Au Bénin

Trois jours de deuil national en mémoire d’Aimé Césaire

21 avril 2008

Le gouvernement béninois a décrété un deuil national de trois jours à compter du vendredi 18 avril pour rendre un hommage au poète martiniquais, Aimé Césaire, décédé jeudi matin à l’âge de 94 ans, a appris l’Agence de presse africaine de source officielle.
Selon un communiqué du Conseil extraordinaire publié jeudi soir à Cotonou, le peuple béninois, à travers son gouvernement, exprime sa grande compassion à la famille de l’illustre disparu et à tout le peuple Martiniquais.
« Durant les trois jours de deuil, tout le peuple béninois s’incline devant la mémoire du grand poète Aimé Césaire », indique la même source
Par ailleurs, plusieurs écrivains béninois ont rendu ce jeudi dernier un vibrant hommage à l’homme de Culture et chantre de la Négritude, Aimé Césaire.
Pour Florent Coua Zotti, « Césaire est le plus grand écrivain francophone et représente un monument de la littérature mondiale de par la puissance de ses écrits qui s’inscrivent dans un combat de l’homme noir humilié qui veut retrouver les valeurs de dignité, de l’humanité ».
Ce combat dépasse, poursuit-il, le simple fait d’une revendication raciale et est devenu le combat de l’homme tout court contre l’indignité et l’humiliation de l’Homme. Appréciant l’écriture de Césaire, l’écrivain béninois le plus en vue de la jeune génération a indiqué qu’il s’agit d’« une écriture d’écorché vif, une écriture de la déchirure qui puise ses racines dans sa créolité qui, en elle-même, est un avatar de sa culture multiséculaire africaine ».
Pour sa consœur Adélaïde Allagbada, « c’est un baobab qui vient d’être terrassé par la mort ».
Césaire était un homme très actif jusqu’à la fin de sa vie qu’il a passé à fustiger les inégalités, a-t-elle indiqué.
Il s’est battu contre la misère de l’homme noir et des populations qu’il côtoyait et a beaucoup contribué à l’émergence de la race noire. Ce grand homme a passé toute sa vie à défendre les notions de dignité, d’amour des autres et de patriotisme, a-t-elle poursuivi.
Homme politique très discret, Césaire laisse à sa progéniture un exemple de détermination et de patriotisme, a souligné Mme Allagbade, considérée comme la plus prolixe des écrivains béninois.


Hommages de Samuel Mouen à Aimé Césaire

L’Afrique perd un fils aimé et respecté

AIME CESAIRE avait consacré une majeure partie de ses réflexions aux activités de l’esprit, au rapport de l’intelligence, de l’activité intellectuelle. Il avait une capacité de compréhension rare, une facilité, voire, une faculté de connaître qui faisait de lui, un grand esprit de la littérature et, de surcroît, un homme capable de s’adapter facilement aux mutations que nous imposent les dimensions de la société humaine (socials, philosophiques ou politiques).
AIME CESAIRE était aussi, et surtout, un roseau pensant, courageux, responsable et fort, qui ne dépendait d’aucune autorité. Un homme dont l’humanité a nécessairement besoin et à laquelle il manquera sans aucun doute.
Le vide que laisse AIME CESAIRE de ce point de vue, sera difficile à combler, tant il était distingué dans toutes ses entreprises. Je tiens à saluer tout particulièrement, ce fils exemplaire qui manifestait à toutes les occasions un profond respect aux ancêtres, à nos aïeux. De plus, il ne manquait pas, non plus, aucune occasion de se comporter comme un père, avec la condition qu’implique cet appelatif. Créateur exceptionnel dans l’art du langage, père, intellectuel, poète, L’Afrique perd en AIME CESAIRE un fils respecté et aimé.
Au nom des amis de l’Afrique, sans exclusive, je salue l’homme, le poète, l’intellectuel Aimé Césaire !
Pour les Amis de l’Afrlque,

Samuel MOUEN


Le CRAN demande plus de reconnaissance pour le grand homme que fut Césaire
Paris, le 19 avril 2008

Le CRAN dénonce une opération d’édulcoration de la pensée de Césaire et appelle à un hommage populaire ce samedi 19 avril à 17h Place du Panthéon.

Au moment où les honneurs officiels mérités affluent pour Aimé Césaire, le CRAN s’interroge sur cette soudaine découverte du chantre de la négritude
et appelle à redécouvrir le sens exact du message de Césaire.
Nous nous interrogeons en particulier sur les arrière-pensées de ceux qui ensevelissent Aimé Césaire sous les honneurs en ignorant sa révolte contre les injustices et contre la négation de l’homme noir !

Le CRAN n’oublie pas que peu d’honneurs ont été rendus à Aimé Césaire de son vivant.
Ni le prix Nobel de littérature, ni l’entrée à l’Académie française ne lui ont été proposés.

Beaucoup demandent aujourd’hui son entrée au Panthéon !

Aimé Césaire a sans aucun doute possible, sa place au Panthéon, comme tous les grands hommes qui ont servi la patrie, mais nous craignons qu’une panthéonisation trop rapide ne serve uniquement à se donner bonne conscience.
Aimé Césaire a servi la Martinique et il a servi la France. Cependant, si Césaire a fait l’histoire de France, il a aussi fait l’histoire de la Martinique et le repos éventuel de sa dépouille aux côtes des autres grandes figures françaises ne doit pas contribuer à priver la Martinique de son héros.

Le CRAN suggère l’apposition d’une plaque au nom de Césaire au Panthéon.

Le CRAN dénonce l’opération de récupération en cours car cette récupération omet les combats de Césaire : la lutte contre le colonialisme, que certains essayaient encore de justifier tout récemment, et la dignité de l’Homme noir, dont l’existence même est niée, jour après jour, par d’autres personnes.

Aujourd’hui, le combat et la parole d’Aimé Césaire, méritent d’être portées aussi en Métropole et le CRAN associé à plusieurs associations appelle tous nos concitoyens notamment ceux qui ne pourront pas se rendre à Fort-de-France pour les funérailles, à se retrouver aujourd’hui samedi 19 avril à 17h Place du Panthéon à Paris pour un hommage populaire à Aimé Césaire.

Contact :
Patrick Lozès,
Président du CRAN,
Tél : 06 85 93 95 45
E-mail : [email protected]

Aimé Césaire

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