Un “arbre de la liberté” au collège l’Oasis

Un hommage à Simangavole

23 mai 2008

Des élèves du collège l’Oasis, au Port, ont animé vendredi dernier une cérémonie d’hommage aux premiers combattants pour la liberté, en plantant dans la cour du collège le “Bois de fer” - espèce endémique - qu’ils ont reçu de la Région et du Conservatoire botanique, lors de la journée commémorative du 10 mai.

Une cérémonie solennelle, à la fois recueillie et festive, a réuni vendredi 16 mai les classes de 3ème du collège l’Oasis et la communauté éducative, ainsi que d’anciens enseignants et des parents d’élèves, pour un hommage aux “marrons” (combattants de la liberté) prolongeant celui du 10 mai.
Le dimanche précédent, à la Région, leur collège figurait parmi la cinquantaine d’établissements scolaires unis dans la célébration de la Journée nationale de commémoration « de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions ». Comme plusieurs centaines d’élèves, les collégiens de l’Oasis ont écrit des textes rapprochant les qualités d’un arbre symbolique - le Bois de Fer (Sideroxylon majus, de la famille des Sapotacées) - de celles d’un héros ou d’une héroïne de la lutte contre l’esclavage. Leur figure tutélaire de refus de l’esclavage est la personne de Simangavole, esclave fugitive, qui aurait été la compagne du chef marron Matouté.

Une minute de silence a suivi la mise en terre de l’arbre, à côté de la plaque à Simangavole, à laquelle il est associé.
(photo P.D.)

Avec Héva, Marianne, Rahariane, Fiara, Suzanne, Sarlave ou Soya, elle est l’une des rares figures de femmes ayant refusé l’esclavage, dont le nom est parvenu jusqu’à notre époque. L’Histoire n’a quasiment rien retenu de leur exemple, mais leurs noms sont restés associés à la tradition orale du marronnage. Ils sont, pour des enfants d’aujourd’hui, une source inépuisable de réflexion ou de rêveries poétiques et de chants, comme l’ont montré les collégiens de l’Oasis.
Le Principal du collège, Yves Delamarche, avait tenu à associer le plus grand nombre d’adultes et d’activités de l’établissement autour de cette cérémonie, à laquelle ont pris part, avec plus d’une centaine d’enfants (toutes les 3ème), les professeurs de Français, un professeur d’Arts plastiques, l’atelier Percussion, des surveillants, la documentaliste et le conseiller pédagogique, Jocelyn Lakia. Il a également invité d’anciens professeurs de ces mêmes 3ème, ainsi que des élu(e)s du Conseil municipal portois ; Mémouna Patel, en charge des Écoles, et Paulette Adois, adjointe, représentaient Jean-Yves Langenier, Maire du Port.
Avec l’atelier de percussion, le Principal a ouvert la cérémonie en rappelant l’origine de la loi de 2001 proclamant la traite et l’esclavage « crimes contre l’humanité », et le sens d’une date nationale de commémoration partagée de leurs abolitions - le 10 mai -, en plus de la commémoration du 20 décembre, date de la « fête réunionnaise de la liberté », entre autres noms (fèt kaf, fèt vin désanm) qui disent tous l’attachement que les Réunionnais d’aujourd’hui portent à la libération des esclaves. Même s’il reste encore beaucoup à faire...

Puis ce sont les enfants qui ont pris la parole, pour lire les textes préparés avec leur professeur de Lettres, Aïdée Château, et la documentaliste du collège, Claire Guillaume. Tous les textes disent la fierté que ces jeunes ont de leurs origines et de leur métissage. Dévy et Sandjay, Ulrich, Priscilla, Jessica, Elryne et Manuelle ont dit, slamé ou chanté des poèmes de leur composition, entrecoupés de poèmes d’Aimé Césaire. Leurs camarades se sont montrés très attentifs.
Puis tout le monde s’est déplacé vers le jardin, où 4 garçons se sont bien défoulés sur la pelouse, entraînés par Lino (le surveillant) dans un numéro de danse acrobatique, autour de l’emplacement réservé à l’arbre. Les figures de hip-hop ont pris fin lorsque les 4 garçons ont fait tomber au sol les panneaux de toile tendue sur des bambous qui formaient une sorte de paravents peints aux figures d’Albius, le petit esclave prodige, et d’un portrait imaginaire d’Heva, la rebelle.
Non loin, un portrait d’Aimé Césaire était appuyé contre un arbre, près de la plaque érigée à la mémoire de Simangavole, esclave marronne du 18ème siècle, « dirigeante d’une communauté libre et souveraine d’esclaves marrons dans les montagnes de La Réunion ».

Le texte écrit par les 3ème a été lu par deux élèves de 6ème :

« Te voilà, mes Origines
J’ai tout à réinventer
A la croisée des chemins
La liberté et le Devoir
Je t’offre ma vie
A l’infini du Monde
Trace en moi mon île
Mon histoire, mes racines
Vers le chemin de Mémoire
Où résonne la Vérité »

Le jeune arbre - une longue tige à l’extrémité ébouriffée dans un panache de feuilles - a été mis en terre juste avant que les jeunes, si attentifs et concentrés depuis le début de la rencontre, ne s’égayent dans un lâcher de ballons emportant chacun quelques mots d’hommage à la liberté.

Des rassemblements semblables à celui-ci vont se produire dans une cinquantaine d’établissements scolaires de La Réunion avant la fin de l’année scolaire.

P. David


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