« La machine climatique marche à plein régime, entraînant de sévères intempéries qui ont des conséquences en termes de dégâts ». 220.000 morts : c’est le bilan des catastrophes "naturelles". Si leur nombre a diminué par rapport à 2007 (750 au lieu de 960), leur intensité est en augmentation. Pour le numéro mondial de la réassurance, la société Munich Re, 2008 a été « l’une des plus dévastatrices » depuis 1900, date à partir de laquelle Munich Re possède des données.
Il est important d’expliquer pourquoi naturelles est écrit par "Témoignages" entre guillemets.
En effet, ces dégâts considérables ne sont pas le simple fait de la nature. Elles sont les conséquences d’un modèle de développement construit sur la consommation massive d’énergies fossiles. C’est cette explication qui est avancée par Munich Re : « ces résultats confirment les tendances de long terme que nous observons. Le changement climatique est à l’oeuvre et les pertes sont de plus en plus lourdes car les sinistres se concentrent dans des zones très exposées comme les régions côtières ».

L’urgence d’un autre modèle

Et pour le numéro deux de la réassurance, il est urgent d’agir en arrivant dès l’année prochaine à un accord international pour aller bien plus loin que le Protocole de Kyoto. Le prochain sommet de l’ONU sur le climat à Copenhague en décembre 2009 « doit clairement fixer la voie pour parvenir à une réduction d’au moins 50% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 », affirme un dirigeant de Munich Re. « Si nous hésitons trop longtemps, cela coûtera cher aux futures générations », précise le réassureur.
Car « il est très probable que le réchauffement progressif de l’atmosphère est dû aux gaz à effet de serre émis par l’activité humaine », ajoute le professeur Peter Höppe, directeur de la recherche des risques de catastrophes naturelles chez Munich Re. « La machine climatique marche à plein régime, entraînant de sévères intempéries qui ont des conséquences en termes de dégâts », poursuit-il. La position de ce scientifique rejoint celle qui est partagée par la quasi-totalité des spécialistes. C’est l’effet de serre provoqué par la combustion d’énergies fossiles comme le charbon et le pétrole qui est responsable de l’aggravation rapide de la situation. Cela veut dire qu’il est urgent de construire un autre modèle de développement.
Cette année, la catastrophe la plus meurtrière a été le cyclone qui a ravagé la Birmanie : 135.000 morts. D’autres tempêtes sont à l’origine de drames. C’est par exemple la série de six cyclones qui ont touchés les Etats-Unis en 2008. La saison des ouragans a été la quatrième plus violente depuis 1950 en termes de nombre et de force des tornades, selon Munich Re. La société relève que les dix années les plus chaudes depuis les mesures régulières de température ont été enregistrées au cours des douze dernières années. Et d’après l’Organisation mondiale de la météorologie, 2008 était la dixième année la plus chaude. Autrement dit, les températures observées cette année se rapproche de ce que seront les minima au cours des prochaines décennies. Malgré cela, un cyclone a tué plus de 135.000 personnes.

Et La Réunion ?

Comme l’a rappelé le passage du cyclone Gamède en 2007, La Réunion n’est pas à l’abri des conséquences de ces phénomènes. Dans "Témoignages" du 28 décembre, Jacques Écormier, météorologue, précise qu’une donnée suscite un consensus : « les pluies associées aux phénomènes cycloniques augmenteront ». Cela souligne toute l’urgence de prendre dès à présent des mesures pour anticiper sur la violence de ces phénomènes climatiques. Et à La Réunion, mis à part la rivière des Galets, aucune ravine n’est endiguée jusqu’à son embouchure. Quant aux radiers, ils montrent à chaque crue toute leur dangeroristé.
Heureusement que des élus réunionnais se mobilisent pour préserver La Réunion des conséquences des changements climatiques. Et quand le numéro deux mondial de la réassurance estime que la diminution de 50% des émissions de gaz à effet de serre pour 2050 est une condition minimale pour tenter d’atténuer les dégâts pour les générations futures, c’est un nouvel encouragement à poursuivre la politique menée depuis 1998 par la Région pour atteindre l’objectif de l’autonomie énergétique pour 2025.

Manuel Marchal

200 milliards de dollars de dégâts

L’année écoulée a été, sur la base de chiffres ajustés de l’inflation, la plus coûteuse en termes de dégâts dus aux catastrophes naturelles, après les ouragans de 2005 et le tremblement de terre de Kobé au Japon, en 1995, poursuit Munich Re, dont les expertises dans le secteur font référence.
L’ensemble des dégâts économiques, évalué à 200 milliards de dollars, a été deux fois et demi plus important qu’en 2007 (82 milliards de dollars) mais est resté en-deçà du record de pertes enregistré en 2005 (232 milliards de dollars). Les dégâts assurés ont progressé de 50% par rapport à 2007 pour atteindre 45 milliards de dollars.
Le plus puissant cyclone ayant touché les Etats-Unis cette année, Ike, constitue la catastrophe la plus chère de l’année en termes de dégâts assurés (15 milliards de dollars). Il s’inscrit dans une succession, sans précédent depuis 1995, de cyclones de forte intensité dans la mer des Caraïbes et sur les côtes américaines.

L’Asie la plus durement touchée

En 2008, l’Asie a été le continent le plus durement touché. Outre la Birmanie frappée en mai par un cyclone dévastateur, la Chine a subi les conséquences d’un grave tremblement de terre. 70 000 personnes ont péri et 18 000 autres ont été portées disparues dans le séisme de la province chinoise du Sichuan. Cette catastrophe a engendré les plus fortes pertes matérielles (environ 85 milliards de dollars) en 2008, constate Munich Re.
« Ce tremblement de terre est jusqu’à présent celui qui a coûté le plus cher après celui de Kobé en 1995 », note le groupe.

Une Île verte avec du charbon ?

Dans sa conférence de presse hier, La Réunion économique a pris position contre la taxation du charbon. Pourtant, cette organisation participe à un projet intitulé "Réunion île verte". Comment peut-on promouvoir une Île verte et s’émouvoir lorsque des responsables politiques décident de taxer le charbon, un des responsables du changement climatique ?