Roland Robert : hommage de Pierre Thiébaut

30 avril 2014

Mon ami, mon camarade, mon frère, Roland Robert, s’en est allé.

C’est avec une énorme tristesse que j’adresse à son épouse, à ses enfants et à toute sa famille mes plus sincères condoléances.

En ce moment difficile à traverser, je voudrais leur dire tout le bien que je pense de cet homme, exemple pour moi du militant sans faille, œuvrant et se battant sans cesse pour le bien être de ses administrés Possessionnais et de tous les Réunionnais dans leur diversité.

C’est à ses côtés que j’ai commencé, jeune étudiant, à participer à toutes les luttes pour que le Réunionnais soit un « homme debout ».

Au début des années soixante, habitant tous deux Le Port, nous nous réunissions souvent chez lui pour débattre des problèmes inhérents à notre société héritée du système colonial : injustice, inégalité sociale, absence de libertés de presse, d’opinion, de religion. Nos discussions et analyses débouchèrent sur la création de l’ODJR (Organisation Démocratique de la Jeunesse Réunionnaise). Ces réunions, au Port, devinrent le centre de la conscientisation de jeunes voulant prendre en main la destinée de leur pays. Roland Robert prit, avec quelques autres camarades, la tête de ce combat.

Une telle prise de position à une époque où la dureté de la répression préfectorale sévissait à l’égard des progressistes proches du PCR, allait bien sûr entrainer une réaction immédiate de la part de l’administration.

En octobre 1960, pendant la guerre d’Algérie, une ordonnance a été prise autorisant les préfets à expulser vers la métropole les fonctionnaires qu’ils jugeaient indésirables sur leurs territoires. Roland Robert paya au prix fort son courage politique et fut parmi ces exilés politiques victimes de la répression et quitta son île en juin 1961.

Le séjour en métropole fut difficile pour beaucoup d’entre-eux : mon père, Georges Thiébaut, victime de l’Ordonnance à son tour, les rejoint en février 1962. Les visites que Roland Robert lui rendait lorsqu’il descendait avec d’autres exilés dans le Sud, à Marseille, étaient pour mes parents qui les recevaient d’immenses moments de fraternité et de soutien mutuel.

Mon séjour en Métropole dura jusqu’en février 1967. En mars 1971, mon ami Roland, lui aussi de retour dans l’île, reprit le flambeau de la lutte, et fut élu maire de la Possession.

A son deuxième mandat en mars 1977, il me demanda d’être son colistier, ce que j’acceptai de bon coeur. Pendant 6 ans le travail ne nous manqua pas ; nos réunions hebdomadaires du mardi soir se terminaient à des heures impossibles car on discutait de tout et les questions posées par les administrés ne manquaient pas. D’autre part notre souci premier était le développement harmonieux de la Commune : où développer les réseaux électriques ? Comment alimenter en eau tel ou tel quartier ? Comment développer le sport à travers tous les quartiers ? Comment aider les associations sportives et culturelles à se structurer ? Où installer écoles et collèges ? Etc. Notre but étant de transformer un « bourg de pêcheurs » en une ville moderne.

Cet objectif fut le fil d’Ariane qui guida l’action de mon ami Roland pendant ses 5 autres mandats qui ont suivi et qui ont vu sa réélection sans coup férir sur une longue période de 42 ans.

Aujourd’hui, victime d’un A.V.C qui ne l’a pas épargné. Roland nous a quittés. On retiendra de lui qu’il a été l’ouvrier infatigable qui a forgé l’âme d’une ville où il fait bon vivre, où le taux de chômage est un des plus faibles de l’île, où chacun, même venant de l’extérieur de la commune trouve sa place, où la pratique sportive, la culture, l’éducation sont aujourd’hui bien inscrites dans le paysage communal possessionnais.

A mon frère de combat de toujours, je dis merci au nom de tous ceux qui ont cru en toi et t’ont vu oeuvrer au bonheur de tous, n’en déplaise à tes détracteurs.

Pierre Thiébaut,

Fidèle et fraternel.

Parti communiste réunionnais PCRRoland Robert

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