’hui, à La Réunion, nous avons le devoir de poursuivre son engagement pour le renforcement de notre unité.


Fonnkèr po Laurent Vergès

Oté ! Gran Fra, moin la rant kom ou, pli rebèl ankor
Oté ! Gran Fra, moin rant po ou, pli rebèl ankor
Oté ! Gran Fra, moin la shant po ou, pli demièl an kor ?

Mon Granpèr la vot po ou, dann Sintandré la marsh po ou. Mon Granmèr la vèy si ou. Mon Moman la konï aou, mon Papa li pé kozé. Amoin mèm, la pa koz sanm ou. 88, kan lèr l’arivé, mi porté solman onz an, jour po jour, lané po lané.

Fonnkèr ? Fonnkèr ? Fonnkèr zot i vé ?

Laurent, alï mèm fonnkèr, kan mon péi té dor, lï té vé levé
Laurent, alï mèm fonnkèr, kan mon péi té mor, lï la gingn levé.
Laurent, konbienn jèn lé kome ou ? I vé soulangé, pa loin langété. I kri anou kaniar. « Les poètes sont des kaniars », la di Claire Karm. Lé vré, lé vré.
Laurent, Konbienn moun i vanz ankor ? la pï. I mank aou.

Banna la di amoin « Témoignages à Témoignages ». Mi voiyaj kome ou. Amoin osi, moin la gingn mon konviksion, mon lonër. Soman, mi vé maron. Témoignages la tir le marto, soman lï égiz son fosi. Nana travay po fé. Nana la rout po planté. La Rénion, n’ankor po lïté. Out parti, pa loin parti. Kosa na fé ?

Laurent, aou mèm i mank anou po amèn le péi, aou, le pli gayar zanfan la parti.
Laurent, banna i di ou lé ankor là, out zidé anparmi.
Laurent, kraz aou maloya, fé la kaz madame Baba.
Laurent, tap aou Vira, Sintandré dann fon laba.
Laurent, Laurent, banna i di, moin mi di pa ?

Nana po batay, ar’batayé.
Nana po lïté, ar’lïté.
Fruteau la rantré, dann salon la méri, èk son bando troi koulèr, po le pèp tout koulèr.
Kome ou la di ou mèm « Nou lé pa pliss, nou lé pa moin, respèk anou »

Fonnkèr ékri par Babou B’Jalah po “Laurent, nout dalon”

Laurent Vergès

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