Abdou Diouf, Secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie

« Une voie lumineuse pour la liberté, pour la solidarité, pour la diversité »

21 avril 2008

Successeur de Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf était proche d’Aimé Césaire. Au micro de RFI, le secrétaire général de la Francophonie est revenu sur ses relations avec Césaire.

Pour le secrétaire général de la Francophonie, Aimé Césaire était pour les gens de sa génération « un monument, un monument de culture, un monument de courage intellectuel et moral. Un homme qui a montré la voie. Une voie lumineuse pour nous, pour la liberté, pour la solidarité, pour la diversité ». L’ancien président de la République du Sénégal s’exprimait hier sur les ondes de Radio France Internationale (RFI). Avec la mort d’Aimé Césaire, compagnon de lutte de son prédécesseur Léopold Sédar Senghor, il croit que c’est une grande lumière qui vient de s’éteindre. « L’un des grands combats de sa vie a été de se battre pour cette Négritude, ce concept qui renferme l’ensemble des valeurs de civilisation du monde noir. Et avec son compagnon Léopold Sédar Senghor, ils ont illustré cette Négritude d’une façon merveilleuse, exceptionnelle, avec un talent extraordinaire auquel tout le monde a pu rendre hommage », a-t-il dit de celui qui se plaisait à se définir comme un « nègre fondamental ».
Abdou Diouf, qui « a grandi à l’ombre de Léopold Sédar Senghor », a donc « toujours côtoyé Aimé Césaire ». Il garde de l’homme politique et poète martiniquais deux principaux souvenirs. « Le premier souvenir très fort que je garde de lui, c’est quand j’étais jeune secrétaire général de la présidence de la République, je n’avais pas 30 ans. Un jour, dans la villa que j’habitais, on a sonné à la porte et c’était Aimé Césaire et Alioune Diop qui venaient me rendre visite. A moi, le tout petit jeune homme pour dire que voilà : « Nous sommes là pour faire le tour des amis. Nous venons donc te rendre visite » ; et je les ai reçus avec humilité et modestie, à la mesure de ce qu’eux-mêmes étaient : humbles et modestes ».
Le deuxième souvenir rappelé par Diouf sur les ondes de RFI est sa dernière rencontre avec le poète martiniquais.
C’était en 2005, à Fort-de-France, chef-lieu de Martinique, une ville dont Césaire fut maire pendant 50 ans. « Je l’ai rencontré dans sa mairie, il a tenu à descendre l’escalier pour m’accueillir, malgré son grand âge. Il a tenu à monter l’escalier, à redescendre l’escalier pour me raccompagner. Et il m’a dit quelque chose de très important. Il m’a dit : « Abdou, je n’étais pas pour la Francophonie, parce que pour moi, la Francophonie avait des relents de néocolonialisme, mais maintenant, après ce que tu m’as expliqué, je comprends que la Francophonie, c’est la langue française et c’est des valeurs. Des valeurs de liberté, de dignité, d’ouverture, de respect et de solidarité. Donc, je suis pour la Francophonie et je soutiens ton combat », a témoigné Abdou Diouf.

Aimé Césaire

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Messages

  • Au préalable, je veux dire que je respecte par dessus tout la fonction Présidentielle et Mr Nicolas SARKOZY, qui a été élu démocratiquement.

    Toutefois, en matière de diversité, il y a des contre-vérités que l’on ne peut pas laisser passer, à fortiori lorsqu’elles émanent de notre Président, qui se doit de montrer l’exemple !

    En effet, Mr Sarkozy, alors qu’il était Ministre de l’intérieur ( et il n’a pas manqué de le rappeler, lors de ces dernières élections présidentielles ) s’est "glorifié" d’avoir désigné le premier Préfet d’origine musulman, en la personne d’aïssa Dermouche.

    Or, cela est catégoriquement FAUX, puisque le premier Préfet désigné est justement mon oncle, Mr Cherif MECHERI, et ce en 1944 !!!

    Pour s’en convaincre, il suffit notamment de se reporter au QUID, Page 870. Egalement, pour avoir des sources plus officielles, il est possible de prendre contact avec le Bureau des anciens Préfets ou bien la Cour des comptes, où il a fini sa carrière.

    Dans ces conditions, ne serait-il pas le moment venu, à l’heure où les minorités ne sont plus représentées dans les "appareils" politiques et administratifs, et particulièrement opportun à ce que cette vérité soit rétablie ?

    A cet égard, les journalistes qui ne manquent pas de talents devraient gentiment poser cette légitime interrogation à notre Président, de sorte à recueillir ses explications ...

    Au-delà, les faits sont têtus, car soixante années après la désignation de ce premier Préfet immigré, d’origine francophone, on ne voit aujourd’hui aucun des 8 millions d’individus dans ces communautés, dignement représentés au sein de l’appareil d’état. Pourtant, de telles désignations à des postes d’autorité, notamment aux fonctions de Préfets ou bien de directeurs de services centraux ou généraux au sein de collectivités seraient pour le moins légitimes, et auraient le mérite d’avoir valeur d’exemple.

    Par ailleurs, un petit pas en direction de ce fameux "principe" d’égalité des chances aurait l’avantage de pouvoir sanctionner, à leur juste mesure les quelques poignées d’individus qui ne jouent pas le jeu, et ce sans pouvoir être taxé de racisme ...

    Enfin, ce serait, si j’ose dire, le service minimum .... pour le respect des valeurs républicaines et de notre Etat nation.

    Mais il faut aussi un courage politique hors du commun pour passer des idées bien convenues à des actes politiques concrets !

    Aussi, permettez-moi alors d’espérer pouvoir compter sur votre appui, pour faire avancer ce débat et d’espérer enfin susciter une réelle prise de conscience dans l’opinion publique ...

    Très Cordialement.
    ( Et, pour la petite histoire : mon oncle a été nommé, à sa demande, en fin de carrière, Conseiller maître inamovible à la Cour des comptes. C’est en dégringolant, à plus de 80 ans, dans les escaliers de cette même Cour, en s’apprêtant à rejoindre son domicile ... à plus de 22 heures qu’il a trouvé la mort ! En définitive, et plus qu’une désignation à des postes prestigieux, n’est-ce pas un parfait exemple d’implication dans le travail et de mérite dans ce qu’il y a de plus beau dans l’application de la diversité ? Le sillon est depuis de longue date tracé et je souhaite de tout mon cœur que ce magnifique chemin sera emprunté par les meilleurs d’entre nous ....

    • Mieux encore, et toujours pour la petite histoire, il convient de préciser que Mr Cherif Mecheri a également été secrétaire général de l’Union Française, conseiller spécial de vincent Auriol et de rené Coty. Egalement conseiller spécial du président d’Indosuez ; etc ....

      Chavrier ( ENA )


Témoignages - 80e année


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