Madiba (1918-2013)

« N’oublie pas qu’un saint est un pêcheur qui cherche à s’améliorer »

13 décembre 2013, par Jean Fabrice Nativel

Madiba, le réconciliateur de l’Afrique du Sud a quitté la Nation arc-en-ciel le 5 décembre. Un Rogar éclair sur cet homme de paix qui a dit « on peut tout m’imposer, mais détruire ma dignité, jamais » ! Il rejoindra sa terre et famille dimanche.

Les Réunionnaises et les Réunionnais de tout cœur avec Rolihlahla.
(photo Alain Dreneau)

“[...] La cellule est un lieu parfait pour apprendre à se connaître et pour étudier en permanence et dans le détail le fonctionnement de son esprit et de ses émotions. Les individus que nous sommes ont tendance à juger leur réussite à l’aune de critères extérieurs, tels que la position sociale, l’influence, la popularité, la richesse ou le niveau d’éducation. Ce sont bien sûr des notions importantes pour mesurer sa réussite — et on comprend que beaucoup tentent d’obtenir le meilleur d’eux-mêmes sur ces points. Mais d’autres critères intérieurs sont peut-être plus importants pour juger de l’accomplissement d’un homme ou d’une femme. L’honnêteté, la sincérité, la simplicité, l’humilité, la générosité, l’absence de vanité, la capacité à servir les autres — qualités à la portée de toutes les âmes — sont les véritables fondations de notre vie spirituelle. Mais cette réussite-là n’est pas accessible sans un travail d’introspection véritable et une connaissance de ses forces et de ses faiblesses. La détention a au moins le mérite d’offrir une bonne occasion pour travailler sur sa propre conduite, corriger le mauvais et développer le bon que l’on porte en soi. La pratique régulière de la méditation, disons un quart d’heure chaque jour avant de se coucher, peut y être utile. Il est possible que dans un premier temps tu aies du mal à identifier les éléments négatifs de ta vie, mais tu seras récompensée si tu en fais l’effort régulier. N’oublie pas qu’un saint est un pêcheur qui cherche à s’améliorer”. Cette lettre [1] Nelson Mandela l’a écrite à Winnie Mandela le 1er février 1975 depuis la prison de Kroonstad.

« Un homme comme les autres »

Rolihlahla — sa première institutrice lui donne le prénom Nelson — est né le 18 juillet 1918 au sein de la tribu Madiba dans le Transkei en Afrique du Sud. « J’ai dédié ma vie à la lutte pour le peuple africain. J’ai combattu la domination blanche et j’ai combattu la domination noire . J’ai chéri l’idéal d’une société démocratique et libre dans laquelle tous vivaient ensemble, dans l’harmonie, avec d’égales opportunités. C’est un idéal que j’espère atteindre et pour lequel j’espère vivre. Mais si besoin est, c’est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir » , expose ce prisonnier politique qui en 1964 est condamné à perpétuité pour “haute trahison et tentative de renversement par la force du gouvernement”. Libéré en 1990, il reçoit 3 ans après avec le président sud-africain Fredrik De Klerk, le Prix Nobel de la Paix. En 1994, il devient le premier président élu démocratiquement de l’Afrique du Sud. Il déplore qu’on le considère « comme un demi dieu » . Il dit de lui qu’il n’est « ni un saint, ni un prophète » , qu’il est « un homme comme les autres » qui insiste sur « ses erreurs » , « ses insuffisances » , « ses impatiences » .

C’est lui qui a mis en place la Commission Vérité et Réconciliation.

  JFN


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus