Missak Manouchian, résistant communiste d’origine arménienne

Un communiste entre au Panthéon

19 juin 2023

Rescapé du génocide arménien, apatride et communiste, Missak Manouchian, figure de la Résistance fusillée par les Allemands, entrera le 21 février 2024 au Panthéon, temple des personnalités qui ont marqué l’histoire de la France.

Le président Emmanuel Macron a annoncé, le 18 juin, l’entrée de ce héros de la Résistance. "Missak Manouchian porte une part de notre grandeur", il "incarne les valeurs universelles" de liberté, égalité, fraternité au nom desquelles il a "défendu la République", a déclaré l’Elyssée dans un communiqué.

Il fera son entrée au Panthéon le 21 février 2024, soit tout juste 80 ans après sa mort, le 21 février 1944, a souligné la présidence l’Élysée.

Missak Manouchian entrera au Panthéon "accompagné de Mélinée", son épouse d’origine arménienne, résistante comme lui, qui lui survécut 45 ans et repose à ses côtés au cimetière d’Ivry-sur-Seine (dans le Val-de-Marne), a précisé l’Élysée. C’était le souhait de la famille, car ainsi le couple Manouchian reste ainsi unis dans la mort mais Mélinée n’est pas honorée.

Cette annonce coïncide avec le 83ème anniversaire de l’Appel du 18 Juin, célébrée chaque année au Fort du Mont-Valérien, près de Paris, où se dresse le Mémorial de la France combattante, frappée d’une imposante Croix de Lorraine.

Premier résistant étranger et communiste au Panthéon

Missak Manouchian devient le premier résistant étranger et communiste à entrer dans le temple des grandes figures de la République, au côté de Voltaire, Victor Hugo ou Marie Curie. Il est ainsi célébrée "l’unité des mémoires de la Résistance", communiste et gaulliste, longtemps rivales, a précisé l’Élysée.

Missak Manouchian symbolise "une certaine idée de la France (..), composée de citoyens de toutes origines, réunis par des valeurs universelles", a salué le Secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel.

Les Républicains ont aussi salué un "message plein de sens", "un beau symbole", une "juste reconnaissance". « Ça veut dire que les biens supérieurs, que nous avons défendus avec la Résistance, n’étaient pas que ceux de la France et des Français », a indiqué le patron du MoDem, François Bayrou, sur RTL/LCI.

"C’est un grand jour, c’est l’entrée avec lui de ses frères d’armes étrangers, apatrides au Panthéon. Il était Français avant l’heure, libre", a témoigné sa petite-nièce, Katia Guiragossian. Parallèlement, 91 résistants et otages étrangers fusillés comme lui au Mont-Valérien ont aussi été reconnus "morts pour la France" le 18 juin.

« Missak et Mélinée Manouchian sont ces visages trop souvent oubliés des Français venus d’ailleurs qui ont joué un rôle décisif dans la Résistance face au nazisme. Leur entrée au Panthéon est un message d’une très grande force », a twitté le coordinateur de la France Insoumise Manuel Bompard.

La chef des députés insoumis Mathilde Panot, a jugé que « leur entrée au Panthéon honore notre patrie ». Le leader des Insoumis Jean-Luc Mélenchon, s’est dit « assez satisfait », soulignant aussi « un beau geste », de faire entrer aussi Melinée Manouchian. Cependant, « à part être son amoureuse, c’était une guerrière, une résistante. Son entrée au Panthéon devrait être célébrée en tant que visage féminin de la résistance », a-t-il déclaré sur BFMTV.

Ce dernier a estimé que le rôle des femmes dans la résistance n’était « pas assez évoqué, c’est comme si l’histoire était faite par des hommes ». Pour Fabien Roussel, « par leur idéal » le couple symbolise « une certaine idée de la France : une nation politique, composée de citoyens de toutes origines, réunis par des valeurs universelles ».

Une vie de lutte

Rescapé du génocide arménien, apatride, réfugié en France en 1925, Missak Manouchian a rejoint en 1943 la résistance communiste où il sera à la tête d’un réseau très actif avant d’être arrêté et fusillé par les Allemands le 21 février 1944.

Avant lui, huit membres de la Résistance ont déjà ainsi été honorés depuis le transfert des cendres de Jean Moulin en 1964, dont quatre – Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion et Jean Zay – sous François Hollande en 2015.

Célébré par Aragon et Léo Ferré, Missak Manouchian est aussi entré dans la mémoire collective avec "l’Affiche rouge", placardée dans Paris et certaines grandes villes de France par la propagande nazie durant son procès pour désigner son groupe à la vindicte.


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