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4 juillet, parMézami, mon bann dalon, si in zour in listorien i désside rakonte anou bien konm k’i fo listoir La Rényon, mwin lé sirésèrtin li va parl anou (…)
À l’occasion du 50ème anniversaire du décès de Raymond Vergès - 2 -
3 juillet 2007
Nous publions aujourd’hui la suite de la série d’articles d’Eugène Rousse commencée hier dans “Témoignages” à l’occasion du 50ème anniversaire du décès du docteur Raymond Vergès (1882 -1957). Le premier article était essentiellement consacré à sa jeunesse studieuse, au début de sa carrière de médecin et aux premières épreuves de sa vie, comme le décès de sa jeune épouse Khang, maman de Jacques et Paul, en 1928. (1) Il se terminait par l’évocation du retour définitif de Raymond Vergès à La Réunion, plus précisément dans le cirque de Salazie, après plus d’une vingtaine d’années de travail en Asie.
Dans le cirque de Salazie, peuplé alors d’un peu plus de 5.000 habitants, le Docteur Vergès se dépense sans compter. Outre la station thermale dont il assure le fonctionnement, il est chargé par l’administration coloniale de l’assistance médicale dans les divers îlets du cirque non desservis par des routes. Malgré sa robuste constitution, il lui arrive d’entrer chez lui absolument épuisé.
À cette fatigue physique s’ajoute une grande souffrance morale, car le médecin de Salazie ne tarde pas à se rendre compte que son épouse Jeanne est déterminée à s’évader du cirque, dont les hautes montagnes lui apparaissent aussi sinistres que les barreaux d’une prison. Un an après son arrivée dans l’île, Jeanne regagne Paris, où elle apprend que son époux a engagé une procédure de divorce motivée par l’abandon du toit conjugal.
De Salazie à Saint-André
Désireux à son tour de changer de cadre de vie, le Docteur Vergès quitte Hell-Bourg début 1933 et s’installe à Saint-André, tout en restant le médecin de l’administration coloniale dans le cirque.
Son emploi du temps ne lui laisse désormais que peu de répit. À Saint-André, en qualité de médecin libéral, il acquiert très vite une grande notoriété. S’il reçoit à son cabinet une clientèle payante, il se fait un devoir de rendre visite aux patients qui vivent dans le dénuement et à qui il ne fait rien payer, ce qui lui vaut le surnom de « médecin des pauvres ».
À Saint-André, où Jacques et Paul sont inscrits à l’unique école de garçons de la ville dirigée par Damase Legros - le père du futur député-maire de Saint Denis -, il sympathise avec ce dernier et ses adjoints ainsi qu’avec Abd el Krim - patriote marocain en exil à La Réunion - dont les fils seront les camarades de classe des fils Vergès tant à Saint-André qu’au lycée Leconte de Lisle à Saint-Denis.
Un travail colossal
L’activité de Raymond Vergès à Saint-André ne doit pas occulter le fait qu’il est aussi et surtout médecin-résident d’Hell-Bourg et de Salazie. En cette qualité, le travail colossal qu’il accomplit lui attire l’estime de toute la population du cirque. Estime que celle-ci lui exprime en le plébiscitant lors des élections municipales du 5 mai 1935 à Salazie.
Le dévouement et la compétence du « médecin des pauvres » ne laissent pas la haute administration indifférente. En récompense de ses bons et loyaux services, le gouverneur de l’île le nomme chef du service de Santé le 13 février 1934.
Un état sanitaire alarmant
Au moment où il prend ses fonctions à Saint-Denis, l’état sanitaire de la colonie est alarmant.
Le taux de mortalité infantile s’élève à 369 pour 1.000 en 1934. Ce qui signifie que près de deux enfants sur cinq n’atteignent pas l’âge d’un an.
47% des décès sont imputables au paludisme, dont l’éradication ne sera effective qu’à la fin des années 1950. Les autres causes les plus fréquentes de décès étant la tuberculose, les parasitoses et l’alcoolisme.
Seuls 16% des décès sont dus à la vieillesse.
