Roger Rayeroux nous a quittés…

10 octobre 2018, par Raymond Lauret

Roger Rayeroux nous a quittés à l’âge de 88 ans ce week-end au terme d’une longue maladie. Ses obsèques se sont déroulées lundi 8, à Commune Prima. Autour de sa famille étaient rassemblés beaucoup de ses amis qui l’ont connu notamment dans le milieu du Sport.

Le Sport : un domaine qui lui a valu la reconnaissance de milliers de réunionnais et, peu avant 2010, je m’en rappelle très bien, la médaille de « Pionnier du Sport réunionnais » remise par la Région Réunion, sur proposition du CROS.

Tout jeune, Roger sera footballeur. Disons-le… il sera footballeur, comme l’étaient à peu près tous les jeunes gens à cette époque. Il n’y avait pas d’autre chose. Roger Rayeroux sera un footballeur de qualité qui se fera remarquer et qui, très rapidement, évoluera avec l’équipe première de La Patriote.

Dès l’implantation du basket comme discipline sportive de compétition dans notre île, Roger, sans doute en raison d’une taille qui le plaçait au-dessus de la moyenne, s’y retrouve évidemment. Et là aussi, il se fait remarquer. Et apprend à aimer ce Sport si différent de son foot de prédilection.

Il s’intègre si bien au milieu du Basket Ball que, vers les années 1965 / 1966, il est appelé par les dirigeants pour être membre du Conseil d’Administration de la Ligue. Très vite, il lui est demandé d’assurer la Présidence de cette Ligue qui manque cruellement de moyens.

Un temps fort dans ma vie puisque Roger, que j’avais eu à affronter depuis mon club de l’Escadrille sur « les petits terrains » du Rio ou des Aiglons, me propose d’être son Secrétaire Général. Comme la Ligue n’a pas de siège, c’est sur la terrasse de l’appartement où j’habite Rue Alexis de Villeneuve à Saint-Denis, que nous installons les bureaux de cette instance qui deviendra très rapidement « La Région Fédérale de Basket ».

C’est à cette époque que Roger Rayeroux nous révèle à tous son aptitude à être un pionnier dans le domaine du Sport. C’est en effet sous sa présidence que notre île reçoit pour la première fois de son histoire une équipe nationale de Basket. C’est une tournée menée avec des moyens financiers pour le moins modestes. Avec leur capitaine Michel Rat, les vedettes du basket français devront dormir dans le dortoir de l’école Saint-Michel à Saint-Denis et dans celui du Lycée du Tampon. L’occasion pour eux de se remémorer leur petite enfance en se livrant à de mémorables batailles d’oreillers, histoire de se dire aussi qu’ils étaient venus pour la bonne cause.

C’est alors surtout, sur tous nos terrains de basket, un spectacle jamais vu dans l’île, un spectacle d’une rare beauté, vécu dans l’intensité du haut niveau. Pour le public réunionnais, ce furent des instants de grand émerveillement Pour nos internationaux venus de si loin, la plus belle récompense sera une visite au volcan, avec réveil à 5 heures du matin pour ne rien manquer du soleil qui se lève sur la Plaine des Sables, depuis le car qui les transportait. De ce moment, j’en garde encore un souvenir ému. Je sais que Roger ne l’avait pas oublié lui aussi.
Cette visite dans notre île d’une équipe nationale a sans doute marqué plus d’un d’entre nous dans ce qu’elle avait comme sens politique, au sens le plus sportif de ce terme.

En effet, en 1972, avec d’autres responsables, notre île accueillait les équipes professionnelles de football de Nîmes et d’Angers, respectivement 2e et 4e du championnat de Première division. Enorme, comme évènement. Et puis, en 1974, ce fut l’apothéose : la venue chez nous des équipes nationales de hand-ball de Roumanie, alors championne du monde, et celle de France. Ce fut toute une série de rencontres, sur gazon ou sur plancher installé au centre d’un terrain de foot, des rencontres qui éveillèrent bien des vocations, dont celle d’un certain Jackson Richardson. La voie était ouverte pour que d’autres réunionnais se sentent attirés eux aussi par l’aventure du haut niveau.

Cette voie, avec le basket-ball, nous avait offerte quelques années plus tôt par notre regretté compatriote. Nous ne pouvons l’ignorer et encore moins l’oublier. Et nous voulons dire ici toute notre reconnaissance à Roger Rayeroux, lui qui fut aussi Président du Comité Régional de Boxe et de l’ORESSE.
En écrivant ce petit mot, j’ai conscience de traduire l’émotion de nombreux acteurs du Sport réunionnais. Acteurs d’hier et d’aujourd’hui. Acteurs de demain également. Tous reconnaissants…

Raymond Lauret

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