Hommage au père Payet

« Si fo lévé donn na lévé »

14 novembre 2011

Samedi dernier au cimetière du Gol à Saint-Louis, Kabar Souvnans pou Pèr René Payet.

Ils étaient plus d’une centaine rassemblés au cimetière dit du Père Lafosse, à Saint-Louis, pour un dernier hommage au Père René Payet. À l’invitation de Reynolds Michel, de Brigitte Croisier, de la famille du défunt et de Claude Hoarau, maire de Saint-Louis, les militants, croyants et amis, présents dès 10 heures sous le soleil du Gol, ont évoqué la mémoire de cet homme d’exception, qui fut tout à la fois homme d’Église et militant communiste, candidat à la députation sous l’étiquette PCR, artisan de la renaissance du maloya, animateur du groupe “Témoignages chrétien de La Réunion” (voir encadré), rédacteur en chef du journal éponyme, journaliste à “Témoignages”, dirigeant d’un mouvement politique.

Recueillement et esprit de révolte

Un caractère qui combinait douceur et radicalité, une confrontation quotidienne de l’engagement à la réalité des conditions de vie des plus faibles, une volonté de rassembler pour une Réunion réunionnaise… Ces traits ont été évoqués par les intervenants qui se sont succédé à la tribune. Brigitte Croisier et Laurita Alendroit ont souligné les engagements culturels du Père René Payet, hommage prolongé en musique par Lansor, Firmin Viry, et Arsène Cataye, et en poésie par Carpanin Marimoutou. Précédant l’évocation du défunt par sa famille, le rassemblement connut un temps fort avec le dépôt d’une gerbe au pied de la stèle dédiée à la mémoire des Réunionnais morts sans sépulture, inaugurée par Paul Vergès le 31 octobre 2009. Un moment à l’image de l’homme, où à la tranquille montée des fumées d’encens se mêlait le maloya révolté porté par les bobres et les kavia… Nou la kabosé dann fon la/Po nou di domoune/Alon tyinbo nou larg pa/Pou nou kas la shénn zésklav la/Malizé révolté ansanm po war/Mon nasyon mélanzé i vé flanbé mo frér/Si fo levé donn na levé/Si fo levé donn po levé.

Un combat fondamental

Concluant l’échange, Claude Hoarau a évoqué la signification politique et l’héritage de l’engagement politique du Père Payet. Toute sa vie, a rappelé le maire de Saint-Louis, ce Riviérois n’a cessé de se battre auprès des plus pauvres, non seulement pour soulager leur peine immédiate, mais pour sortir d’un modèle qui porte en lui-même les injustices fondamentales, « en allant vers une Réunion toujours plus réunionnaise, une Réunion enfin réunionnaise ». « Contre ceux-là », ajoute Claude Hoarau, la puissance coloniale n’a pas ménagé les attaques et les pièges. Aujourd’hui, cet héritage est recueilli par ceux qui combattent, eux aussi, pour une Réunion réunionnaise ».


Extrait de la Charte fondatrice du groupe “Témoignage chrétien de La Réunion” (1970)
L’évangile a pour nous une portée révolutionnaire : il est la bonne nouvelle de la libération contre l’oppression sous toutes ses formes. Oppression incarnée dans l’Ancien Testament par les « puissances » et les « dominations », par les lois pharisaïques, en un mot par la mort… Autant l’oppression dont la mort et la résurrection du Fils de l’homme préfigureront la libération.
Face à une telle perspective, tout neutralisme devient anti-évangélique, car il est silence, compromission avec les dominations toujours agissantes, avec les systèmes d’oppressions actuellement en place.
L’Évangile, pour ne pas être un mensonge, exige une insertion effective dans le combat des hommes pour leur libération ; il nous entraîne dans les luttes que nous menons avec le peuple réunionnais pour une société plus juste et plus fraternelle. Notre combat politique, sans se déduire de l’Évangile, en est pour nous une exigence.
De là découle notre double objectif :
a) Face à une théologie de l’ordre et de l’obéissance, manifester la portée révolutionnaire de l’Évangile, comme exigence de justice et contestation des pouvoirs établis.
b) Dénoncer toute complicité de l’Église établie et de cet ordre que nous voulons supprimer.

Les chrétiens de “TC” se veulent de l’Église, car ils pensent qu’elle a un rôle prophétique pour aider l’humanité à se libérer.
Précisons que pour militer dans le groupe “TC”, il suffit d’en accepter les buts et les méthodes ; il n’est pas nécessaire d’être croyant ou chrétien.

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