Décès de Justilienne Chamand

Une combattante nous a quittés, le combat continue

31 janvier 2006

C’est avec une très grande peine et des sanglots dans la voix que les camarades de Saint-Louis/La Rivière, nous ont appris le décès, survenu samedi soir, de Justilienne Chamand, à l’âge de 63 ans.

Justilienne, que tous appellent “Tilienne”, est à Saint-Louis la figure-même de la combattante infatigable, membre du PCR et de l’UFR depuis plusieurs décennies. Elle a mis toute sa force de conviction et sa force de caractère dans toutes les luttes menées par ces 2 organisations, depuis la période des années de plomb. Elle a été de tous les combats pour faire triompher la démocratie, l’égalité, la justice. Les camarades de Saint-Louis l’ont toujours vue debout, forte. "La zamé dékilé", disent-ils d’elle avec admiration.
Huguette Bello se souvient l’avoir connue, jeune, lors des batailles pour arracher l’égalité et le droit pour les Réunionnais de gérer eux-mêmes des allocations familiales versées intégralement aux familles, y compris aux familles des chômeurs, à la place du système de distribution sélective et de “retenue” mis en place à l’époque de Michel Debré : 45% de l’aide aux familles détournés pour financer l’école militaire du Tampon, le planning familial et les cantines scolaires. "Tilienne a été de tous les grands défilés pour mettre fin à cette injustice", se souvient la députée de La Réunion.

Issue d’un milieu modeste

Née le 25 avril 1943 à la Rivière Saint-Louis, Tilienne est issue d’un milieu très modeste. Sa mère, Mazette, était ouvrière agricole. Tilienne a eu elle-même 6 enfants et a eu une grande peine à la mort de son mari, en 1999. Ses peines, ses malheurs familiaux, la dureté d’une vie de misère traversée depuis l’enfance l’ont fortement ancrée dans ses idéaux de justice, qu’elle n’a jamais reniés ni mis sous le boisseau, lorsque la mairie est tombée en 2001 à la majorité UMP.
Agent d’entretien entrée en 1981 au service de la collectivité, Tilienne a eu à subir l’acharnement vexatoire d’un maire sans projet et d’une équipe de minables, qui n’ont eu de cesse de l’humilier. Bien que titulaire, elle a fait partie du personnel communal sur lequel le nouveau maire s’est acharné, sans jamais pouvoir la faire fléchir. On l’a envoyée travailler aux Makes. À près de 60 ans, on l’a mise à balayer la voirie ; récemment, elle a fait un malaise sur la voie publique.
Elle a résisté et, plutôt que de partir en pré-retraite, elle s’est battue avec les autres et avait averti le maire en place : elle se battrait et résisterait jusqu’à ce que les communistes reviennent diriger la mairie !

Une foi de tous les instants

Ce n’est pas que Tilienne ait changé d’avis, ni qu’elle ait molli dans ses convictions. Atteinte du chikungunya depuis 7 jours, elle était restée chez elle, peut-être pour veiller sur sa mère, Mazette, âgée de près de 85 ans. Très fatiguée, elle ne s’alimentait plus, ou plus assez. Ses proches pensent que la maladie l’a brisée.
La veillée mortuaire s’est faite sur 2 soirs, samedi et dimanche, au domicile de la famille, et l’inhumation a eu lieu lundi après-midi, pour donner le temps à 2 enfants vivant en France de rejoindre leurs frères et sœurs.
Il y avait beaucoup de monde, dans l’église de Fatima, à la Rivière Saint-Louis hier après-midi, malgré une pluie battante. L’ancien maire de Saint-Louis, Guy Ethève ; l’ancien député, Claude Hoarau ; de très nombreux camarades de Tilienne à Saint-Louis et La Rivière se sont joints à Anick Le Toullec, au conseiller général Yvon Bello, à l’ancienne conseillère régionale Marianne Assing et aux nombreux élus de l’ancienne municipalité, ainsi que l’actuel adjoint de La Rivière.
L’église était pleine à craquer, de nombreux employés communaux des mandatures précédentes ayant tenu à honorer Tilienne une dernière fois et à lui rendre l’hommage que méritait son grand courage, sa foi combattante de tous les instants.
Avec Tilienne, c’est une combattante hors pair qui s’en va. Mais plus que toute autre, sa disparition, associée à toutes les vexations qu’elle a subies ces dernières années, a soudé la résistance de ses camarades du Sud dans la volonté de donner un jour à Tilienne la victoire pour laquelle elle se battait. Na in jour i apèl domin...

P. David


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