Hommage à Arnaud Dormeuil à la Région

Un artiste de la diversité réunionnaise

4 décembre 2008

Hier à la Région, c’est un « grand Réunionnais » qui a été honoré.

Le Président de la Région Réunion a invité à tirer les leçons de cette vie trop courte mais riche de sens et de valeurs. (photo Toniox)

Avec des mots, avec des gestes, avec de la musique, la famille et les amis d’Arnaud Dormeuil lui ont exprimé une fois encore leur fidèle affection. Ils et elles étaient très nombreux à la Région hier soir pour cet hommage émouvant.
Chantal, Louis, Marie-Hélène, Romuald, Scolastique, ses frères et sœurs l’ont fait revivre à travers les souvenirs partagés. La famille des artistes, Jean-Luc Trulès, Nicole Dambreville, Emmanuel Genvrin, Dominique Carrère, Lolita Monga ont rappelé chacun à sa manière ses talents et sa force de travail. Il est monté sur scène 1409 fois, a rencontré 325.000 spectateurs à travers 30 spectacles : voilà l’ampleur de sa vie d’artiste !
Après ces témoignages qui l’ont rendu à nouveau présent parmi nous, le Président de la Région Réunion a invité à tirer les leçons de cette vie trop courte mais riche de sens et de valeurs.
Paul Vergès voit dans Arnaud Dormeuil un de ceux qui par son origine modeste a fait partie de cette composante de la population qui n’a pas bénéficié autant que d’autres de la promotion sociale. Terrible injustice alors que leurs ancêtres ont vécu le pire de la courte histoire de La Réunion : l’esclavage. En même temps, « il a pu accéder à la notoriété et devenir un exemple parce qu’au-delà du poids des origines, il a été un artiste, un intellectuel qui s’est réalisé en se plongeant dans l’héritage du peuple réunionnais ». En particulier, il a montré que « la langue réunionnaise pouvait inspirer la poésie, l’avenir, l’élégance, que la langue créole était une langue d’artiste, une langue d’intellectuel ». Il s’est également appuyé sur la tradition culturelle du chant, de la musique et de la danse où l’on reconnaît l’héritage malgache et africain, un héritage qui est une composante importante de la réalité réunionnaise.
En fond de scène, l’image malicieuse d’Arnaud et de son accordéon était là pour confirmer, illustrant ce que Dominique Carrère avait souligné plus tôt : « Arnaud té i respir la mizik ! » ainsi que son frère Louis avec « in ti kou mizik la bous » et l’écho de "Tropicadéro" de Jean-Luc Trulès.
Parce que l’art véritable est toujours création dans la rencontre, Paul Vergès notait qu’Arnaud Dormeuil avait su marier les éléments de la tradition réunionnaise avec des formes d’expression peut-être moins enracinées comme le théâtre. Hommage était rendu, au passage, à la Troupe Vollard qui lui avait donné cette chance.

Un «  zarboutan nout kiltir  »

Et quand on est un artiste, on l’est aussi dans sa vie. « Sa création dans sa langue, dans sa danse, dans sa musique a été un élément de sa vie personnelle et ce qui frappait c’était sa capacité à transmettre les valeurs réunionnaises. On est vraiment un Réunionnais quand on puise dans son héritage culturel et qu’on s’ouvre aux autres » précisait le Président du Conseil régional.
Ce qu’a fait, ce qu’a été Arnaud Dormeuil est donc à la fois une source de réflexion, un exemple et une exigence. S’il a su surmonter des situations difficiles, s’il a su s’appuyer sur son héritage réunionnais pour le valoriser et le faire partager, il est bien un « zarboutan nout kiltir » qui « nous fera progresser dans nos propres valeurs ». Il faut que d’autres Arnaud se lèvent, d’autres exemples de la « diversité enrichissante de notre identité réunionnaise. »
Parce qu’il a été un « grand Réunionnais » que doivent connaître les futures générations, annonce a été faite que le Centre régional dramatique pourrait porter son nom : une annonce saluée par de vibrants applaudissements.
Après les dernières notes de musique portées par de jeunes talents du Centre de rayonnement régional, les uns et les autres avaient du mal à se quitter, tant ils avaient encore de souvenirs à partager.

Sarah Louise


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