Il est bon de préciser qu’à cette époque, l’espérance de vie à la naissance était à peine de 50 ans.
Des moyens très insuffisants
Il pouvait difficilement en être autrement quand on connaît les réalités sanitaires et sociales de l’époque avec des moyens très insuffisants d’y faire face :
• En 1937, l’île ne comptait que 24 médecins pour 208.000 habitants.
• Dix ans plus tard, les professions de santé n’étaient exercées que par 30 médecins, 17 pharmaciens (formés localement en majorité), 9 dentistes et 17 infirmiers.
• Dans les années 1930, la plupart des communes de l’île ne disposaient pas d’eau potable, l’habitat y était extrêmement précaire ; la sous-alimentation ou la malnutrition y était presque générale.
• Le seul hôpital de l’île géré par la colonie, l’actuel hôpital Félix Guyon - situé à Saint-Denis rue Gibert des Molières -, dont les locaux sont d’une grande vétusté, n’a qu’une faible capacité d’accueil et fonctionne avec un personnel réduit n’ayant pas toujours la qualification requise.
De nombreux projets réalisés
Dès sa prise de fonction, le Docteur Vergès est fermement décidé à agir afin que la population réunionnaise puisse disposer des moyens de se soigner. Ce qui le conduit à s’adresser au Conseil Général de l’île pour que celui-ci assume ses responsabilités en matière de santé.
En dépit de l’insuffisance des crédits mis à sa disposition, le directeur de la Santé parvient à réaliser un certain nombre de projets. Citons-en les principaux :
• L’amélioration sensible de la surveillance médicale des enfants scolarisés et une protection accrue des « enfants du premier âge ».
• L’intensification de la lutte antipaludique et de la culture du quinquina.
• La création à Saint-Denis d’un laboratoire de fabrication de pilules de quinquina. Ces pilules remplaçant progressivement les comprimés de quinine et de quinacrine employés jusque-là pour lutter contre le paludisme.
• La construction à Saint-Denis d’un dispensaire antivénérien non loin de l’ancienne gare ferroviaire.
• L’ouverture à l’hôpital colonial d’un « centre d’études théoriques et pratiques pour la formation d’infirmières ».
• Une formation plus poussée des sages-femmes et des pharmaciens.
• La vaccination antivariolique et antituberculeuse de tous les enfants.
• La rénovation de l’hôpital colonial et l’humanisation de la léproserie de Saint-Bernard à la Montagne.
Déplacements à pied
Ce bilan, certes incomplet, prouve que le directeur de la Santé, tout en assurant ses fonctions de médecin-résident d’Hell-Bourg et de maire de Salazie, a accompli un travail remarquable en vue de remédier à la carence sanitaire de son île.
Ajoutons que le haut fonctionnaire de la colonie ne disposait comme avantage en nature que d’un logement de fonction situé d’abord à l’hôpital colonial de 1934 à 1939, puis à la maternité coloniale (face à la cathédrale) de 1939 à 1946.
Pour effectuer les visites dans ces deux établissements distants de plus d’un kilomètre, il se déplaçait le plus souvent à pied. Il se trouvait ainsi dans l’obligation de répondre aux sollicitations des personnes rencontrées sur sa route.
Un « esprit scientifique d’une subtile acuité »
Constamment soucieux de se mettre au service de ses concitoyens, le docteur Vergès donne périodiquement à Saint-Denis, dans le cadre des activités de la société “Sciences et Arts”, dont il est membre depuis 1928, des conférences qui, d’après le journal “Le Peuple”, « sont d’une profondeur de pensée propre à émerveiller son auditoire ».
Dans son édition du 20 juillet 1937, ce quotidien qui est l’un des plus importants de l’île, écrit : « Tout le monde sait la valeur de ce haut fonctionnaire, dont l’esprit scientifique d’une subtile acuité se double d’une culture littéraire et artistique poussée jusqu’à un degré rare ».
Eugène Rousse
(à suivre)
(1) Suite à une erreur technique, nous avons omis de préciser dans notre édition d’hier que les deux premiers enfants de Raymond Vergès, Jean et Simone, sont décédés respectivement en 1986 et 2006.
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