Publication d’une étude de l’assureur Munich Re

23000 morts à cause des catastrophes en 2015

5 janvier 2016, par Manuel Marchal

Les catastrophes naturelles ont été à l’origine de 23.000 morts l’an dernier, selon une étude diffusée hier par l’assureur Munich Re. C’est un nombre nettement supérieur à l’année précédente. L’écrasante majorité des victimes vivaient dans des pays pauvres, et n’avaient pas les moyens de se protéger des effets des tremblements de terre, des inondations ou des cyclones. Le coût financier de ces catastrophes s’est élevé à 90 milliards de dollars. Ces données ne prennent pas en compte les tornades qui ont touché les Etats-Unis à la fin du mois de décembre, ainsi que les inondations en Grande-Bretagne.

L’an dernier, le passage au large d’une tempête tropicale avait fait d’importants dégâts.

L’assureur Munich Re a publié hier une étude sur l’impact des catastrophes naturelles dans le monde en 2015. Selon ses données 23.000 personnes ont péri à cause de ces catastrophes, contre 9.000 l’année précédente. Le phénomène le plus meurtrier a été le tremblement de terre au Népal en avril dernier, qui a coûté la vie à 9.000 personnes, et jeta à la rue 500.000 autres. Munich Re note que ce séisme a fait 4,8 milliards de dollars de dégât. Il a coûté aux assureurs 210 millions de dollars, car de nombreuses victimes n’avaient pas les moyens de s’assurer.

Des vents de 340 km/h dans un cyclone

Munich Re constate que 94 % des catastrophes l’an dernier sont liés à des phénomènes météorologiques. Il voit l’influence d’El Niño, qui a fait baisser le nombre de cyclones dans l’Atlantique Nord : 11 alors que la moyenne annuelle depuis 1998 est proche de 15.

El Niño a favorisé le développement de cyclones très intenses dans le Nord-Est du Pacifique, à cause de l’élévation de la température de l’eau. 26 cyclones y ont été dénombrés, soit bien plus que la moyenne annuelle de 15,6. Parmi ces phénomènes, 11 étaient des cyclones intenses.

Fort heureusement, la plupart de ces tempêtes n’ont pas touché terre. Une notable exception cependant : le cyclone Patricia. Patricia est un des cyclones les plus intenses jamais mesuré. Le vent a atteint 340 kilomètres par heure. Patricia a touché la terre le 23 octobre au Mexique, et a frappé la réserve naturelle de Chamela-Cuixmala. C’est pourquoi les dégâts ont été limités, du fait d’une très faible densité de population.

Inégalités

El Niño est jugé responsable des sécheresses et des canicules notamment en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie. Les pertes dues à ces phénomènes se sont élevés à 12 milliards de dollars, dont 880 millions étaient assurées. En Europe, la vague de sécheresse cet été a provoqué 2 milliards de dollars de dégâts, mais seulement 10 % des biens perdus étaient assurés.

Selon Munich Re, la catastrophe qui a donné lieu aux plus importants remboursements des assurances est la vague de tempête de neiges de février dans le Nord-Est des États-Unis et du Canada. Sur 2,8 milliards de dollars de dégâts, les assureurs ont dû débourser 2,1 milliards de dollars. Sur l’ensemble de l’hiver 2014-2015, les pertes s’élèvent à 4,6 milliards de dollars, dont 3,4 milliards à la charge des assureurs. L’hiver précédent, elles s’élevaient à 4,4 milliards de dollars, qui ont donné lieu à 2,5 milliards de remboursement des assurances.

Sur cette carte, les points verts, bleus et jaunes représentent les catastrophes importantes liées à la météo.

Influence du changement climatique

Le mois de décembre a été marqué par des tornades aux États-Unis et des inondations en Grande-Bretagne. Pour le premier phénomène, aucune évaluation des dégâts n’a été publiée par Munich Ré. Pour le second, une première estimation annonce 1,4 milliard d’euros de pertes pour les inondations du début du mois de décembre, dont la moitié est assurée. Pour celles qui ont touché le Yorkshire à la fin du mois, le montant des dégâts pourrait dépasser 1 milliard d’euros. Munich Re remarque que la région touchée avait subi des inondations voici plusieurs années, mais que les mesures d’adaptation étaient insuffisantes pour faire face à la dernière tempête.

Ces inondations sont la conséquence de plusieurs semaines de tempêtes et de fortes pluies en Grande-Bretagne qui ont contrasté avec un temps inhabituellement doux en Europe centrale. « Des études récentes indiquent que cela pourrait être lié au réchauffement des régions de l’Arctique et influencé par le changement climatique ».

Et à La Réunion ?

Les données de Munich Re confirment tout d’abord le coût humain important des catastrophes. Beaucoup de morts pourraient être évités si les habitants des régions sujettes aux tremblements de terre pouvaient vivre dans des bâtiments aux normes anti-sismiques.

Elles montrent ensuite que les plus importants sinistres se situent dans les pays en voie de développement. Ce sont eux qui sont en effet les plus concernés par le passage des cyclones notamment. Cela rappelle l’importance pour La Réunion de se protéger. L’an dernier, des vents soufflant à 340 km/h ont été détecté dans un cyclone. Si un tel phénomène venait toucher La Réunion, nul doute que les conséquences seraient dramatiques.

De plus, les inondations qui ont ravagé le Yorkshire souligne que les mesures d’adaptation doivent protéger la population de tempêtes plus fortes que dans le passé.

Sur tous ces points, La Réunion accuse désormais un retard énorme du fait du chantier de la route en mer. Pour le moment, plusieurs centaines de millions d’euros ont déjà été dépensés sous forme de transport de galets notamment. Le passage d’un cyclone très intense pourrait tout détruire. Qui paiera ?

M.M.

légende

L’an dernier, le passage au large d’une tempête tropicale avait fait d’importants dégâts.

Sur cette carte, les points verts, bleus et jaunes représentent les catastrophes importantes liées à la météo.

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