Yvon Ricquebourg...

12 février 2008

Nous ne verrons plus sa silhouette à l’apparence frêle, mais dont la vivacité montrait qu’à l’évidence, il avait su traverser le temps et ses tempêtes, la tête haute comme savent l’être ceux qui ont su se satisfaire de peu et qui ainsi ont pu toujours donner aux autres plus qu’ils n’en disposaient.

Nous ne verrons plus son regard qui avait appris à regarder au loin, là où le danger pouvait venir mais là où l’expérience d’un monde renouvelé pouvait naître aussi.
Nous ne le verrons plus s’arrêter pour nous parler de la ville de sa jeunesse, de tel ou tel autre compagnon d’une époque qu’il regrettait un peu parce que, à la dure, elle savait alors former les hommes.
Yvon Ricquebourg aura porté la vie 86 années durant, 86 ans à se battre debout, lui à qui, encore adolescent, l’on offrit un jour un travail pour faire le ménage dans la toute première pharmacie de la cité maritime et qui sut s’intéresser à autre chose que le balai et la poubelle qu’on lui avait remis pour que les lieux soient toujours propres.
C’est que, curieux de tout et l’intelligence prête à se hisser bien au-dessus du niveau des étagères où étaient rangées les boîtes de médicaments et les fioles de sirop, il devint très vite un préparateur en pharmacie auquel tous les titulaires des diplômes qui sont passés n’hésitaient pas à confier bien des responsabilités, qu’ils se soient appelés alors Monsieur Julienne ou Monsieur Pichon de Bury et plus tard Jean-Charles Ghazarossian ou Germain Narassiguin.
Vous l’avez compris, vous qui êtes bien trop jeunes pour l’avoir connu : Yvon Ricquebourg aura été apprécié par toute une population pour sa capacité apprise sur le tas à “ajuster” dans l’esprit du patient le diagnostic délivré par le médecin.
Ses conseils, qui n’en a pas profité dans sa bonne ville du Port alors qu’on y comptait qu’une seule et unique officine ? Quel employé de ladite officine n’a pas tout appris en l’écoutant ou tout simplement en lui tendant l’ordonnance dont il n’était pas donné à tout le monde de comprendre le sens ?
Aujourd’hui qu’il nous a quittés, Yvon Ricquebourg laisse le souvenir d’un portois de souche à qui n’importe qui pouvait confier ses problèmes et ses soucis. C’est une grande figure du Port qui s’est éteinte ce samedi et que, hier lundi, nous avons conduite à sa dernière demeure.
Yvon est parti. Restent, pour continuer les leçons qu’il nous laisse, ses enfants au premier desquels, il nous le pardonnera, nous voulons citer Danio, notre camarade de la C.G.T.R. qui, dans son domaine de vie militante, ne manque pas de la rigueur et de la détermination qui, dans son souci de justice sociale, caractérisaient parfaitement son père.

Raymond Lauret


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