Nouveau record battu à quelques mois de la conférence de Paris sur le climat

2015 : le début d’année le plus chaud

20 mai 2015, par Manuel Marchal

D’après les données publiées par le NOAA, l’administration des États-Unis chargée d’étudier l’océan et l’atmosphère, les quatre premiers mois de 2015 ont été les plus chauds jamais mesurés à l’échelle du globe. Cela ne sera pas sans conséquence sur La Réunion, en particulier sur l’agriculture et sur la distribution de l’eau.

Les différentes nuances de rouge montrent les régions du monde où la température moyenne était supérieure à la normale au mois d’avril. (Document NOAA)

Selon les informations publiées hier par le NOAA, la période allant de janvier à avril 2015 a été le début d’année le plus chaud jamais mesuré. Le record de 2010 est battu. La température moyenne du globe était de 0,80 degré supérieure à la moyenne des relevés du siècle dernier. Sur les continents, cette moyenne était de 1,48 degré au-dessus de la norme du 20e siècle. Sur les océans, c’était une surchauffe de 0,55 degré.

Ce phénomène a des conséquences. Aux États-Unis, la sécheresse s’installe dans le Nord-Ouest, le Middle West et l’Ouest du pays. Cela signifie que les régions agricoles sont touchées. Si ce phénomène persiste au cours de l’année, alors d’autres parties du monde connaîtront à leur tour la sécheresse. Toute l’économie mondiale pourrait s’en trouver bouleversée, avec une tension sur les produits de première nécessité.

La Réunion concernée

À La Réunion, le passage d’un cyclone et surtout de la tempête Haliba ont permis de recharger les nappes en déficit. Mais cela ne s’est pas fait de manière uniforme. Si dans l’Ouest et le Sud, la situation est excédentaire, l’Est est en déficit.

Concernant les cours d’eau, 7 stations de mesure sur 9 enregistrent un débit inférieur à la moyenne d’avril. Seuls les hauts de l’Ouest sont épargnés, avec un record de débit pour la source Dussac au Tévelave. Ailleurs dans le Sud, dans le Nord et dans l’Est, le cours d’eau sont en dessous de la normale attendue pour un mois d’avril. Les déficits sont compris entre -69 % pour la rivière Langevin, et -117 % pour le Bras Panon.

C’est la situation au moment où s’installe la saison sèche à La Réunion.
La perspective d’une année 2015 qui s’annonce chaude est donc inquiétante. La Réunion n’est pas isolée dans le monde, et aucune frontière invisible n’arrête les effets du changement climatique.

Depuis plusieurs années, les périodes de sécheresse se succèdent. Elles réduisent les rendements prévus, et mettent les agriculteurs en difficultés. Hier, la CGPER a demandé le versement des aides au plus tôt, en raison des problèmes de trésorerie causés par une campagne sucrière 2014 jugée « catastrophique ». Une autre conséquence, ce sont les coupures d’eau, car la ressource n’est pas suffisante. Si les cours d’eau utilisés comme captage sont en déficit, alors des problèmes vont arriver.

Un Réunionnais est président de l’ONERC

La hausse des températures au niveau du globe est une tendance lourde. Si les quatre premiers mois de 2015 sont les plus chauds depuis que les mesures existent, il faudra s’attendre à ce que 2015 soit une des années les plus chaudes jamais observée.
Le lien entre ce phénomène et les activités humaines est connu. Apporter une réponse à cette crise sera au centre des discussions de la conférence de Paris sur le climat à la fin de l’année. Dans cette question de premier plan, La Réunion compte dans ses rangs un élu en pointe dans cette bataille : Paul Vergès, président de l’Observatoire national sur les effets du changement climatique (ONERC). Il a en effet réussi à obtenir l’unanimité des parlementaires pour le vote d’une loi faisant de la lutte contre le changement climatique une priorité nationale, c’était en 2001. Cette année, il est l’initiateur d’une résolution signée par des sénateurs de tous les groupes de cette assemblée, proposant une initiative aux pays de la COI pour la conférence de Paris sur le climat.

Gageons qu’au cours de cette année décisive sur une question très concrète, les Réunionnais puissent être informés, et donc que la parole soit donnée à Paul Vergès, seul Réunionnais à présider une instance de haut niveau chargée d’apporter des propositions d’adaptation au changement climatique.

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