À La Possession, décès de René Maillot, adjoint au maire

Un élu toujours au service de la population

9 mai 2006

Après Eugénie Barouty - conseillère municipale de 1971 à 1977 - qui nous a quittés il y a quelques jours, une nouvelle page de l’histoire politique et municipale de La Possession a été tournée samedi dernier avec le décès de René Maillot, à l’âge de 63 ans. Dimanche après-midi, lors de ses obsèques, une foule nombreuse a rendu hommage à celui qui fut adjoint au maire depuis 1977 et qui à ce titre a rendu service à la population notamment dans les domaines de la restauration scolaire, des fêtes et cérémonies, de l’habitat, de l’état-civil, des élections...

On le savait très malade, et il ne faisait plus de doute hélas, ces derniers temps, qu’il aurait du mal à se relever d’une telle épreuve. Mais à cette épreuve physique imposée à René Maillot s’était ajoutée aussi une épreuve morale, malicieusement distillée par l’affaire dite de “la restauration scolaire” : "des accusations sans fondement, l’envie perverse d’atteindre à son honneur, une campagne de presse insupportable et, au bout de l’histoire, aucune calomnie justifiée !", lançait Roland Robert dimanche après-midi lors de l’hommage solennel rendu par la commune de La Possession à son adjoint en présence de sa famille ainsi que de nombreux Possessionnais et amis de toute l’île. Un hommage qui fut "une sorte de réhabilitation qu’on ne pouvait manquer de lui rendre", selon le maire de La Possession.
Celui-ci rappelait qu’"en dépit de cette épreuve, René aura continué, le plus longtemps possible, et jusqu’à l’épuisement, à s’intéresser au devenir de cette commune et au travail de ses collègues. Ce fut sa façon à lui de rester fidèle à son engagement, un reste d’énergie tout autant légué à sa famille et à sa ville".

Une grande cité

Un mari, un père, un frère, un ami est donc parti, un compagnon de route aussi durant toutes ces années de combats durant lesquelles René a eu à affronter courageusement et sans faillir quelques hordes de nervis, devait aussi rappeler Roland Robert. En ajoutant que ces années de combats, d’obstination, de déceptions parfois, mais de victoires surtout ont fait de La Possession ce qu’elle est aujourd’hui, une grande cité de cet Ouest sous le Vent et l’une des plus courtisées de l’île.
René Maillot y a largement contribué, à sa manière, par sa part de labeur et de disponibilité, le respect de la fonction et l’exigence à la remplir, "et il restera donc, à ce titre, et à jamais, l’un des artisans les plus résolus de nos succès", déclare Roland Robert.
Celui-ci fit l’éloge d’une disposition d’esprit qu’il lui a toujours connue et qui l’aura conquis, dès les tous débuts de leur rencontre. C’était à Paris, dans les années 1960.
René Maillot venait d’être reçu à son concours des PTT et avait le choix entre rester chômeur à La Réunion ou s’exiler en Métropole. Le futur maire de La Possession était alors jeune professeur, frappé par l’ordonnance d’octobre 60 et il avait également un choix à faire entre la perte de son emploi en restant à La Réunion ou s’exiler à son tour...
"C’est donc ainsi que nos routes se sont croisées à Paris", raconte Roland Robert.

Co-fondateur de l’UGTRF

Celui-ci rappelle que toujours à cette époque, il y avait peu de Réunionnais en France, hormis les étudiants, peu nombreux, et les premiers émigrés des PTT et des aides-soignantes. Avec René Maillot, Gervais Barret et d’autres camarades, Roland Robert fut à l’origine de la création de l’UGTRF (Union générale des travailleurs réunionnais en France) et de son journal “Nous Créoles”.
Cette association regroupait pratiquement tous les postiers et aides-soignantes réunionnais, René était déjà de toutes les manifestations, au service de ses compatriotes, sacrifiant week-ends et jours fériés : "je le revois, au four et au moulin, participant activement à la réussite de telle manifestation culturelle ou de tel bal organisés en l’honneur de ces jeunes Réunionnais éparpillés en région parisienne, séparés de leur famille restée au pays", raconte Roland Robert.
Il ajoute : "Je le revois également aux obsèques d’un grand Réunionnais, l’un des principaux acteurs de la départementalisation avec Léon de Lépervanche et le docteur Raymond Vergès, à savoir Jean Hinglo, ancien directeur des Douanes, ancien maire de Sainte-Marie, qui avait décidé de finir sa vie au pays de son épouse, à Pontault-Combeau, en région parisienne".

Un fidèle parmi les fidèles

Le père de René avait travaillé à la mairie de Sainte-Marie, du temps de Jean Hinglo, éprouvant pour lui un certain amour filial. René Maillot a milité au PCF et à la CGT, où il a côtoyé des Réunionnais activement impliqués dans leur Fédération, en particulier Maurice Gironcel.
"En 1969, poursuit Roland Robert, je regagne enfin La Réunion et en 1971 notre liste arrache la mairie de La Possession à la réaction et aux fraudeurs... René Maillot, qui a fini par obtenir sa mutation dans son Île, s’installe à La Possession et rejoint alors notre combat.
Ainsi, en 1977, c’est le plus naturellement du monde qu’il rejoint notre équipe. L’année prochaine, il aurait eu 30 ans de mandat comme conseiller municipal"
.
Voilà donc, en quelques mots, l’itinéraire de ce militant convaincu que fut tout au long de sa vie René Maillot. Un fidèle parmi les fidèles ; qui pourrait raisonnablement en douter ?

"Le combat continue"

Bien sûr, ajoutait Roland Robert, il avait son caractère - qui ne l’a pas ? -, ses emportements, ses agacements, son franc-parler, ses bougonnements à l’occasion. Mais en permanence, il était là, prêt à servir la population, toujours prêt à aider, pas avare de son temps...
Et de conclure : "René Maillot laissera un vide, je le ressens déjà, mais la vie continue, le combat politique aussi... Désormais, plus qu’hier, il se fera en son nom, et il se gagnera encore, comme un hommage qui lui serait alors rendu, de la plus belle et la plus glorieuse des manières !"
Après cet hommage rendu devant l’hôtel de ville, ses collègues ont emmené le cercueil à l’église, où le Père Nelson Courtois a célébré les obsèques religieuses. L’adjointe Josiane Richard a prononcé un éloge funèbre au nom du Conseil municipal et un enfant a délivré un message de la famille.
“Témoignages” adresse ses sincères condoléances à toutes les personnes touchées par ce deuil, en particulier la famille de René Maillot, dont ses cousins Hilaire et Christian, respectivement conseiller régional et conseiller municipal du Port.


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