Réunionnais et Sri-Lankais ensemble pour un hommage

Solidarité avec les victimes des attentats de Pâques au Sri-Lanka

4 mai 2019, par Manuel Marchal

Un rassemblement de solidarité avec les victimes des attentats au Sri Lanka perpétré le jour de Pâques a eu lieu hier soir à Saint-Denis, à l’esplanade des Droits de l’Homme de Champ-Fleuri. Cette manifestation organisée par la Ligue des Droits de l’Homme et le Groupe de dialogue inter-religieux a été marquée par la présence de plusieurs dizaines de réfugiés sri-lankais arrivés récemment dans notre île, dans l’attente du traitement de leur demande d’asile.

À l’initiative du Groupe de dialogue inter-religieux et de la Ligue des droits de l’Homme, un rassemblement de solidarité avec les victimes des attentats au Sri-Lanka s’est tenu hier soir sur l’esplanade des Droits de l’Homme à Saint-Denis. Le jour de Pâques, plusieurs attentats dans des églises et dans des hôtels ont fait plus de 250 morts.

Aux alentours de 17 heures, les participants ont convergé sur l’esplanade. Parmi eux se trouvaient plusieurs dizaines de réfugiés sri-lankais arrivés ses dernières semaines à bord de bateaux de pêche. Ils sont toujours dans l’attente d’une décision concernant leur demande d’asile à La Réunion.

L’hommage a commencé par une prise de parole d’Idriss Issop Banian, président du Groupe de dialogue inter-religieux. Il a fait part de sa condamnation la plus ferme d’actes terroristes odieux qui massacrent des fidèles dans leur lieu de culte, une insulte à l’humanité.
Le GDIR exprime son affectueuse proximité et compassion aux familles victimes, et sa solidarité envers la population touchée. « La violence ne l’emportera pas sur l’espérance ».

« Nous ne céderons pas à la peur »

Christine Sudnokowicz, de la Ligue des droits de l’Homme, a tout d’abord réaffirmé que « nous ne céderons pas à la peur ». Elle a rappelé qu’en avril 2019, 12 attentats n’ont épargné aucun continent, faisant plus de 400 victimes. L’objectif est toujours le même : semer la terreur. « Face à la haine, nous devons opposer la puissance de notre lucidité, la force de nos convictions. Il est de notre responsabilité collective de faire vivre, ici et maintenant, nos valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. Ces valeurs constituent tout à la fois notre patrimoine commun et nos armes pour combattre la barbarie ».
D’où l’importance de l’éducation, pour expliquer et valoriser « nos principes de liberté de pensée, de conscience et de religion ». Et la représentante de la Ligue des droits de l’Homme de conclure : « nous voulons puiser dans le recueillement d’aujourd’hui en mémoire des victimes, la force de nous réunir pour refuser les replis identitaires ou communautaires, et agir en conséquence pour faire vivre nos fraternelles valeurs communes ».

« Agir en faveur de l’unité du peuple »

Julie Pontalba est ensuite intervenue au nom du Mouvement réunionnais pour la paix. Elle a tout d’abord donné lecture du communiqué que son organisation a publié juste après les attentats, rappelant notamment que « les émotions sont très fortes dans une société réunionnaise qui prône le dialogue inter-religieux. Nous sommes, de plus, plongés dans le contexte d’arrivées successives de migrants issus de ce pays, cela en rajoute donc à la sensibilisation des Réunionnais face à ces événements dramatiques ».
Elle souligna ensuite : « que ce soit ici, au Sri Lanka ou ailleurs dans le monde, nous aspirons toutes et tous à vivre le plus longtemps possible, en bonne santé physique, mentale et en paix. Pour cela, on ne peut pas bâtir une société où le bonheur des uns signifie le malheur pour les autres. Peu importe les motivations, ceci est impensable. Alors, oui, nous osons le dire : le terrorisme n’a pas d’avenir ». « Pour en finir avec le terrorisme, nous devons lui opposer l’éducation à la paix et agir en faveur de l’unité du peuple, en particulier l’unité des peuples à La Réunion », conclut-elle.

« Aucune cause ne peut justifier »

Houssen Amode, président du Conseil régional du culte musulman (CRCM), a mis en avant l’inlassable travail de faire passer un message de paix auprès de la société, et notamment les jeunes. Le respect mutuel et le souci de cohésion sont des valeurs maîtresses du Groupe de dialogue inter-religieux, a-t-il dit en substance.
Pour Houssen Amode, « cette guerre déclarée est une négation de l’humanité ». « Au nom du CRCM, je condamne de la manière la plus forte ces crimes odieux qu’aucune cause ne peut justifier, encore moins l’islam ».

Mgr Gilbert Aubry a conclut les prises de parole. « Tout l’or du monde ne vaut pas un visage humain. Et chaque visage humain vient signer une évolution où l’Homme, les hommes et les femmes sont appelés à bâtir cette fraternité sans frontières à laquelle rêvent les poètes et pour laquelle les prophètes sont capables de donner leurs vies », a-t-il souligné. Rendant hommage aux victimes, il a déclaré que « ces défunts sont dans nos cœurs et dans les cœurs de leurs frères migrants actuellement à La Réunion. Il nous faut nous tenir debout (…) ces martyrs chrétiens tués dans leurs lieux de culte proclamaient par leurs prières que toute minorité doit être respectée avec ce qui fait ses raisons de vivre dans un pays où les légitimes diversités doivent se conjuguer pour construire le bien commun ». Et de conclure : « il nous faut nous laisser nous remettre en cause par « Le Vivant » pour être ensemble, pour vivre ensemble, pour mieux vivre ensemble dans le même souffle de vie, ici et partout dans le monde ».

Lettre des Sri-Lankais aux Réunionnais

Des officiants de différentes religions pratiquées à La Réunion ont ensuite chacun dit une prière.

Lecture a été ensuite faite d’une lettre des migrants sri-lankais aux Réunionnais. Ils expliquent leur motivation à fuir une situation où leur vie est en danger. Ils s’excusent auprès des Réunionnais d’être entré sans autorisation. « Nous aimerions vivre une vie plus humaine, et votre pays protège la vie. Nous vous demandons humblement la permission de rester dans votre pays. S’il vous plaît, ne nous renvoyer pas au Sri-Lanka ».

Une lecture collective de la prière du GDIR pour la paix a été alors effectuée. Elle a précédé un dépôt de gerbe qui fut suivi par une minute de silence. Les participants ont alors tous été invités à se prendre par la main, avant d’aller partager une collation.

M.M.

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