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par le Dr Raymond Vergès

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Vibrant hommage à Jacques Vergès et Ali Boumendjel

Célébration de la Journée nationale de l’avocat en Algérie

jeudi 26 mars 2015


Dans son édition de mardi, le quotidien algérien El-Watan a rendu compte de la célébration de la Journée nationale de l’avocat dans un article paru sous la signature de Salima Tlemçani. Hommage a été rendu à Jacques Vergès, rappelant la solidarité des luttes des peuples algérien et réunionnais pour la liberté.


Jacques Vergès descendant les marches de la Cour d’appel de Saint-Denis à La Réunion.

Marie-Claude Radieswsky, Ali Haroun et Ghaouti Benmenha. Des noms d’avocats qui résonnent fort et renvoient au combat et au sacrifice pour les libertés, durant la guerre de Libération.

Hier (lundi NDLR), ils étaient tous les invités d’honneur du barreau d’Alger, à l’occasion de la célébration de la Journée nationale de l’avocat, coïncidant chaque année avec la date de la défénestration, le 23 mars 1957, de Ali Boumendjel par les parachutistes français après 43 jours de tortures.

Dans la salle, de nombreux bâtonniers, de jeunes et moins jeunes avocats, mais aussi des confrères du barreau de Paris, Monseigneur Henri Tessier, ex-archevêque d’Alger, les représentants des ambassades de Tunisie et de France, ainsi que l’ambassadeur du Maroc.

Pour le bâtonnier d’Alger, maître Abdelmadjid Sellini, il s’agit d’« une reconnaissance et un hommage aux sacrifices pour les idées, consentis par des personnes comme Boumendjel ou Vergès. C’est grâce à leur combat que nous sommes là aujourd’hui ». Me Sellini cite la longue liste des personnalités invitées, avant de revenir sur la vie de Ali Boumendjel qui avait choisi d’être avocat à un moment où seuls une quarantaine d’Algériens fréquentaient la faculté de droit.

Il côtoie Abane Ramdane avant de rejoindre le FLN en 1955. Deux ans plus tard, il est arrêté alors que son frère réussit à prendre la fuite. Après 43 jours de détention et de torture, il est défénestré par Aussaresses, sur ordre du général Massu que Lacoste avait ramené pour mettre fin à la Révolution. Sa maison a été plastiquée et son ancien professeur, René Gautier, qui n’a pas admis la thèse du suicide, interrompt ses cours d’enseignant à la faculté de Paris en signe de protestation.

Il signe de nombreux articles pour mobiliser l’opinion publique contre la torture. Me Sellini rappelle les noms de toutes ces forces vives françaises qui se sont soulevées contre les tortionnaires, d’autant qu’un autre avocat,Me Mohamed Abed, a été balancé d’un hélicoptère et de nombreux intellectuels algériens ont été assassinés.

Très ému, Me Sellini laisse libre cours à ses larmes, suscitant un silence de marbre dans la salle. « J’en appelle aux jeunes avocats pour qu’ils prennent conscience de la vraie valeur du métier d’avocat, celle de défendre les opprimés et non pas de s’enrichir », dit-il sous les ovations de la salle, avant de laisser place au représentant du ministère de la Justice, Douadi Medjrab, directeur des affaires civiles. Douadi Medjrab fait le tour des réalisations dans le domaine de la justice, en mettant l’accent sur « le rôle de l’avocat dans la consécration des principes de liberté et d’équité », des principes qui ont, selon lui, guidé nos aînés dans leur lutte pour l’indépendance.
Ghaouti Benmenha, une autre figure de la Révolution, un des membres fondateurs de l’Union générale des étudiants musulmans algériens (Ugéma), qui rappelle qu’en décembre 1954, Ali Boumendjel a été le seul avocat à accepter de lui donner l’adresse de son cabinet afin qu’il puisse faire son stage. « Des noms comme Djender, Bentoumi, Chentouf, Benyahia, Bitat ont constitué le premier noyau du collectif d’avocats algériens. Ils ont défendu la cause nationale dans un environnement très hostile, soutenus par une poignée de confrères français », dit-il.

Très succincte, Marie-Claude Radieswsky, commence par cette phrase : « Je suis très contente d’être dans ce pays que j’aime et parmi un peuple que j’aime. » Membre du collectif des avocats du FLN, elle s’est engagée très tôt « auprès de Jacques Vergès, le plus brillant des avocats qui a participé à l’indépendance de l’Algérie. Il était un génie de la parole, un provocateur qui avait le don de l’insolence et qui a réussi dans sa tâche. Je suis ici pour saluer sa mémoire.

J’ai connu un parcours merveilleux. Mais la réalité n’est pas toujours à la hauteur des espoirs. J’espère que le pays connaîtra une embellie et son développement », conclut cette avocate qui avait choisi de rester en Algérie avant de la quitter, en 1994, à cause des menaces terroristes. Maître Ali Haroun revient sur l’histoire du collectif des avocats du FLN de 1958 à 1962, sur les sacrifices consentis pour l’indépendance et surtout pour la défense des militants du FLN, dont beaucoup ont été guillotinés et d’autres ont retrouvé la liberté après 1962.

Maître Bernard Vatier, premier secrétaire de conférence du barreau de Paris, parle d’un « morceau de l’histoire commune des avocats français et algériens, de certains acteurs de la guerre de Libération » qu’il a connus, mais aussi de Jacques Vergès « qui s’est mis au service d’une cause, comme de nombreux avocats de sa génération (…). Le rôle de l’avocat dépasse le prétoire qui n’est d’ailleurs qu’un lieu qui permet de plaider en direction de l’opinion publique afin de susciter le débat médiatique ».
Parce que les barreaux d’Alger et de Paris partagent un passé commun, Me Vatier plaide pour le renforcement des relations entre les deux institutions. Un autre hommage des plus poignants a été rendu à Jacques Verges par un jeune avocat parisien, avant que la cérémonie ne se termine par la distribution symbolique de médailles aux anciens avocats de la Révolution.-

Salima Tlemçani


Voir en ligne : http://www.elwatan.com/actualite/vi...


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